Journée internationale de l’Enfant. Des abus et des droits bafouillés
Par Charef Kassous
A l’instar des autres wilayas et malgré les mesures prises pour interdire le phénomène à Mostaganem, il y a encore des enfants qui sont embauchés clandestinement, çà et là, comme employés dans certains secteurs. Ce fléau semble prendre de l’ampleur car ces bambins sont visibles et exercent une activité au su et au vu de tous. Les causes qui font grossir ce fléau sont multiples, partant de la déscolarisation, la pauvreté, la cupidité de certains parents mais surtout l’inattention de la société sur les périls d’une telle situation. Oui, c’est bien de célébrer la Journée de l’Enfant mais il faut aussi tirer la sonnette d’alarme sur les défaillances de la communauté. Aujourd’hui, aucune structure n’est en mesure de révéler, ce sont les enfants qui font des travaux d’adultes et au noir. Il y a certains secteurs qui, loin de tout contrôle, abusent de l’innocence des mineurs en les exploitant. D’un autre côté, la rue dévoile aussi certains indicateurs, même s’ils ne sont pas officiels, les enfants sont dans la rue pour un travail. La rue accueille donc ceux qui ont interrompu leur scolarité et ceux qui n’ont jamais été inscrits à l’école malgré la rigueur de la loi. La rue expose également des bébés utilisés dans la mendicité comme pratique novatrice. Ces bébés, assurent certaines voix, qu’ils sont loués, à la journée, à leurs parents, par des femmes mendiantes. On les aperçoit, au niveau de certains axes routiers malgré la rigueur du climat, au niveau des ralentisseurs exposant quelques fois des nourrissons et toute une journée durant. Il faut souligner qu’en Algérie, le travail des enfants est rigoureusement réprimé. Théoriquement, oui. L’Etat a pleinement respecté ses engagements en matière de protection des enfants contre toutes pratiques illégales concernant la dignité de l’enfant. La question reste toujours posée. Qui doit empêcher cette tare sociale? Ce phénomène occulté reste très préoccupant. Par exemple, dans le gardiennage de parkings, des enfants font les assistants. Sur les gardiens de parkings, laveurs de voitures… Ces autres enfants, ceux déscolarisés occupent les axes routiers, au niveau des feux tricolores, il y des enfants qui à longueur de journée, lavent des vitres des automobilistes ou vendent des mouchoirs jetables. Ils sont dans les souks, bravant le froid et les dangers, en faisant de la manutention. Au port de pêche, il y a aussi des enfants qui aident à nettoyer les embarcations après une sortie en mer. Dans le secteur de l’agriculture, dans les champs, lors des cueillettes, des enfants sont utilisés comme renfort mais exploités à juste titre. Dans certains fast-food, il y a des mineurs qui, cachés derrière, activent, pour deux sous par journée. Le comble, c’est qu’il y a dans toutes les wilayas, des commissions sectorielles de prévention et de lutte contre le travail des enfants, relevant du ministère du Travail, mais le contrôle reste inexistant. Aujourd’hui, nous manquons de mécanismes de sensibilisation car la contribution de toute la société, en l’occurrence les associations de lutte contre ce phénomène, par les signalements, aiderait à l’éradiquer. Si la rue témoigne de la prolifération de ce phénomène, ce sont les droits de l’enfant qui sont bafoués.
