Devant la spirale infernale suscitée par les dernières augmentations injustifiées des prix de produits stratégiques dont entre autres ceux de la pomme de terre, des viandes blanches sans parler de la banane et des pommes, le gouvernement se décide de sortir l’artillerie et durcir les peines dans le but d’apaiser un climat social très tendu, à cause du phénomène décrié des pratiques commerciales illicites. Un autre phénomène qui commence à inquiéter et à faire agiter la filière agricole, est celui des agissements des spéculateurs pour exhorter les fellahs à ne pas récolter leurs terres en cette période d’avril, connue pour être fertile et abonde en production. Là aussi, l’Etat a décidé de sévir.
Un exemple concret fait peur aujourd’hui aux consommateurs sur le territoire national depuis quelques jours. Il s’agit incontestablement des trois phénomènes des plus en vue et des plus désolants, à savoir la pomme de terre, la banane et la pomme. À Mostaganem, le tubercule ne fait plus parler de lui pour ses rendements agricoles, mais plutôt pour l’envolée spectaculaire de ses prix. Ce produit de la terre de base, omniprésent dans les assiettes algériennes, est au cœur d’un nouveau scandale. En cause, un réseau de spéculateurs ayant manœuvré dans l’ombre pour manipuler le marché, quitte à menacer ceux qui osaient résister à cette logique de profits, au moment où les prix culminaient à 150, voire 160 dinars le kilo, contre une moyenne normale de 60 à 70 dinars. La grogne des consommateurs est montée crescendo. Mais l’État algérien a vite réagi par une batterie de mesures coercitives. En effet, le ministre de la Justice, Lotfi Boudjemaa, a fait sonner le glas aux spéculateurs, rappelant que la spéculation ne restera pas impunie. Derrière ce dossier local, c’est autour d’un débat national sur la justice économique, la transparence et la préservation du pouvoir d’achat qui s’ouvre à nouveau que les opérateurs agricoles et autres devraient se tourber pour réfléchir désormais sur les moyens adéquats légaux et réglementaires afin de contourner les pratiques de la «mafia» des spéculateurs. À Mostaganem, trois individus ont été interpellés après avoir incité, via les réseaux sociaux, les agriculteurs à ne pas récolter leurs champs de pommes de terre. Le but? Créer une rareté artificielle afin de maintenir les prix à un niveau anormalement élevé. Ces spéculateurs sont allés jusqu’à proférer des menaces contre les producteurs réticents. Le procédé n’a rien d’isolé. Ces dernières années, la spéculation s’est immiscée dans plusieurs secteurs, souvent au détriment des citoyens. Les exemples ne manquent pas, mais le cas de la pomme de terre choque particulièrement, car il touche directement un aliment fondamental dans les foyers algériens. Le prix de la pomme de terre, presque triplé dans certains marchés, est devenu un symbole d’un déséquilibre économique plus large. En pleine période de tension sur le pouvoir d’achat, la pilule passe mal. Le prix habituel se situe entre 60 et 70 dinars le kilo. Durant le mois d'avril, le prix observé a été entre 150 et 160 dinars le kilo. Cette hausse brutale a généré un tollé sur les réseaux sociaux, poussant les autorités à réagir avec célérité. Devant l’Assemblée populaire nationale, le ministre de la Justice a fait preuve d’une rare fermeté. Le 10 avril, puis de nouveau le 23 avril, Lotfi Boudjemaa a rappelé la portée de la loi anti-spéculation, promulguée fin 2021. Citant directement les cas de spéculation autour des voitures Fiat, notamment le modèle Doblo, mais aussi la flambée des produits agricoles, il a averti: «Ta liberté s’arrête lorsque tu touches la subsistance des Algériens». Et le ministre d’ajouter que certains spéculateurs se vantaient d’avoir «gagné 200 ou 300 millions» sur de simples opérations. Sa réponse est cinglante: «Fais une affaire si tu veux, mais tu as 30 ans de prison et dans certains cas la perpétuité». Ces déclarations interviennent dans un contexte d’aggravation des tensions économiques où la moindre hausse de prix devient un sujet d’intérêt national. La loi 21-15 relative à la lutte contre la spéculation illicite prévoit des peines particulièrement lourdes: Jusqu’à 30 ans de prison pour les spéculateurs, réclusion à perpétuité si les faits sont commis dans le cadre d’un réseau criminel organisé, saisie des biens issus de la spéculation.
30 ans de prison et même la perpétuité pour les spéculateurs. L'Etat veut frapper fort
- par B. Habib
- Le 25 Avril 2025
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