Le Carrefour de Mostaganem

Le transport urbain face aux défis de la croissance et la modernisation

Par Y. Zahachi

837790-190425Dans une interview exclusive accordée le jeudi 17 avril 2025, Zouaoui Noureddine, directeur général de l’Entreprise du transport urbain et semi-urbain à Mostaganem, a dressé un état des lieux précis et sans concession de la situation actuelle de l’entreprise, tout en dévoilant les perspectives d’avenir pour répondre aux défis croissants du transport public dans la wilaya. Le siège de l’entreprise, d’une superficie de 8 831 m², acquis en 2010, est désormais jugé trop exigu et mal situé au cœur du tissu urbain. Cette configuration ne répond plus aux besoins d’une entreprise qui dessert sept lignes dont quatre semi-urbaine et gère un parc de plus de 30 bus et un effectif de 247 employés. Cette infrastructure limitée freine la capacité de l’entreprise à s’adapter à la croissance démographique et au développement socioéconomique de Mostaganem. L’entreprise transporte annuellement entre 5 et 8 millions de citoyens, un volume important qui met à rude épreuve une flotte vieillissante, notamment les fameux « bus bleus » mis en circulation en 2011. Le directeur met en exergue les difficultés majeures rencontrées dans la maintenance de ces véhicules, en raison de la rareté des pièces d’origine, souvent remplacées par des pièces d’imitation pour assurer la continuité du service. Cette situation entraîne une usure accélérée et des pannes fréquentes, impactant la qualité du transport public. Mostaganem, reconnue pour son attractivité touristique, voit son réseau de transport sollicité en permanence, particulièrement durant le Ramadan et la saison estivale. Selon M. Zouaoui, les bus ne bénéficient quasiment pas de temps de repos, ce qui accentue les contraintes sur le parc existant et souligne l’urgence d’une modernisation et d’un renforcement du service. Pour répondre à ces enjeux, l’entreprise espère réceptionner prochainement un nombre significatif de nouveaux bus. Cette acquisition s’inscrit dans une volonté claire d’améliorer la couverture des lignes, notamment pour absorber l’augmentation de la population induite par les programmes de construction de logements dans la wilaya. Le directeur général annonce également des recrutements à venir, en lien avec l’arrivée de ces nouveaux véhicules. Par ailleurs, un programme de formation professionnelle est envisagé visant à améliorer le service et à optimiser le parc roulant. L’objectif fixé est d’instaurer une gestion rationnelle, durable et respectueuse de l’environnement, avec des véhicules confortables et fiables. En parallèle, la wilaya bénéficie de projets d’envergure tels que la construction d’une ligne ferroviaire reliant Hassi-Mefsoukh à Mostaganem, avec une enveloppe budgétaire de 28 milliards DA, visant à renforcer la connectivité régionale et faciliter les déplacements interurbains. Le tramway de Mostaganem, long de 14 km et avec ces 24 stations, apporte un plus au transport en commun sur 24 stations. En outre, le développement du transport universitaire et semi-urbain est également une priorité, avec la mise en place de lignes dédiées pour faciliter l’accès des étudiants à l’université Abdelhamid Ibn Badis répondant à une demande spécifique. Malgré les progrès enregistrés, les défis restent nombreux : circulation chaotique à certaines heures, vétusté des équipements, insuffisance des infrastructures de stationnement, et un besoin urgent de modernisation des moyens de transport public et privé. La gestion de la mobilité à Mostaganem nécessite une approche intégrée, combinant modernisation du parc, amélioration des infrastructures, promotion des énergies propres et extension des réseaux urbains et interurbains. Ainsi, l’Entreprise du transport urbain et semi-urbain de Mostaganem se trouve à un tournant crucial. Entre contraintes structurelles, usure du matériel et forte demande, elle mise sur des investissements imminents, le renouvellement de sa flotte et la montée en compétences de ses équipes pour relever les défis d’un secteur vital pour la mobilité et le développement régional.

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Des coutumes dénaturées

Par Med Soltane

952287-190425A Mostaganem comme ailleurs en Algérie, la musique a toujours été un miroir fidèle de la société. Le Chaabi, l'andalou, ce genre populaire né dans les ruelles de Mostaganem et adopté avec ferveur par tant de régions, a longtemps incarné l’élégance du verbe, la sagesse des anciens, et les émotions profondes du quotidien mostaganemois. Mais aujourd’hui, face à une dégradation progressive des contenus musicaux et des comportements dans les fêtes et spectacles, une question se pose avec insistance : que reste-t-il de l’esprit noble de nos coutumes.
Ce commentaire se veut une réflexion sur cette évolution, entre nostalgie pour un art respectueux et inquiétude face à une musique qui, parfois, désoriente plus qu’elle ne guide. Il est temps de réaffirmer notre attachement à une culture qui élève plutôt que d’en cautionner les dérives par le silence ou l’indifférence. À Mostaganem, ville aux racines profondes, la musique Chaabi et l'Andalou fut bien plus qu’un art : elle était une sagesse chantée, une élégance transmise, une poésie populaire portée par des voix qui savaient dire l’essentiel avec retenue et profondeur. Elle faisait danser les cœurs sans jamais heurter l’oreille, instruisait sans moraliser, liait les générations dans une mémoire vivante. Aujourd’hui on voit, on entend, et on ressent ce glissement inquiétant dans nos fêtes de mariage, dans nos galas, dans nos veillées censées célébrer la beauté de nos traditions. Que sont devenues les soirées animées par des maîtres comme Bouadjadj, Habib Bettahar, Berahou Belbachir, El Hachemi Guerouabi, El Anka, Boudjemaa El Ankis à Mostaganem même, des figures comme Cheikh Hamada ou Cheikh Djilali Ain Tedles, qui chantaient avec noblesse et pudeur ? Aujourd’hui, le micro est trop souvent confié à des chanteurs de fortune, dont les paroles n’ont ni rime, ni respect, ni profondeur. On glorifie l’argent facile, on insulte à demi-mots, on banalise l’indécence. Ce n’est plus nos coutumes, c’est du vacarme en costume, avec pour seule ambition de faire sauter la foule, même si cela implique d’écraser la dignité au passage. Les familles autrefois garantes du bon goût, qui choisissaient les artistes avec soin, sont devenues spectatrices passives. Les jeunes dansent sur des textes vides de sens, parfois même nuisibles. Pire encore, ils les mémorisent et les répètent. Et nous ? Nous nous taisons. C’est ce silence qui m’inquiète, ce renoncement discret à nos valeurs les plus chères. Mostaganem n’est pas un simple décor d’été. Mostaganem, c’est la ville de l’El Houria, du théâtre amateur, des veillées du vieux port et des cafés où l’on débattait plus qu’on ne criait. Ce patrimoine est notre héritage qui est en danger. Mostaganem mérite mieux que le vacarme du vide.

