Le Carrefour de Mostaganem

Aid El-Adha. Une fête respectueuse de l’environnement

Par Y. Zahachi

289436-090625Alors que les célébrations de l’Aïd El-Adha sont souvent accompagnées de défis environnementaux majeurs, la ville de Mostaganem s’est illustrée cette année par une initiative d’envergure, alliant rigueur organisationnelle et engagement citoyen. À l’origine de cette opération exemplaire : l’entreprise locale «Mosta-Propre», qui a mis en œuvre un dispositif de gestion écologique des déchets liés aux sacrifices rituels. Consciente des enjeux sanitaires que pose l’accumulation rapide de résidus organiques durant cette période, l’EPIC «Mosta-Propre» a matérialisé une réponse sanitaire à la hauteur de l’événement à travers le déploiement, dès les premières heures de la fête, des équipes mobiles spécialement formées. Dotées de produits désinfectants, de stérilisants et de matériaux de traitement des sols tels que le sel, ces équipes ont œuvré à la limitation des nuisances olfactives et de la prolifération d’insectes. L’objectif : préserver un cadre de vie sain et salubre pour l’ensemble des citoyens, en dépit d’une activité urbaine fortement accrue. Une participation citoyenne intégrée au dispositif a été notée puisque, outre l’aspect logistique, l’opération s’est distinguée par l’intégration active de la population. Un système de signalement des zones critiques – appelées «points noirs» – a été mis en place, permettant aux riverains d’alerter en temps réel les services de nettoyage. Ce dispositif interactif a renforcé l’efficacité des interventions, tout en responsabilisant les habitants quant à l’entretien de leur environnement. Par une volonté d’ancrer une culture environnementale, au-delà de l’action ponctuelle, «Mosta-Propre» inscrit son intervention dans une démarche à long terme. «Il s’agit de faire de la propreté une valeur partagée, en particulier lors des temps forts du calendrier religieux». L’objectif est clair : transformer les comportements, instituer des réflexes écologiques et faire de la conscience environnementale un pilier du vivre-ensemble. Cette initiative saluée et appelée à faire école en ce sens que l’action de «Mosta-Propre» dépasse les frontières locales. Elle offre un exemple concret de gestion participative et durable des enjeux urbains, à un moment où de nombreuses collectivités peinent encore à répondre efficacement à l’afflux de déchets lors des grandes fêtes. Elle illustre surtout une conviction : la protection de l’environnement n’est pas l’affaire d’une seule institution, mais bien une responsabilité collective, partagée entre les autorités locales, les associations et les citoyens. Mostaganem a ainsi prouvé qu’une fête religieuse majeure peut aussi être l’occasion de renforcer le lien social, tout en consolidant les fondements d’une citoyenneté écologique active.

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Crèches. Une équation à plusieurs inconnus

