Envahis par toutes sortes d’occupants. Les trottoirs pris en otage
Par Y. Zahachi
Dans une ville qui tutoie aujourd’hui une démographie galopante, la quiétude des piétons à Mostaganem semble de plus en plus reléguée au second plan. À mesure que les trottoirs se rétrécissent, envahis par toutes sortes d’occupants illégitimes, l’espace public se transforme en champ de bataille urbain. La marche à pied, pourtant vecteur de vie citadine, devient un parcours d’obstacles. En effet, il est des citoyens qui estiment, avec pertinence, qu’au train où va cet abandon, l’espace piéton a pris l’allure d’un espace en voie de disparition. Qu’il s’agisse de vendeurs ambulants opérant en toute illégalité, de commerces s’étendant au-delà de leurs limites, de scooters stationnés en désordre ou de véhicules grimpant carrément sur les trottoirs, la situation frôle l’anarchie. La voie publique, censée garantir la mobilité et la sécurité des passants, est défigurée par une occupation sauvage devenue, avec le temps, une norme tolérée. Les interventions sporadiques des services de sécurité, sous forme de descentes policières, peinent à enrayer le phénomène. Les petits commerçants illégaux jouent au jeu du chat et de la souris, profitant d’un vide de gouvernance urbaine et d’un laxisme qui inquiète les riverains. En somme, c’est un quotidien intenable pour les usagers vulnérables, qu’ils soient résidents, travailleurs, écoliers, personnes âgées ou handicapées, parents avec enfants en poussette… Tous doivent désormais composer avec des trottoirs transformés en zones de non-droit. Les piétons, contraints de descendre sur la chaussée, s’exposent à des risques accrus d’accident dans une circulation déjà difficile à maîtriser. Mostaganem, ville au riche passé résidentiel et balnéaire, voit ainsi son image sérieusement écornée. L’absence de signalisation claire, la dégradation avancée du mobilier urbain et l’absence de pistes piétonnes accessibles aggravent le désordre ambiant. À l’heure où les villes du monde entier s’efforcent de promouvoir une mobilité douce et durable, Mostaganem semble faire machine arrière tout en oubliant de faire la promotion d’un tourisme urbain superbement ignoré. Face à cette situation alarmante, la population attend une réponse ferme et durable des autorités locales. La mairie, les services d’urbanisme, la police générale ainsi que la police de l’urbanisme et de l’environnement, en collaboration avec les diverses associations concernées, doivent coordonner leurs efforts pour restaurer l’ordre public, redéfinir l’usage des trottoirs et, surtout, rendre la ville à ses piétons. La lutte contre l’occupation illégale de l’espace public doit devenir une priorité dans les politiques locales. Il y va non seulement du respect des lois, mais aussi de la dignité des citoyens, de la sécurité des plus fragiles, et de la qualité de vie urbaine. Pour Mostaganem, l’heure n’est plus à l’attentisme : il est temps de marcher dans le bon sens.
