Exposition précoce aux écrans et téléphones portables. Un véritable problème de santé publique

Qu’est-ce que ça coûte d’être branché ou absorbé par son écran de téléphone portable ou d’un smartphone ? Qu'en est le prix ? Souvent une personne qui utilise abusivement son téléphone parvient à oublier tout l’environnement. Un grave problème de santé publique se développe considérablement aujourd’hui en Algérie d’autant qu’il prend des proportions alarmantes que ce soit en famille, en société, en milieu scolaire, en lieu de travail ou de réunion décisive et dans la rue. Pas la peine d’y échapper ni de s’y dissocier, les téléphones portables qu’ils soient petits ou micro géants ont visiblement conquis le cerveau humain. Les adolescents accros ne savent plus vivre sans écrans de téléphones mobiles. C’est le fléau des nouvelles générations. Si les jeunes passent entre cinq à huit heures par jour devant leur écran, l’addition est parfois multipliée par deux pour les fonctionnaires qui n’arrivent plus à s’en passer. Il arrive qu’en vacances ou en congé, un jeune ou adulte ne se donne plus le temps nécessaire au repos cérébral allant jusqu’à se priver du sommeil nocturne dont la suppression est pourtant déconseillée voire mortelle à la longue et avec l'âge selon les médecins. Et c’est devenu pire qu’avec un écran PC ou écran TV ! Décriant ce nouveau fléau, le chef de service à l’EHS de Cheraga (Alger), le pédopsychiatre, le professeur Madjid Tabti, tire la sonnette d’alarme. Il considère d’emblée que «l’addiction au téléphone constitue un véritable problème de santé publique et un phénomène qui prend une ampleur sans précédent chez les enfants», révélant que «deux-tiers des enfants ont des problèmes d’addiction, avec une moyenne quotidienne de cinq à huit heures d’exposition devant les écrans». Lors de son passage à l’émission «l’invité du jour» de la chaîne 3 de la Radio algérienne, Tabti a qualifié ce phénomène d’«exposition précoce aux écrans». «Ce qui est dangereux, c’est le temps que passent les enfants et les adolescents devant les écrans et les contenus qu’ils consultent quotidiennement». Cette association entre le temps creux passé devant son écran de téléphone portable et la durée du repos cérébral nécessaire est d’autant plus pertinente que les études déconseillent l’utilisation de ces accessoires avant le sommeil car ils le perturbent. De plus, l’exposition de trop à la couleur bleue des écrans de téléphones peut parfois être sujet de manque de production de la mélatonine, une substance essentielle pour réguler le cycle veille -sommeil chez la personne. Le maintien de l’activité mentale par l’utilisation exagérée de la lecture des contenus des réseaux sociaux et des messages augmente l’état d’éveil du cerveau et le rend pratiquement hyperactif. Et ce sont surtout les enfants qui en payent le prix. Donc, aux yeux de l’intervenant, « cette exposition permanente a un impact direct sur la santé mentale et physique des enfants», citant l’exemple des vacances d’été où les enfants passent davantage de temps devant les écrans pour combler leurs journées ». «Aujourd’hui, la famille algérienne achète la paix en voyant les enfants scotchés aux téléphones ou encore aux tablettes. Nous vivons une situation particulière à l’instar de plusieurs pays du monde avec ces mutations sociales et culturelles que nous subissons. Nous ne sommes plus dans cette famille algérienne généreuse et protectrice où l’enfant baigne dans un milieu collectif. Nous sommes dans une société nucléaire, notamment avec les couples qui travaillent, où la seule solution pour acheter cette paix était d’offrir un Smartphone à leurs enfants», déplore Tabti, qui souligne qu’«offrir un Smartphone à un enfant de moins de six ans est extrêmement dangereux». Aux yeux du Dr. Tabti, «les parents ne se rendent même pas compte du phénomène. C’est une fois que les problèmes surgissent que les parents recourent aux consultations. Ils ne viennent pas consulter pour un problème d’addiction», citant notamment les tentatives de suicide, l’anxiété générée ou encore des insomnies et une rupture du comportement. Selon l’invité de la Radio algérienne, «ce sont beaucoup plus les conséquences de l’impact qui poussent les parents à consulter, notamment la violence générée par les contenus déclinés sur les réseaux sociaux ou encore les échecs scolaires. Or, les parents doivent systématiquement consulter dès les premiers signes et ne pas attendre les conséquences souvent fâcheuses».


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