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Mosquée de Sidi Yahia et Pont de l’Alma
Par Y. Benguettat
Nous continuons notre visite, sur un lieu de culte de Mostaganem qui lui aussi est méconnu historiquement. Après La Mosquée du fort Bordj El Mehal, cette fois-ci c’est Mosquée de Sidi Yahia: qui est le sujet de notre série hebdomadaire sur l’histoire de Mostaganem et de ses environs. Avant toute chose, j’attire votre attention du fait qu’il y a eu beaucoup de confusion dans les différents récits concernant cette autre mosquée qui existe encore aujourd’hui en 2025, elle se trouve à proximité du pont de l’Alma et n’a aucun lien avec la Mosquée de Sidi Yahia de la rue Abdellah qui porte le même nom, précédemment cité dans notre publication en date du 06 mai 2025 et 14 mai 2025. C’est une mosquée d’architecture très simple sans ornements particuliers composé d’un rez-de-chaussée et d’un petit minaret. Nous avons deux sources qui nous donnent un aperçu de pistes de recherche à exploiter. Il s’agit du livre Le Vieux Mostaganem d’E. Vernaz qui précise en pages 52. 53, lors de l’occupation de Mostaganem en 1833 que la mosquée de Sidi Yahia a été construite il y a une vingtaine d’années auparavant donc ce qui veut dire que sa construction date de 1813 environ pendant la périodes Turc. On la retrouve aussi avec Marcel Bodin dans son livre Traditions Indigènes sur la ville Mostaganem en page 33. Voici ce qu’il dit: «On n’a pas pu recueillir plus de détails biographiques sur ce deuxième Sidi Yahia que sur le premier». Dans cette mosquée est inhumé un cadi hanéfite de la famille des Ben Alioua, lignée depuis des siècles, de savants et de juristes. Dans la Sabîkat-ol-Ik’îân, Sidi Ben Haoua cite en ces termes l’un deux qu’il a connu: «Et le Hanéfite livré à la pratique assidue de la prière, descendant d’Alioua, savant de grand mérite» (1). Ensuite il cite: Au dire de certains, le cadi hanéfite Ben Alioua, enterré dans la mosquée de Sidi Yahia, aurait été assassiné par un arabe des Bordjia quelques années avant la conquête française. «Ben Alioua, homme de bien et ami de la bonne entente, voulant un jour mettre fin à l’un de ces conflits sanglants, se rendit accompagné du cadi malékite Si M’hammed-ben Abd-il-H’alîm, et de plusieurs notables turcs, en un lieu où est à peu près l’emplacement actuel de la gare, pour y conférer de la paix avec quelques chefs des Bordjia. Au cours de la conférence il fut assassiné par un bordji. Il y a une autre version à peu près similaire. Suivant d’autres, est que le Ben Alioua de Sidi Yahia serait un autre cadi de la même famille. Voilà ce que nous pouvons dire historiquement, sur cette mosquée en gardant jalousement son mystère et qui est encore en activité jusqu’à ce jour en 2025.
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Les fellahs, gardiens des traditions agricoles ancestrales
Par H. Med Soltane
(Partie 01)
Dans les montagnes les plus reculées de l’Algérie, là où le modernisme avance à pas lents, survit un mode de vie ancestral, digne des récits épiques de nos aïeux. Le fellah, modeste paysan enraciné dans sa terre, perpétue des gestes séculaires dans un cycle agricole façonné par l’effort, la solidarité et un profond respect pour la nature. A Mostaganem, ce rituel agricole, bien que rude, témoigne d’une sagesse paysanne et d’un attachement viscéral à la terre nourricière. Dès les premières fraîcheurs de l’automne, le fellah prépare ses terres pour les labours. N’ayant ni tracteur ni engin motorisé, il compte sur sa paire de mulets ou de chevaux, compagnons fidèles et robustes. Le soc de la charrue fend la terre avec lenteur, au rythme régulier des sabots, traçant les sillons profonds qui accueilleront les futures semences de blé et d’orge. Ce labeur, réalisé avec patience et endurance, marque le début d’un cycle de vie étroitement lié aux saisons. Vient ensuite le temps des semailles. À la main, le fellah jette les graines dans les sillons, un geste sûr hérité de ses ancêtres. Aucun calcul technologique, seulement l’intuition et l’observation. La pluie se charge ensuite d’enfouir l’espoir dans la terre. Et des mois plus tard, lorsque le printemps éclot, les champs se parent d’or et de vert: les épis dansent sous le vent. A Mostaganem, de par sa vocation agricole, à maturité, la récolte s’effectue de manière collective. Les gerbes sont coupées à la faucille, puis rassemblées. La logistique de transport repose sur l’âne, infatigable allié de ces contrées accidentées. Les bottes sont chargées sur son dos et acheminées jusqu’à l’aire de battage, souvent un espace plat exposé au vent. Là, une scène ancestrale se reproduit : les épis sont battus, souvent à l’aide de piques en bois ou par piétinement animal, pour séparer les grains de la paille. La paille légère est ensuite projetée à l’aide de fourches, face au vent, qui emporte le foin tandis que le grain, plus lourd, retombe au sol. Cette opération requiert adresse et coordination, mais elle est aussi un moment de cohésion sociale. Le foin, quant à lui, est soigneusement ramassé et empilé. Pour le protéger des intempéries, il est recouvert d’un mortier fait de paille et d’argile, formant une couche isolante contre la pluie et le vent. Mais ce travail harassant n’est jamais solitaire. Il repose sur un esprit communautaire fort, une entraide gratuite qui se transmet de génération en génération. En guise de remerciement, la journée se clôt autour d’un couscous fumant, généreusement garni de légumes du jardin et accompagné de petit-lait frais. Ce repas, simple mais noble, scelle les liens du groupe et rend hommage à la terre nourricière. Ainsi, se perpétue, dans le silence dans les champs de Mostaganem, une tradition paysanne faite d’efforts partagés, de respect pour la nature et de dignité humaine. Le fellah, loin des projecteurs du monde moderne, incarne une sagesse rustique qui mérite d’être connue, respectée et protégée…