Pour le professeur et consultant en questions énergétiques, M. Mourad Preur, la guerre déclenchée par l’entité sioniste contre l’Iran, le 13 juin dernier, donne nécessairement lieu à des configurations inédites des marchés pétroliers et gaziers, impactant fortement l'économie mondiale. Selon l’invité du jour de la Radio Algérienne, les prix du baril pourraient ainsi atteindre les 90 dollars sous l’effet d’une réduction de l’offre estimée à 10% à 20%. « On rentre dans l’hypothèse d’un enchaînement chaotique et rien n’interdit que les prix atteignent les 200 dollars », a-t-il affirmé. Le professeur souligne qu’il ne faut pas oublier que « le plus grand gisement du monde qui se trouve en Arabie Saoudite, Ghawar en l’occurrence, avec ses installations portuaires, est en ce moment survolé par des missiles, d’un côté comme de l’autre (…) et cet épisode est tout à fait inédit », a-t-il poursuivi. Il rappelle, dans le même sillage, que ce sont pas moins de 20 millions de barils par jour, soit 20% des quantités pétrolières, dont une grande partie vont vers l'Asie, qui passent par le détroit d’Ormuz sur lequel l’Iran dispose d’une influence stratégique. Il a considéré que ce qui donne pour le moment un peu de résistance aux marchés, c’est bien cette capacité de 2,5 millions de baril/jour non encore utilisés de l’OPEC+. On rapporte aussi que les cours du pétrole ont été en hausse mardi, le marché ayant pris le départ prématuré du Sommet du G7 de Donald Trump comme un facteur d'incertitude supplémentaire autour du conflit entre Israël et l'Iran et de ses répercussions sur l'or noir. Vers 09H45 GMT, le prix du baril de Brent, pour livraison en août, prenait 1,65% à 74,44 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, pour livraison en juillet, gagnait 1,55% à 72,88 dollars. Donald Trump a quitté prématurément le Sommet du G7 au Canada, assurant sans autre explication que son départ n'avait "rien à voir" avec des efforts en vue d'un cessez-le-feu au Moyen-Orient. Néanmoins, "les stocks de pétrole augmentent" et l'offre de pétrole iranien "n'a pas été affectée par le conflit" pour l'instant, c'est pourquoi la hausse du prix du pétrole pourrait être limitée, selon Kathleen Brooks, analyste chez XTB. De plus, l'Organisation des pays exportateurs et ses alliés (OPEP+) augmente fortement leurs quotas de production depuis le mois d'avril. Et "le Kazakhstan a déclaré ce matin qu'il soutenait le plan saoudien, visant à augmenter la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+)", soulignent les analystes de DNB Carnegie, laissant penser qu'une nouvelle hausse des quotas de 411.000 barils quotidiens est possible pour le mois d'août. Par ailleurs, la demande mondiale de pétrole atteindra un pic d'ici la fin de la décennie, a indiqué, ce mardi, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans un rapport. L'Agence de l'énergie de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime que la demande mondiale d'or noir atteindra un pic d'ici la fin de la décennie, selon de nouvelles prévisions, confirmant de précédentes projections publiées en 2023. La consommation mondiale de pétrole devrait, par contre, connaître «une légère baisse» en 2030, après avoir atteint un plus haut niveau l'année précédente, à environ 105,5 millions de barils par jour. Malgré le climato-scepticisme ambiant et l'appel du président américain, Donald Trump, à «forer à tout va», «un pic de la demande mondiale de pétrole est toujours à l'horizon», a assuré l'AIE. Si, pour l'heure, l'agression de l'entité sioniste contre l'Iran attire l'attention sur les risques immédiats en matière de sécurité énergétique, «les nouvelles perspectives à moyen terme de l'AIE prévoient que l'offre mondiale de pétrole augmentera bien plus rapidement que la demande dans les années à venir», affirme le rapport. La demande mondiale de pétrole augmentera de 2,5 millions de barils par jour (mb/j) entre 2024 et 2030, jusqu'à atteindre un plateau «autour de 105,5 mb/j d'ici la fin de la décennie». Mais «la croissance annuelle ralentit», passant d'environ 700.000 barils par jour en 2025 et 2026 «à une séance marginale au cours des années suivantes, avec une légère baisse attendue en 2030», indique l'AIE, sur la base des politiques actuelles et des tendances du marché. Selon l'agence, la fin de l'ère du pétrole se dessine sous l'effet d'«une croissance économique en dessous de la tendance, freinée par les tensions commerciales mondiales et les déséquilibres budgétaires» mais aussi sous l'effet de «l'accélération de la substitution au pétrole dans les secteurs des transports», avec l'essor de la voiture électrique et de la production d'énergie. Ce lundi, l'Opep a estimé que la demande mondiale de pétrole augmenterait de 1,3 million de barils par jour en 2025 comme en 2026.
Synthèse de B. L.