Par L. Abdelmadjid

701375-090625L’éducation des enfants n’a jamais été une banalité ni en Algérie ni ailleurs dans le monde, surtout quand il s’agit d’enfants en bas âge. Les premiers établissements à accueillir des enfants, avant leur scolarité, doivent avoir d’abord un projet pédagogique défini par un cahier de charge. La prise en charge d’enfants en bas âge est une affaire sérieuse. A Mostaganem et au vu de la demande croissante des parents travailleurs, des maternelles, des jardins d’enfants, des garderies et des crèches ont poussé comme des champignons. Ces appellations données à ces établissements doivent répondre à un statut et à des normes pour lesquelles on délivre un agrément qui autorise leur mise en fonction. La demande a augmenté et l’attribution des autorisations à Mostaganem est une fiche à revoir. De ce fait, aujourd’hui des tas de questionnements sont posés sur les modalités d’attribution d’un agrément. Afin de mettre toute la lumière sur ce sujet, notre correspondant s’est approché de quelques parents d’enfants. Une jeune mère a mis le doigt sur ceux qui gèrent ce genre d’établissement. Elle a dit qu’il est regrettable de constater que des agréments sont délivrés à des personnes qui n’ont aucune compétence, ni éducative, ni pédagogique, ni psychopédagogique pour s’occuper de l’éducation d’enfants. Un retraité de l'Éducation nationale a affirmé qu’il y a certains établissements où les enfants en surcharge sont entassés sur un espace exigu, souffrant du chahut occasionné par des sujets stressés et scotchés, à longueur de journée, devant des écrans de télévision. Un fonctionnaire de la poste nous a parlé des éducateurs et a assuré que dans certaines garderies, ce sont les femmes de ménage qui se chargent des enfants. Selon lui, les propriétaires de certains établissements évitent de recruter de vrais éducateurs car ils évitent par la même occasion d’épargner des salaires corrects et les conséquences sont connues à Mostaganem, nous dira une enseignante qui ne s’explique pas pourquoi ces établissements qui sont censés avoir des programmes aux normes et conformes au cahier de charge, échappent à tous les contrôles. La menace est là, poursuit la dame, elle est réelle. Selon elle, on ne peut bricoler avec l’éducation des enfants même s’il y a quelques établissements qui respectent les normes éducatives. Enfin, un avocat s’est exprimé sur certains gérants de crèche et a assuré qu’ils n’ont rien à voir avec l’éducation, n’ayant ni diplômes, ni compétences pour. Selon lui, il ne s’agit pas de garder pour garder, l’éducation d’enfants en bas âge est extrêmement délicate et ne pas avoir des compétences dans le domaine accentue la menace sur les gamins. Un commerçant nous a affirmé que c’est une honte d’attribuer des crèches à des gérants dont la moralité et les mœurs sont malpropres. Il dira que cela existe à Mostaganem mais à défaut d’enquête de moralité, on jette les enfants en pâture aux opportunistes. Mostaganem doit revoir la fiche des crèches et des garderies.

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Guerre de libération. Le rôle pivot du fellah

Par Med Soltane (Suite)

A Mostaganem, ces paysans, profondément enracinés dans leur terre, témoignent d'une sagesse paysanne et d'un attachement viscéral à la nature. Mais pas que, car les fellahs étaient un soutien à la cause qui consistait à lutter contre l’oppression du colonialisme français. Le fellah, cet homme des montagnes, a joué un rôle capital dans la Révolution algérienne en particulier dans la logistique et le soutien aux Moudjahidine. Son apport, bien que souvent discret et sans armes, fut fondamental et héroïque. Ce paysan conscient de son avenir, fournissait aux maquisards du blé, du lait, des légumes, du pain, des œufs, du couscous, souvent au prix de privations personnelles. Il offrait des abris secrets, des grottes, ou des chambres dissimulées dans ses modestes maisons. Il utilisait ses bêtes de somme (ânes, mulets) pour acheminer armes, courriers ou médicaments, souvent sous le nez de l’armée coloniale. Le fellah connaissait parfaitement la montagne, les sentiers, les pistes, les cachettes, c’était un guide irremplaçable. Il signalait les mouvements de l’armée française, les barrages, les opérations de ratissage, et aidait à la dispersion rapide des unités du FLN. Sans lui, les Moudjahidine n’auraient pas survécu longtemps dans les montagnes. Il assurait une sécurité alimentaire de base, souvent en partageant le peu qu’il avait. La solidarité paysanne s’étendait de tribu en tribu pour s’exprimer de façon quasi-sacrée autour de la cause de la libération. C’est ainsi qu’en raison de son soutien indéfectible, le fellah a payé un lourd tribut : villages incendiés, récoltes brûlées, cheptel abattu, déportations dans les camps de regroupement, une forme de déplacement forcé appliquée en masse, tortures, exécutions sommaires, humiliations, femmes violées, enfants affamés, familles disloquées. Un engagement souvent silencieux, mais immense. Le fellah n’attendait ni reconnaissance ni médaille, il agissait par patriotisme, par amour du pays, souvent influencé par les valeurs ancestrales et la foi profonde. Son combat était celui de la terre, de la dignité, de la justice. Le fellah algérien des montagnes fut l’épine dorsale de la résistance rurale. Il ne portait pas toujours un fusil, mais portait la Révolution sur ses épaules. Son sacrifice, son endurance, son silence même, sont une part inestimable de la victoire contre le colonialisme.

 


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