Les trabendistes subissent de lourdes pertes depuis quelques jours. Le commerce du «cabas» en ligne de mire

Avec un transport de cabas, tout le monde peut importer un peu de tout, à partir des pays où l’activité est parfois informelle avec le filon de la contrefaçon. Désormais, les choses vont devoir changer et ne sera pas importateur qui veut. Protéger le commerce intérieur de la concurrence déloyale, suscitée par l’informel et les marchandises importées de « Cabas », est à présent le leitmotiv de l'Etat. Une grande offensive est en effet lancée contre le commerce informel en Algérie. Les transporteurs de cabas sont désormais dans l’œil du cyclone. Cette activité est appelée à disparaître, selon une vieille note qui sursoyait aux transporteurs de cabas de reconvertir leur activité, sous peine de se voir interdits d’accès au territoire national et leurs produits saisis. Mais voilà que les jours sont déjà comptés pour eux, avec la multiplication accélérée depuis quelques jours des contrôles par les inspecteurs de commerce au niveau des magasins, salons de beauté et entrepôts, traquant sans relâche les produits importés illégalement via le système du «cabas». Entre la baisse de transport de colis, de marchandises via la mer par les compagnies habilitées et la hausse des transporteurs de cabas, l’Etat a décidé de durcir les conditions et les modalités pratiques des opérateurs et des particuliers concernant le transport de produits et de marchandises par voie maritime notamment. Entre l’incompréhensible et le superflu, deux attitudes auxquelles s’adonnaient certains opérateurs spécialisés dans le cabas ou dans les importations dites de bazar, l’Etat a décidé une guerre définitive contre le transport de cabas pour éviter aux milliards de devises d’être jetés par les fenêtres. C’est d’ailleurs sans surprise que chocolats, serpillières, petites préparations alimentaires, laits et dérivés emballés ou préparés, babioles, shampoings et gels douche ou encore cosmétiques Taiwan contrefaits étaient importés à tout venant. Aujourd’hui, l’Algérie n’importe plus n’importe quoi. Chocolats, produits cosmétiques, boissons énergisantes… de multiples articles, introduits en dehors des circuits légaux, échappaient en effet à tout contrôle fiscal et sanitaire, représentant ainsi un manque à gagner colossal pour l’État et un risque pour les consommateurs. Selon certaines indications, cela représentait au moins 36 % de la facture annuelle d’importation, ce qui n’est pas insignifiant. Dans plusieurs wilayas, les équipes de contrôle, appuyées par les services de sécurité, ont déjà saisi et détruit des centaines de produits. Tel un arbre qui cache la forêt, le trafic lié aux importations informelles tient pour origine des relais et des opérateurs bien pénétrés dans le circuit commercial. Cela rend inextricablement la lutte contre ce genre de pratiques un peu complexe du fait qu’elles exigent souvent du temps considérables et des renseignements précis pour les avorter. Un vrai marché parallèle aux racines bien ancrées depuis des années, résistant de fait aux précédentes tentatives d’éradication. Le «Cabas», pratique bien rodée, consiste à importer des marchandises en petites quantités via des voyageurs, contournant les règles douanières. Ces produits, souvent interdits à l’importation officielle, finissent en grande quantité sur les étals des commerces. Pour importer tout ce qu’il faut, il fallait avoir avant tout de l’argent, une ou deux connaissances du fonctionnement du marché et un réseau de distribution en plus, bien sûr, de certains «rouages». C’est ce qui a fait couler l’économie et les premiers gagnants qui ont tiré leur épingle du jeu, n’en seront que les transporteurs de cabas qui amassaient des sommes fortes au détriment du Trésor et du contribuable. Pour enrayer ce fléau et le couper de ses tentacules, les contrôles sont intensifs et souvent en aval. Des descentes inopinées dans les magasins et salons de coiffure, ciblant particulièrement les produits de beauté et les denrées alimentaires. Coordination renforcée entre les Directions du commerce et les services de sécurité pour des interventions plus efficaces. Destruction immédiate des marchandises illégales, comme à Mila où 163 boîtes de chocolat et 69 flacons de cosmétiques ont été saisis puis éliminés. «Les réseaux utilisent des voyageurs lambda pour faire entrer ces produits, parfois en louant leur quota de bagages non utilisés», explique un expert des douanes. Les produits saisis lors de ces opérations dressent un tableau alarmant de l’ampleur du trafic. Les autorités ont mis la main sur divers produits: chocolats Milka, Ferrero Rocher, biscuits et bonbons en provenance d’Europe, shampoings, crèmes, teintures pour cheveux importées de Turquie ou de Dubaï, téléphones et accessoires souvent sans certification. Ces produits, échappant aux normes sanitaires, posent un risque pour la santé publique, tandis que l’État perd des milliards de dinars en taxes non perçues. Cette semaine a débuté par une série d’opérations musclées des services de contrôle à travers plusieurs wilayas du pays. Ces interventions ont abouti à des saisies importantes de divers produits illégaux, notamment à Guelma où des équipes ont saisi et détruit sur place des stocks entiers de produits alimentaires et cosmétiques. A Mila, une opération conjointe a abouti à la confiscation de produits d’une valeur de près de 100.000 DA. A Tlemcen, les contrôles se concentrent sur les salons de coiffure, souvent approvisionnés en produits non réglementés. A Ain Salah, saisie de produits cosmétiques non conformes et poursuites engagées contre les contrevenants. Tiaret: 10 kg de produits alimentaires importés illégalement saisis et détruits, ainsi que 105 kg de denrées périmées. Malgré ces efforts, le marché informel reste tenace. En 2021, le président Tebboune évaluait à 90 milliards de dinars, les sommes circulant dans ce secteur parallèle. Toutefois, les récentes opérations témoignent d’une volonté ferme de l’Algérie de reprendre le contrôle sur les importations illégales.


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