Nous avons vu de belles images de réhabilitation et d’embellissement de la frange maritime des Sablettes, et tous les habitants de Mostaganem ont beaucoup apprécié, à raison. Mais Mostaganem n’est pas que Sablettes ou Salamandre. Portons notre regard au cœur de la ville: Affligeante est cette vision surréaliste d’une ville dévastée par le laisser-aller, ravagée par les bulldozers et par l’inaction outrageusement prolongée des responsables qui se sont succédés. La cité est meurtrie : ancienne daïra, Sid El Mejdoub, Tigditt, Derb, Tobana, Couchant-ville, Plateau la marine... où les vieilles constructions tombent en ruine et où toutes les rues sont éventrées, immeuble le colisée, sans parler du patrimoine immobilier historique sur lequel il est vain de revenir, tant il a fait couler beaucoup d’encre sans qu’aucune solution concrète et durable n’ait été apportée. Rien n’a échappé aux folies destructrices de ceux qui nous promettaient la main dans le cœur, qu’ils allaient redonner son lustre à une ville martyrisée sous le long règne d’une incurie dissimulée dans un discours populiste et mensonger. Les démonstrations fantaisistes à coups de dessins, de belles maquettes en 3D et sans lendemain ont été servis à profusion pour épater la galerie et berner le peuple : réhabilitation des quartiers détruits, réaménagement du cours de Aïn Sefra avec des espaces verts, des aires de repos, des pistes cyclistes et autres histoires futuristes. On ne sait plus où en est déjà ce mirobolant projet après avoir englouti des sommes gigantesques sans résultats visibles. Tout n’a été que promesses creuses, parce que destinées seulement à recueillir l’adhésion des citoyens non pas à un programme réalisable tel que présenté, mais en réalité à un soutien au statu quo interminable. Le quartier du derb a été démoli au milieu des années 80 et ni les autorités locales, ni les élus, qui ont défilé à la tête de la wilaya et de la municipalité, ne se sont souciés manifestement de son devenir 40 ans après, rien moins que cela ! Toute une ère où l’on avait l’occasion de montrer ce que signifiait prendre le taureau par les cornes. Comment peut-on être aussi peu regardant envers l’histoire séculaire, de ce qui fut jusqu’à cette époque fatidique le cœur battant de toute une ville ? Comment peut-on rester insensible à l’image de désolation qu’offre aujourd’hui le site de Sidi Mejdoub, 6 ans après avoir été complètement rasé contre des promesses (encore) de reconversion en station balnéaire moderne, avec toutes les commodités nécessaires à la relance d’une activité touristique fructueuse économiquement pour toute la collectivité ? Les pouvoirs publics ont largement démontré leur impuissance à apporter des solutions à ces désastres. Ils ont été prompts et habiles dans l’œuvre grandiose de destruction. La reconstruction s’en trouve être une autre histoire pour eux, elle dépasse de toute évidence leurs capacités, tant managériales que financières. Alors il faut laisser l’initiative privée prendre le relais et sauver la situation, comme cela se fait partout dans le monde où l’immobilisme n’a pas de place parce qu’il est considéré comme suicidaire. Débarrassons-nous des complexes et des préjugés et étouffons les entêtements idéologiques paralysants, empêchant toute tentative de surmonter les obstacles en front commun, il y va du bien de tous et de la communauté.
Mostaganem. Une Cité meurtrie dévastée par le laisser-aller
- par D. Benani
- Le 25 Juin 2025
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