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Les zaouïas et les cheikhs. Un engagement patriotique durant la Guerre de Libération
Par H. Med Soltane
L’histoire de la Guerre de Libération nationale de l’Algérie est faite d’héroïsme, de sacrifices, mais aussi d’engagements discrets, souvent négligés dans les récits officiels. Parmi ces acteurs de l’ombre figurent les zaouïas et les cheikhs de Mostaganem, dont la contribution à la cause nationale fut déterminante. Par leur ancrage spirituel, leur proximité avec le peuple, et leur sens aigu de la justice, ils ont joué un rôle essentiel dans le soutien logistique, le renseignement et la mobilisation morale en faveur de l’indépendance. Certaines figures emblématiques comme Cheikh Si Kheir Eddine, tombé au combat en 1957, où Cheikh Belahouel de la zaouïa El Qadiriya, Cheikh Mohammed ben Ali al-Senoussi de la Zaouia Sanoussya illustrent la force de cet engagement. Il est temps de leur rendre hommage et de faire connaître leur rôle dans l’histoire de Mostaganem et de l’Algérie. Mostaganem est depuis des siècles un foyer vivant du soufisme et de l’enseignement islamique traditionnel. Les zaouïas de la région, telles que la zaouïa El Qadiriya, la zaouïa de Betekouk, Cheikh Mohammed ben Ali al-Senoussi, la zaouïa Sidi Hamou Cheikh, ont été bien plus que des lieux de culte : elles représentaient des pôles d’influence sociale, de transmission du savoir, et de cohésion communautaire. En temps de guerre, elles ont su transformer cette influence en levier de résistance. Parmi les cheikhs les plus marquants de cette époque, Cheikh Si Kheir Eddine, engagé activement aux côtés des combattants, est tombé en martyr en 1957. Son sacrifice a été reconnu par la République, qui a donné son nom à une daïra de la wilaya de Mostaganem. À ses côtés, Cheikh Belahouel, pilier de la zaouïa El Qadiriya, a apporté un soutien moral et matériel aux moudjahidine, tout en maintenant vivante la flamme spirituelle du peuple. Les cheikhs de Betekouk et de Sidi Hamou Cheikh et cheikh Cheikh Mohammed ben Ali al-Senoussi ont également joué un rôle essentiel dans la transmission de messages, l’organisation de la solidarité et la protection des combattants. Renseignement, refuge et dons : une aide multiforme. Grâce à leur réseau de fidèles et leur connaissance fine du territoire, ces cheikhs ont pu transmettre des informations sensibles sur les mouvements ennemis, tout en veillant à la sécurité des militants. Les zaouïas, souvent épargnées par les inspections coloniales, ont servi de cachettes pour les armes, de refuges pour les blessés, et de points de relais pour les communications entre cellules du FLN. De plus, les appels aux dons lancés dans les prêches ont permis de collecter des ressources précieuses (vivres, vêtements, argent) au profit de la Révolution. Une résistance morale et culturelle : Au-delà du soutien logistique, les cheikhs ont joué un rôle fondamental dans l’éveil des consciences populaires. Par leurs discours imprégnés de foi, de dignité et de justice, ils ont consolidé la légitimité du combat pour l’indépendance. Ils ont rappelé que la colonisation n’était pas seulement une occupation politique, mais aussi une tentative d’éradication culturelle et spirituelle. Leur message a nourri le sentiment d’identité, de responsabilité collective et de devoir sacré. Une mémoire à préserver : Si la majorité des cheikhs ont soutenu la cause nationale, l’histoire doit aussi reconnaître les divergences, les prudences, voire les ambiguïtés de certains. La colonisation a parfois tenté de manipuler des figures religieuses pour affaiblir le front intérieur. Mais cela ne diminue en rien le mérite et le courage de ceux qui ont pris position, au péril de leur vie et de leur zaouïa. Il est aujourd’hui de notre devoir de préserver cette mémoire, de l’enseigner aux jeunes générations, et de valoriser le rôle de la spiritualité dans les luttes de libération. La participation des cheikhs et des zaouïas de Mostaganem à la Guerre de Libération constitue un patrimoine immatériel riche de sens. Leur engagement silencieux, leur sagesse et leur courage ont contribué à renforcer le tissu de résistance face à l’oppresseur. Ce combat mené dans les mosquées, les zaouïas, les champs, et les cœurs, complète le récit national d’une Algérie libérée par toutes ses forces vives, spirituelles autant que militaires. En honorant des figures comme Cheikh Si Kheireddine, Cheikh Belahouel, cheikh Cheikh Mohammed ben Ali al-Senoussi ou les maîtres soufis des zaouïas de Betekouk et Sidi Hamou Cheikh, nous reconnaissons que l’âme de Mostaganem a toujours battu au rythme de la liberté et de la dignité.
