Il s’agit d’une gravissime affaire impliquant aussi bien des bijoutiers que de prétendus richissimes, jusque là, tapis dans l’ombre mais qui n’ont pas pour autant réussi à échapper à la justice et à rendre des comptes. L’enquête diligentée par les éléments de la Sûreté nationale avait, rappelons-le, permis d’intercepter 136 kg d’or et 180 kg d’argent et le gel de tous les avoirs et des comptes bancaires des prévenus d’un équivalent de 1.100 milliards. Les facettes du trafic sont diverses et vont de l’évasion fiscale, de trafic illicite, de dissimulation, corruption, ventes fictives et activités fantoches. Il s’agit a priori du plus grand scandale de trafic illicite d’or en Algérie. Une affaire qui a fait beaucoup de bruits, au vu de l’importance de la quantité d’or saisie et des volumes des montants dissimulés des transactions illicites, résultant de ce trafic. L’affaire rebondit donc avec pas moins de 83 accusés dont 22 en détention qui devront comparaître devant la Cour d’Algérie. Impliqués dans une lourde affaire de «commerce d’or», ils devront désormais répondre des chefs d’accusation qui pèsent sur eux. L’audience aura lieu le 2 juillet prochain, après son report. Ces individus, parmi lesquels figurent des grossistes et des importateurs, sont soupçonnés d’appartenir à un groupe criminel organisé. Ils auraient exploité les facilités offertes par leur activité professionnelle fictive de vente en gros de bijoux, causant ainsi des pertes de plusieurs milliards au Trésor public. Leur activité frauduleuse leur vaut de graves accusations notamment de fraude fiscale, de blanchiment d’argent en bande organisée transfrontalière, de falsification de documents commerciaux et bancaires, de pratiques commerciales frauduleuses et de violation de la réglementation des changes. Une affaire qui met en toile l’étendue du scandale d’or et des allégations de corruption à grande échelle en Algérie et pas seulement chez des particuliers. Une affaire qui n’est pas sans rappeler une affaire antérieure traitée de l’ère du président déchu et les aveux d’un ex-Premier ministre sur des lingots d’or offerts par des monarchies du Golfe et revendus sur le marché noir. C’est dire que le marché illicite d’or représente en Algérie comme une cause d’un enrichissement sans cause et ni gêne, d’ailleurs pour certains opportunistes avides de gain facile. Il est vrai que l’ampleur de cette affaire met en lumière les défis de la lutte contre la corruption en Algérie mais les enquêteurs disposaient de toute la latitude et du temps nécessaire afin de remonter le puzzle. Le tribunal du pôle pénal économique et financier de Sidi M’hamed avait déjà eu à prononcer des condamnations contre les impliqués dans cette affaire. Le 15 janvier dernier, rappelons-le, des peines allant de 01 à 20 ans de prison ferme, assorties de la confiscation des biens, propriétés et avoirs financiers, ont été prononcées. Parmi les principaux condamnés figurent K.S (12 ans de prison ferme et 08 millions de dinars d’amende), B. A, gérant d'une société (10 ans de prison ferme et 08 millions de dinars d’amende) et T.O, actuellement en fuite (20 ans de prison ferme et plus de 314 millions de dinars d’amende). D'autres sociétés impliquées ont également été condamnées à de lourdes amendes. Certains accusés, comme le gérant B.R, ont bénéficié d’un acquittement. Cette affaire souligne l’importance de la justice dans la lutte contre la criminalité économique. Une autre affaire, celle connue sous le nom d'«El Bouchi» qui a défrayé la chronique, sera bientôt devant les juges. Sept ans après la saisie record de 701 kilos de cocaïne au port d’Oran, le tribunal correctionnel de Dar El-Beïda s’apprête à juger six personnes dans cette affaire. Au cœur de ce procès se trouve Kamel Chikhi, un influent promoteur immobilier algérois, reconverti dans l’importation de viande. Les accusés, incluant les deux frères de Chikhi, sont poursuivis pour gestion d’un groupe criminel transnational et blanchiment d’argent. La drogue, d’une pureté de 85%, était dissimulée dans une cargaison de viande en provenance du Brésil. L’enquête a révélé des irrégularités dans les documents d’importation, le conteneur incriminé n’étant pas répertorié dans les registres officiels. Cette saisie, la plus importante d’Algérie depuis 2012, marque un tournant dans la lutte contre le trafic de drogue dans le pays. Deux entreprises, spécialisées dans l’importation de viande, sont également impliquées dans cette affaire. Leur rôle présumé dans ce vaste réseau de trafic de cocaïne soulève des questions sur la réglementation et le contrôle des importations en Algérie. L’issue de ce procès est attendue avec impatience, car elle pourrait avoir des répercussions importantes sur la lutte contre la criminalité organisée et le blanchiment d’argent en Algérie.
Le scandale de 1.100 milliards d'or devant la justice. 83 accusés à la barre
- par B.kamel
- Le 20 Juin 2025
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