Vieux bâti. L’état préoccupant des immeubles
Par Y. Zahachi
Mostaganem, une ville au riche patrimoine architectural, voit aujourd’hui certains de ses joyaux des années trente se dégrader à vue d’œil. Plusieurs de ces bâtiments, construits au début du siècle dernier, sont aujourd’hui dans un état de délabrement avancé. Un laisser-aller généralisé aux conséquences graves car, depuis que les appartements de ces immeubles aient été vendus à leurs occupants par le service des «Biens vacants», la gestion collective a été laissée à l’abandon. La disparition des syndics et des conciergeries a créé un vide organisationnel, entraînant un manque criant d’entretien. Les terrasses, autrefois conçues pour protéger les habitants, sont devenues le théâtre d’usages abusifs: installation de citernes d’eau, d’antennes paraboliques et autres équipements qui compromettent leur étanchéité. Pire encore, l’absence de régulation a permis à certains occupants de procéder à des transformations illégales. Des radiateurs et climatiseurs sont fixés sans précaution, dégageant une chaleur insupportable et fragilisant les structures. Dans certains cas, des commerçants ont entrepris des travaux lourds pour agrandir leurs espaces, mettant en danger la stabilité des bâtiments. Certains estiment qu’il y a là une situation qui menace la sécurité des habitants puisque les résidents de ces immeubles vivent dans l’inquiétude permanente. Les signes de dégradation physique sont visibles et préoccupants: fissures, infiltrations et structures fragilisées par des transformations hasardeuses. Ces conditions posent non seulement un risque pour la sécurité des habitants, mais aussi pour la préservation du patrimoine architectural de Mostaganem. Face à cette situation, les habitants appellent à une intervention urgente des autorités. Il est impératif que la commission d’hygiène et de sécurité de la wilaya de Mostaganem diligente une enquête approfondie pour évaluer les risques encourus. Des mesures doivent être prises pour préserver ces immeubles historiques. La situation des immeubles fragilisés avec le temps n’est pas seulement une question de confort, mais bien une urgence sécuritaire et patrimoniale. Il est bon de rappeler, à l’attention des responsables locaux que des signes inquiétants, de par la menace qu’ils représentent sur la sécurité des résidents de l’immeuble situé au N°49, de l’avenue Mohamed Khemisti, ne sont pas pris en considération comme fut déjà le cas. Un appel d’alerte reste lancé aux autorités compétentes pour agir rapidement, en menant des inspections rigoureuses, puisque certains ont procédé à des transformations d’extension douteuses sur le plan réglementaire et sécuritaire des habitants des immeubles menaçant ruine. Il semblerait en pareils cas que la mise en place de mesures de préservation et de rénovation adaptées n’aient pas pris en compte la sécurité et le bien-être des copropriétaires des lieux ainsi que la sauvegarde du patrimoine, devant être une priorité absolue car, vue de l’intérieur, l’immobilier en question revoie «l’image d’un bidonville à étages». Mostaganem ne peut se permettre de perdre, petit à petit, dans l’indifférence son patrimoine immobilier, fusse-t-il colonial ou pas. Il est temps que la commission de l’autorité locale fasse un audit des immeubles du vieux bâti colonial d’autant plus qu’ils sont au milieu du tissu urbain de la ville de Mostaganem qui aspire à représenter l’image d’un haut lieu d’un tourisme durable et écologique.
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08 mai 1945. Mostaganem a marqué sa page de l’histoire dans le nationalisme
Par Charef Kassous
Ce samedi et à l’occasion de la célébration du soulèvement populaire du 08 mai 1945, la Direction de la jeunesse et des sports de la wilaya de Mostaganem a organisé une rencontre de wilaya, au niveau du centre culturel de la Salamandre sous le thème: «Histoire de la participation de Mostaganem dans la guerre de libération». Cette évènement, co-organisé par la DJS et la Direction des Moudjahiddines et des Ayants Droit, s’adressait aux jeunes générations. L’objectif escompté, c’est porter toute la lumière sur le rôle du nationalisme à Mostaganem depuis l’insurrection du peuple algérien de l’après le triomphe des alliés contre les nazis. À cette manifestation, avaient assisté Mr Touati Blidi, directeur de la Jeunesse et des Sports et son collègue, M.Issam Mes Abdelhakim, directeur des Moudjahidines, les représentants de la famille révolutionnaire, les cadres du secteur, des universitaires et un bon nombre d’associations de jeunes. La révolution algérienne a été débattue dans toutes ses dimensions à travers les interventions de deux conférenciers, en l’occurrence les professeurs Hassène Bellagraa et Abdelkader Rhmania. En effet, le militantisme à Mostaganem, à l’instar des autres wilayas, est né dans la douleur et s’est construit pour lutter contre l’oppression d’un peuple et pour sa liberté. Cette halte sur la mémoire a mis en exergue les actions militantes, des femmes et des hommes qui ont mené le pays droit vers son indépendance. Les conférenciers ont parcouru l’histoire pour s’arrêter sur les faits d’une révolution armée, sur les faits de l’organisation, sur l’adhésion d’un peuple à l’objectif de la liberté. Ils ont évoqué des faits d’un crime collectif abject et crapuleux du colonialisme s’arrêtant, souvent, sur la mémoire d’une résistance populaire. Le soulèvement du 08 mai 1945 a été une des actions qui ont ouvert la porte qui a mené à l’indépendance. Les historiens ont parlé des causes et des effets qui ont amorcé la prise de conscience d’un peuple longtemps opprimé. Cette halte mémorielle a suscité chez les participants un riche débat, abordant plusieurs facettes de la révolution armée à Mostaganem. Le nationalisme, les secrets de la résistance, la contribution des "fidaynes" en intra-muros, ceux qui, secrètement, furent des bras de la révolution armée notamment ceux qui, dans la clandestinité, soutenaient la cause, notamment les financiers, les agents du renseignements, ce qui s’occupaient de la logistique et de l’armement. Enfin, cette journée a été une halte sur la mémoire d’une wilaya, de laquelle la jeunesse présente a eu à découvrir. Cette occasion a été aussi un pas vers plus de travail pour conserver la mémoire et se porter d'ores et déjà sur l’archive de notre glorieuse histoire. Faut-il souligner que cet évènement est allé au-delà de l’histoire pour creuser dans les souvenirs d’une grande cause : l’indépendance de l’Algérie.