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Un lieu très riche en événements. La vieille ville de Tigditt
Par Y.Benguettat
(1ère Partie)
Avant de donner une description de Tigditt à Mostaganem, il y a lieu de revoir son historique. Avec les quelques bribes de documents dont nous disposons, nous allons découvrir ce lieu très riche en événements. Une première question qui se pose d’elle-même, c’est le nom de Tidjditt, qui serait un nom berbère qui veut dire "le outed" la pièce centrale en bois de forme circulaire qui sert à maintenir la tente. Marcel Bodin dans son livre «tradition indigènes sur Mostaganem page 65 » dit: "Tidjditt ville jumelle plutôt que simple quartier de Mostaganem" considérée par le colonisateur français, la ville arabe. C’est toute la partie de l’autre rive de l’Oued Aïn Sefra au Nord Est vers le Dahra. Il faut dire aussi que toute cette partie était vulnérable sur le plan militaire en cas d’attaque et ce n’était pas une place stratégique. C’est de cet endroit que les tribus arabes ont mené des attaques contre les positions turques et françaises armées de canons qui se trouvaient en face sur l’autre rive du quartier de Tobana. Pour notre part, elle est le prolongement de la ville qui se composait de Tobana Derb el Houd (Qaria) et Matemore. Un bref retour sur l’histoire s’impose pour savoir et comprendre pourquoi le colonisateur Français appelait Tidjditt le quartier Arabe. Nous avons retenu une date de référence : le 17 Août 1831.C’est au courant de l’année 1832 Le Turc Caïd Ibrahim qui a commandé la place bombarda Tidjditt. (Voir le livre du général E.Vernaz page 12 en annexe). A partir de cette date Tidjditt est devenu un champ de ruines. Sur la base d’une carte de l’état-major militaire datée de 1840, nous avons cette inscription : ruines de Tidjditt. (Voir carte en annexe). Le tissu urbain qui existait à cette époque a disparu laissant quelques vestiges qui ont été absorbés par des nouvelles constructions. S'ajoutant à ce désastre. La ville de Mostaganem resta sous le commandement Turc de 1830 à 1833 avec le plein accord de l’occupant français. Peu de temps après la prise d’Oran le 17 Août 1831 par les Français le Caïd Ibrahim qui commandait la garnison de Mostaganem fit sa soumission. À la suite du soulèvement des tribus Arabes : le Caïd Ibrahim fit détruire Tidjditt par le bombardement en 1832. À partir de cette date, Tidjditt est devenu un champ de ruines. Le tissu urbain qui existait à cette époque a disparu laissant quelques vestiges qui ont été absorbés par des nouvelles constructions. Histoire de Mostaganem et de Mazagran. Par J. Rufer chapitre VI La dernière période de la domination Turc et l’arrivée des troupes françaises. C’est la présence de l’Emir Abdelkader qui a précipité l’occupation de Mostaganem par les français. (2). Livre Le vieux Mostaganem E. Vernaz. Pages 12/13. Le 23 Avril 1833, le général Desmichels était arrivé à Oran et avait pris le commandement supérieur des troupes de cette place. Il décida aussitôt d’occuper la ville de Mostaganem. Les prétentions croissantes d’Abdelkader, dit le général, et les intentions perfides des Turcs de Mostaganem, rendaient urgente une expédition contre cette ville. Il n’y avait pas un instant à perdre pour prévenir la défection dont nous étions menacés et empêcher que cette ville si importante par la proximité des tribus les plus riches et les plus populeuses qui y tenaient leur principal marché, ne tombât au pouvoir d’Abdelkader. Le 23 Juillet 1833, 6 bâtiments de commerce, escortés par la frégate La Victoire, sortirent du port de Mers El Kebir. Occupation de Mostaganem par les Français le 28 Juillet 1833 par le Général Desmichels commandant la division d’Oran. S'ajoutant à ce désastre. Les français sont entrés à Mostaganem le 28 Juillet 1833. Depuis cette deuxième date, Mostaganem (Tobana, Derb (Qria) et Derb el Houd, Matemore) y compris Tidjditt ont été totalement transformés. Un drame sans pareil s’est produit lors de cette occupation par les français après le 28 Juillet 1833. Raconté : dans le journal daté du vendredi 24 avril 1914 L'AÏN SEFRA. Pour titre LOUIS THIREAU. MOSTAGANEM ET SES ENVIRONS. Voici ce qu’il dit : Depuis que la main-d'œuvre française est passée par là, cette belle vallée n’est plus qu’un vaste champ de culture ordinaire. On a démoli les villas et abattu les arbres, supprimant ainsi tout ce qu’il y avait de beau et agréable, pour n’entrevoir qu’une augmentation dans la production d’un sol très riche et très fertile. (A suivre...).