Algérie, offensive contre la drogue

Face à la montée alarmante de la consommation de drogues, notamment chez les jeunes, l’Algérie renforce son dispositif de lutte contre ce fléau. Une stratégie nationale, couvrant la période 2024-2029, a été lancée conformément aux orientations du président de la République. Elle repose sur une approche globale articulant prévention, répression et accompagnement médico-social. Le gouvernement prévoit un durcissement des peines liées aux infractions à la législation sur les drogues, ainsi qu’une adaptation des procédures judiciaires pour une action plus efficace contre les trafiquants. Cette intensification législative s’inscrit dans un contexte où l’Algérie, longtemps pays de transit, est devenue un marché de consommation, notamment pour les drogues dures comme la cocaïne et les psychotropes. Les services de sécurité multiplient les opérations de saisies et les arrestations, tout en appelant à une implication accrue de la société civile. La Commission des affaires juridiques, administratives et des libertés de l’APN a poursuivi, jeudi, l’examen du projet de loi sur la lutte contre la drogue, en auditionnant des représentants de la Gendarmerie nationale et de la Sûreté nationale «DGSN». Mosquées, écoles et médias jouent un rôle essentiel dans la sensibilisation, selon les spécialistes de cette lutte. Des campagnes éducatives ciblent désormais les jeunes via les réseaux sociaux et les supports numériques. A cette occasion, il a été recommandé «création d'un pôle national de lutte contre la drogue, afin de faciliter les opérations de démantèlement des réseaux criminels spécialisés dans le trafic de drogue et de stupéfiants psychotropes», en plus de «l'activation des opérations de dépistage précoce et leur traitement de manière rationnelle, notamment en milieu scolaire et universitaire», avait relayé l’APS. Parallèlement, les efforts en matière de traitement et de réinsertion des toxicomanes s’intensifient. «Cette stratégie vise à protéger nos concitoyens, en particulier les jeunes, des dangers de la toxicomanie», a déclaré à «Horizon» Farida Dib, directrice de la prévention à l’ONLCDT. Parmi les mesures: création de centres spécialisés de traitement, campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux, et développement d’une approche coordonnée impliquant éducation, santé et justice. Des structures spécialisées, telles que les centres de prise en charge résidentielle et les centres intermédiaires de soins, sont en voie d’être généralisées dans chaque wilaya. Le centre pilote de Bouchaoui, à Alger, offre une approche douce, non médicamenteuse, pour les jeunes dépendants. Des acteurs de terrain comme Abdelkrim Abidat, président de l’Organisation de Sauvegarde de la Jeunesse, insistent sur la nécessité d’une mobilisation collective. Il appelle à renforcer le signalement citoyen, à soutenir les familles et à offrir aux jeunes des alternatives concrètes à la marginalisation. La toxicomanie, bien que préoccupante, n’est pas une fatalité.


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