Direction des Affaires Religieuses de Sidi Bel-Abbès. Apprentissage du Coran en langue des signes

La Direction des Affaires Religieuses et des Waqfs de la wilaya de Sidi Bel-Abbès se positionne comme un acteur avant-gardiste dans l'intégration des fidèles en situation de handicap auditif au sein de la sphère religieuse. Fort du succès d'une initiative inédite à l'échelle nationale, ayant permis à 37 personnes sourdes d'acquérir la lecture et l'écriture de la Fatiha, l'institution œuvre désormais à étendre l'usage de la langue des signes au sein des mosquées de la wilaya. Cette démarche, loin d'être anecdotique, témoigne d'une volonté profonde de rendre le message spirituel universellement accessible et de briser les barrières communicationnelles qui entravent la pleine participation de cette frange de la population à la vie religieuse. Selon les déclarations du directeur du secteur, Si Tayeb Habib , lors d'un forum de la presse, une classe dédiée à l'apprentissage du Saint Coran en langue des signes a été établie au sein de la mosquée « Chouhada ». Cette initiative permet aux fidèles sourds-muets de s'immerger dans l'étude des versets coraniques, avec déjà 37 apprenants ayant maîtrisé la Fatiha et poursuivant leur cheminement spirituel à travers l'apprentissage d'autres sourates, allant même jusqu'à l'acquisition de l'écriture arabe. L'encadrement de ces apprenants est assuré par un enseignant spécialisé en langue des signes, dispensant des cours bihebdomadaires. Son rôle ne s'arrête pas à l'enseignement du Coran ; il assure également la traduction des prêches du vendredi (Djoumoua) et des prières en langue des signes, offrant ainsi une compréhension essentielle des fondements de leur foi islamique à cette communauté trop souvent marginalisée dans l'écoute et la compréhension du discours religieux. Cette initiative représente une avancée significative pour les personnes sourdes et malentendantes, qui jusqu'à présent, assistaient aux sermons, sans en saisir la pleine signification. Elle incarne une reconnaissance de leur droit fondamental à l'accès au savoir religieux et à la participation pleine et entière à la vie de la communauté musulmane. Cependant, cette dynamique positive se heurte à un obstacle majeur, à savoir le manque criant de spécialistes en langue des signes.
Cette pénurie limite considérablement la possibilité d'étendre de telles classes à l'ensemble des mosquées de la wilaya, privant de facto un nombre important de personnes sourdes et malentendantes de l'opportunité d'apprendre à réciter les versets du Coran et de s'approprier les textes sacrés de l'Islam. Conscients de cet enjeu crucial, les responsables du secteur, avec le soutien actif des autorités de la wilaya, envisagent des solutions structurelles pour pallier ce manque. Des formations en langue des signes destinées aux fonctionnaires des établissements religieux, désireux d'acquérir ces compétences, sont en préparation. L'objectif est de créer un vivier de traducteurs capables d'assurer la transmission du message religieux à l'ensemble des fidèles, quelle que soit leur capacité auditive. Dans une perspective d'essaimage et de partage d'expertise, la Direction des Affaires Religieuses de Sidi Bel-Abbès prévoit également l'organisation d'une journée d'étude nationale dédiée à l'apprentissage du Saint Coran en langue des signes. Cette initiative vise à encourager d'autres wilayas à adopter une démarche similaire, reconnaissant l'impératif d'intégrer les fidèles aux besoins spécifiques et de leur offrir un accès équitable à l'éducation coranique à travers un mode de communication qui leur est propre. L'initiative entreprise à Sidi Bel-Abbès constitue un exemple éloquent d'une approche religieuse inclusive et socialement responsable. En investissant dans l'apprentissage du Coran en langue des signes, la Direction des Affaires Religieuses ne se contente pas de transmettre un savoir, elle bâtit des ponts de compréhension et d'appartenance, affirmant avec force que la spiritualité est un droit universel qui ne saurait être entravé par les limitations sensorielles. Cette démarche pionnière mérite d'être saluée et étudiée comme un modèle à répliquer pour une société plus juste et inclusive sur le plan spirituel.