L’Algérie, riche par la fertilité de l’activité sismique et tectonique, a connu plusieurs séismes entrés dans l’histoire : Asnam (1980), Zemouri, Blida, Boumerdès, Oran, Mascara etc... Oran a enregistré son séisme des plus violents et importants en 1790 de magnitude 7 et 4.000 victimes après la libération de la ville des Espagnols dès 1732. Le monde vient d’enregistrer un séisme à Birmanie et récemment à Istanbul. La sempiternelle question que se posent, à présent, experts et scientifiques, est: «Comment s’adapter aux séismes?
Comment freiner la courbe sans cesse ascendante des dégâts et des pertes humaines dans le monde?» Pour avoir des réponses des spécialistes, un séminaire a été organisé, jeudi à Oran, en présence du wali d’Oran, Samir Chibani, qui a donné le coup d’envoi de ses activités. Un séminaire qui tombe à pic en ce sens qu'il doit renseigner sur les méthodes et les nouvelles pratiques de prévention dans le domaine de la gestion du risque sismique. Une étude d’impact socioéconomique et sur l’environnement des séismes réalisée entre 2000 et 2012 et présentée, ce jeudi à Oran, par le professeur Jilali Benouar, chercheur de l’université USTHB Algéria, montre que la facture de séismes est lourde dans le monde avec entre autres plus de 1,2 million de morts! Pour le professeur, c’est plutôt la manière dont les individus et les gouvernances se comportent et le monde se développe qui constitue aujourd’hui et plus que jamais un élément crucial à l’augmentation des catastrophes naturelles. Pour lui, il faut se rendre à l’évidence scientifique parce que les catastrophes ne tuent pas mais c’est parce que les individus ne s’y sont pas adaptés, plutôt que chercher à déployer les capacités pour faire face aux catastrophes.
Ce chercheur a développé deux nouveaux concepts «capabilité» au lieu de «capacité» et «vulnérabilité» au lieu de «risque» d’où la nécessité de «construire en mieux pour mieux adapter l’urbanisme et mieux gérer ainsi le risque sismique». Selon toujours la même étude, la vulnérabilité est la cause essentielle des dégâts causés par les catastrophes dont les séismes. «Si on arrive à abaisser ces chiffres et ces nombres de personnes mortes suite aux séismes, on peut dire qu’on a mieux géré la vulnérabilité», dira-t-il. De même qu’une autre étude 1987-2017 prouve que plus le monde se développe, plus la courbe des catastrophes augmente. Il pose, ce faisant, les mesures préventives dont les dimensionnements et les conformités des constructions, la compréhension des risques, le renforcement des gouvernances, la lutte contre la prolifération des promoteurs immobiliers et l’amélioration du cadre urbanistique par «construire en mieux». Avant lui, le professeur, Mustapha Maghraoui, chercheur de l’université de Strasbourg, a surtout axé son intervention sur le rôle clé des gouvernances dans la gestion du risque sismique, parlant de l’évaluation du risque sismique à travers notamment le calcul des intensités, des niveaux et des magnitudes mais aussi de leur impact social et économique, reposant comme son collègue de l’Académie algérienne des sciences et des technologies (AAST), sur l’élément fondamental de «construire en mieux», soulevant le problème des extensions anarchiques. Ce séminaire entre dans le cycle des conférences-débats organisées par l’AAST, en collaboration avec l’université Oran 2 «Mohamed Benahmed», en présence de chercheurs académiciens et de la Protection civile.
Cycle de conférences sur la vulnérabilité et la gestion du risque sismique. «Construire en mieux», le parent pauvre de l’urbanisme
- par B. Habib
- Le 25 Avril 2025
- 137 visites

