Pêche artisanale. Un secteur porteur à soutenir
Par Y. Zahachi
Sur la plage d’Ouréha, de la Crique, de Sidi-Mejdoub, de Sokhra, de Benabdelmalek Ramdane… jusqu’à celle de Ouled-Boughalem, à l’extrême Est de Mostaganem, une activité quotidienne témoigne de la vitalité d’un secteur, souvent méconnu: celui de la pêche artisanale. Ici et là, de petites embarcations prennent la mer chaque jour. Tous les soirs, et à l’occasion d’une mer calme, les pêcheurs mettent leurs barques à l’eau, installent leurs filets, puis regagnent le rivage pour une nuit de repos. À l’aube, ils remontent leurs prises au rythme des petites vagues. De jeunes marins, formés dans le tas, évoluent dans un cadre naturel exceptionnel, baigné par mille couchers de soleil et des odeurs marines. Ce lien profond à la terre et à la mer confère à cette activité une dimension culturelle et identitaire forte, bien loin des illusions. On peut dire qu’il y a là une croissance économique réelle, mais insuffisamment soutenue. Cette pêche artisanale, par endroits de la côte maritime de Mostaganem, est bien plus qu’un simple gagne-pain marginal : elle est un moteur de croissance économique locale. Pourtant, cet élan reste fragile et largement sous-exploité. On estime que l’État gagnerait à investir davantage dans ce secteur en pleine expansion, en soutenant ces petits pêcheurs par des mesures concrètes. L’organisation, la valorisation et la formation professionnelle sont des leviers essentiels pour intégrer durablement cette jeunesse dans l’écosystème de la production marine et renforcer la filière. Ceci reste un défi crucial pour l’économie circulaire. Si la pêche artisanale représente aujourd’hui une source d’emplois, il y a lieu de la soutenir et surtout de l’organiser. La complexité croissante des techniques de pêche, la gestion durable des ressources marines et l’adaptation aux évolutions environnementales exigent des compétences pointues. Ce défi est urgent et doit être relevé dès maintenant, car «demain se construit aujourd’hui». La conclusion que l’on peut tirer immédiatement est que ces petits métiers de pêche artisanale, en diverses petites plages de la côte de Mostaganem, incarnent une niche de richesse économique, sociale et culturelle, invisible pour beaucoup, qu’il serait dommage de laisser s’étioler dans un climat de précarité. Soutenir ces jeunes pêcheurs, c’est investir dans un avenir durable, respectueux des traditions et des ressources naturelles mais, c’est aussi offrir à une jeunesse engagée les moyens de bâtir un avenir prospère dans leur pays. L’heure est venue pour le secteur de reconnaître et d’accompagner ces petits métiers afin qu’ils deviennent un levier de la sécurité alimentaire.
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Médiation de la République. La digitalisation des doléances des citoyens lancée
Par L. Abdelmadjid
«Plateau Marine» est le prolongement du centre-ville par l’avenue Chérik-Said et jouxte le port commercial coupé de la vieille «ville musulmane» de Tigditt par l’Oued Ain Sefra. Un quartier dont les demeures sont des constructions que l’architecture espagnole du début du 20e siècle en a fait un espace convivial. Convivial par sa façade côtière, son esplanade maritime, par son mode de vie et par son activité commerciale. La pêche et le commerce du poisson étaient une des particularités de cette partie de la ville de Mostaganem. Au «Plateau Marine», le métier de pêcheur, de mandataire de poisson et de marin façonnait un modèle de vie sociale accueillant, égalitaire, mais plutôt solidaire. Dans ce quartier, on y vivait à l’espagnole car il fût une époque, celle de la période coloniale, où les Martinez, Gonzalez, les Rodriguez, les Blasco, les Lloret, les Mora etc, y habitaient. Ce cachet hispanique, jovial et guai du quartier, a disparu et la convivialité avec. Dans cette partie de la ville, il y avait une vie celle des professionnels de la pêche mais aussi une présence de l’administration et des sociétés (Oncv, Sempac, Ecorep etc.) qui apportaient un plus. Aujourd’hui, ce qui reste du quartier c’est un malaise profond. Le quartier est meurtri dans une indifférence inexplicable. Cette dernière décennie n’a pas été à son avantage car les pouvoirs publics lui ont tourné le dos. Depuis que les habitants sont sortis dans la rue pour revendiquer une attention à leurs conditions de vie quelque part pénibles, le quartier s’est enfermé sur lui-même. Ce quartier est en ce moment isolé et semble ne pas faire partie de la commune. Au Plateau Marine la vie s’est arrêtée et ceux qui vivent encore dans ce désert souffrent du délaissement. Un quartier que les autres contournent car ses rues, ses maisons et son cadre de vie d’antan n’est plus là. Cette exclusion caractérisée génère chez ceux qui résistent encore dans le malaise, de la colère même latente. Ni commerces, ni structures administratives, ni transport, ni activité, rien… le néant anéantit l’espace. Dans ce quartier on ne vit plus, on attend, on résiste et on espère. Dans cette partie de la ville, les autorités ne s’y rendent plus depuis belle lurette. L’excommunication et l’exclusion sont ressenties par ces jeunes qui eux aussi s’enferment dans cette cellule à ciel ouvert… Ils espèrent aussi mais ils ne savent plus quoi espérer. Les habitants du «Plateau Marine» ont aussi le droit au développement, le droit à un meilleur cadre de vie. Ce quartier a un potentiel qu’il faut raviver.