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Mosquée de Sidi Yahia. Une histoire... mystérieuse
Par Y. Benguettat
(2ème Partie)
Maintenant revenons à notre Mosquée, son histoire reste un mystère et fait l’objet de divers récits sans aucun fondement logique qui s’ajoutent à la confusion totale. Sans aucun doute qu’il y avait une Mosquée au nom de Mançoura dans laquelle elle est enterrée et qui faisait partie du fort de Bab El-Djerad et s’étendait sur plusieurs centaines de mètres plus bas jusqu’au fort Bordj Mehal (fort des cigognes, actuellement prison civile). Ce patrimoine immobilier de 300 ans d’âge environ a été rasé à jamais, gommé de la surface de la terre. Pour comprendre ce qui s’est passé ? Pourquoi ? Et quelles ont été les conséquences de cette destruction totale. Voici notre analyse basée sur l’étude des documents et les photos que nous avons en notre possession. Après la destruction de tout le site du fort de Bab El-Djerad le 20 juin 1843 et suivie de la remise aux Domaines des terrains correspondants, les travaux de viabilisation ainsi que les nouvelles constructions de type européen commencèrent. Tout a débuté avec l’occupation par les militaires français de la Grande Mosquée, située au cœur de la vieille ville Tobbana. Voici le texte intégral de E.Vernaz dans son livre Le Vieux Mostaganem page 52. «En 1833, au moment de l’occupation de Mostaganem par les troupes françaises, elle fut transformée en caserne et resta classée et utilisée comme bâtiment militaire jusqu’en 1865». A cette époque, il existait sur le site de la vielle ville: La grande Mosquée de Tobbana déjà citée plus haut, la petite Mosquée angle rue des jardins et du pont de l’Alma construite vers 1813 (période turque), son histoire mérite d’être connue, la Mosquée du fort Bordj El Mehal transformée en hôpital aussi son histoire mérite d’être connue. Donc le site réel pour la construction de la Mosquée de Sidi Yahia qui a été affecté au culte Musulman, repose sur une partie du site Fort Bab El Djerrade et cela pour pallier au manque de lieux de prières, compte tenu du nombre de musulmans. Avant la viabilisation du site, l’entrée principale de la Mosquée se faisait sur sa partie arrière, en empruntant un sentier sur la rue grande qui débouchait sur la courette de la Mosquée. Ce n’est qu’après la création et l’ouverture de la rue Abdellah que l’on a changé son accès et qui est devenu son entrée principale jusqu’à aujourd’hui. C’est pour cela qu’elle s’est retrouvée enclavée entre deux bâtiments de constructions récentes. Donc ce qu’il faut retenir de cet historique et le dire d’une manière officielle, Le Fort Bab El Djerrade, en souvenir pour la mémoire du lieu, aujourd’hui en 2025, son âge remonte à 500 ans, la Mosquée de Sidi Yahia est de construction contemporaine après 1845. Donc la plaque sur laquelle l’inscription comme étant Mesdjed El aâtik Sidi Yahia 650 de l’hégire qui correspond à 1250 après J.C., apposée sur la façade de la Mosquée, est erronée. En ce qui concerne l’attribution du nom de Sidi Yahia à cette Mosquée. Selon une source digne de foi, à cet illustre personnage en reconnaissance de son service consacré pendant des années à cette Mosquée, elle a été baptisée en son nom Sidi Yahia qui serait d’origine de Kalaât Béni Rached, fils de Amran, en recoupant cette information, on la retrouve avec son appellation officielle Mosquée de Sidi Yahya Ben Rached consignée dans Algérie Conseil Général, rapport du préfet et procès verbaux de délibérations session octobre 1875 en page 516 sous le numéro 89. Telle est l’histoire de ce site perdu à jamais, qui a laissé une trace de son existence par la construction de ce Mesdjed qui reste une curiosité architecturale pour les visites.