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Abdallah Montera. Le destin d’un homme
Par Y. Benguettat
Dans le cimetière de Sidi ben-Sabeur, à quelques pas de Sidi Maazouz à l’Est, on remarque un Monument funéraire en forme de parallélépipède rectangle et dont la plateforme supérieure est ornée de cinq petits dômes disposés en quinconces, l’un au centre et les autres aux quatre coins du monument. Ce monument porte, en caractères latin, l’inscription suivante ABDELLAH MONTERA 1817-1895. Pour être plus précis ce cimetière qui existe encore, est situé à quelques pas de la place de Tidjditt. La question qui se pose : qui est ce personnage, pour avoir le privilège tel que décrit, un monument, côtoyant les autres coupoles de saints que beaucoup de Mostaganémois ne connaissent pas du tout ? Nous avons choisi le titre de cette histoire « Une enfance volée, Le destin d’un homme, Abdellah Montéra ». Le début de l’histoire de cet homme commence par un tragique événement difficile à supporter, c’est en Corse qui est une île située en mer Méditerranée au sud de la France métropolitaine, et à l'ouest de la péninsule italienne. Pour la mémoire historique de cette époque : La Corse est définitivement française puis réunifiée en 1811 en un unique département ayant pour chef-lieu Ajaccio. Cela s’est passé près d’Ajaccio en 1823, un petit berger, pendant qu’il gardait ses chèvres, fut enlevé sur la rive de son île, par des corsaires d’Alger pendant la période turc. Il s’appelait Antoine Montéra alors âgé de 6ans à cette époque. Il est emmené à Alger comme esclave et remis aux bons soins du Dey Turc. Le souverain d'Alger le confia à une partie de sa famille installée à Mascara. Antoine fut converti à l'Islam et reçu le nom d’Abdallah. Début des années 1830, il est placé sous la protection des parents de l'Emir Abdelkader dans l'entourage duquel il va vivre pendant 10 ans. Le destin d’un homme, enrôlé dans les troupes de l'Émir, il servit dans la cavalerie avec le grade de SAÎÎAF qui est un rang d’officier. L'émir finit par le laisser partir au temps où la guerre contre la France bat son plein. En 1840, Abdellah passe au service de la France et reçoit immédiatement le grade de sous-lieutenant à titre indigène. Le général de Lacrételle qui étant capitaine du bureau arabe, eut Abdellah sous ses ordres en parle en ces termes dans ses «souvenirs». «Abdallah Montera, alors sous-lieutenant de spahis, né en Corse, élevé dans l’entourage de l’Emir Abdelkader auprès duquel il s’était fait la réputation méritée d’un redoutable cavalier. Revenu à nous en 1840, s’était distingué dans toutes les opérations auxquelles il avait pris part…». Il suivit sa carrière militaire et se retira avec le grade de capitaine. (Il fut aussi caïd d’une fraction des flita, ainsi que d’une tribu du Sud). Le chikh Hadj Allal Benaouda qui fut son voisin dans le quartier d’Al- Mak’s’ar et qui le fréquenta beaucoup, le dépeint comme un homme de taille moyenne, extrêmement robuste : cavalier splendide, il se tenait en selle aussi droit et aussi solide à soixante ans qu’à sa vingt-cinquième année. Jamais écuyer plus magnifique ne chaussa l’étrier. D’énormes et longues moustaches, une barbe descendant jusqu’au milieu de la poitrine lui donnait une mine imposante. Les origines corses, donc françaises d'Abdallah, ne plaisent pas à tout le monde. Certains en veulent à sa vie. En 1841, il rejoint les troupes françaises et va faire la guerre en Syrie. Il finit par revenir en Algérie où il possède des terres, s'y marie, il a un fils qu'il appelle Abdelkader, en hommage à celui qui fut son protecteur. Abdelkader Montera aura à son tour un fils... Mahieddine. Pour faire son droit et devenir avocat, ce dernier doit demander la nationalité française. À cette époque, il est président des Amis de la Corse d'Oran. Le lien n'a jamais été totalement rompu. Mahieddine Montera aura Cinq filles... d'où la perte du patronyme corse. Mais la mémoire demeure. Ceci est un bref aperçu sur cet illustre personnage qui a marqué durant son temps, les épreuves endurées au courant de son vivant. Né à Ajaccio en 1817 et mort le 23 Juin 1895 à Mostaganem. Cet homme a laissé son nom inscrit pour l’éternité sur les tablettes de l’histoire de l’Algérie et de la Corse.