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Fragments de l’histoire de Mostaganem 

Par Y. Benguettat

(3ème Partie)

Période française : C’est la présence de l’Emir Abdelkader qui a précipité l’occupation de Mostaganem par les français. (2). Livre Le vieux Mostaganem E. Vernaz. Pages 12/13. Le 23 Avril 1833, le général Desmichels était arrivé à Oran et avait pris le commandement supérieur des troupes de cette place. Il décida aussitôt d’occuper la ville de Mostaganem. Les prétentions croissantes d’Abdelkader, dit le général, et les intentions perfides des Turcs de Mostaganem rendait urgente une expédition contre cette ville. Il n’y avait pas un instant à perdre pour prévenir la défection dont nous étions menacés et empêcher que cette ville si importante par la proximité des tribus les plus riches et les plus populeuses qui y tenaient leur principal marché, ne tombât au pouvoir d’Abdelkader. Le 23 Juillet 1833, 6 bâtiments de commerce, escortés par la frégate La Victoire, sortirent du port de Mers-el Kebir. Occupation de Mostaganem par les Français le 28 Juillet 1833 par le Général Desmichels commandant la division d’Oran. S ‘ajoutant à ce désastre. Les français sont entrés à Mostaganem le 28 Juillet 1833. Depuis cette deuxième date, Mostaganem (Tobana, Derb (Qria) et Derb el Houd, Matemore) y compris Tidjditt ont été totalement transformés. Un drame sans pareil s'est produit lors de cette occupation par les français après le 28 Juillet 1833. Raconté dans le journal daté du vendredi 24 avril 1914 L'AÏN SEFRA. Pour titre LOUIS THIREAU. MOSTAGANEM ET SES ENVIRONS. Voici ce qu’il dit : Depuis que la main-d'œuvre française est passée par là, cette belle vallée n’est plus qu’un vaste champ de culture ordinaire. On a démoli les villas et abattu les arbres, supprimant ainsi tout ce qu’il y avait de beau et agréable, pour n’entrevoir qu’une augmentation dans la production d’un sol très riche et très fertile. D’après les anciens indigènes de Mostaganem tous les terrains sablonneux actuellement affectés au champ de manœuvres et au champ de tir de Tidjditt, étaient, avant l’occupation française, très boisés, de nombreuses et coquettes habitations y étaient installées et on y pratiquait en grand la culture maraichère, grâce à l’abondance des eaux d’irrigation qui provenait des sources du bois sacré et que l’on retrouve encore aujourd’hui. Mais dès leur arrivée, nos troupes s’installèrent sur ce plateau qui fut vite transformé en un vaste camp retranché où nos soldats durent restés longtemps faute de casernes pour les recevoir, et ce fut l’installation de ce camp indispensable qui nécessita la destruction de tout ce qui existait sur son emplacement. Pour compléter ce tableau de désastre, les alentours de Tidjditt n’ont pas été épargnés. La forêt qui existait a servi de bois de chauffage et alimenté les bûchés du campement et de la cuisine. Cet endroit dit Charra qui a servi aussi bien après comme champ de tir. Ceci pour l’anecdote. Un autre événement très important s'est produit à Mostaganem à proximité de Tidjditt. Les tribus d’abord, puis l’Emir Abdelkader a engagé une bataille qui a duré 10 jours du 31 juillet 1833 au 9 août 1833. Nous avons dans le détail une copie de cette bataille dans ses phases chronologiques de son déroulement. (4) Histoire de Mostaganem et de Mazagran par J. Rufer. Ce qui a provoqué la délocalisation forcée de 100 familles de mazagran à Tidjditt. Cet autre fait marquant qui restera gravé dans les tablettes de l’histoire de Mostaganem. C’est le fameux traité de la Tafna signé entre l’Emir Abdelkader et Desmichels le 26 février 1834. (3) Voir Histoire de Mostaganem et de Mazagran par J. Rufer. Période française. Le 1er Novembre 1954. La date du 1er Novembre 1954 sonna le glas de l’occupation française. Cette date restera gravée à jamais dans le cœur des Algériens qui se sont sacrifiés pour ce pays. Le cesser le feu a été déclaré officiellement le 19 Mars 1962. Cette date malheureusement non acceptée par une poignée de mercenaires OAS a terminé sa sale besogne en se vengeant sur des civils. L’Indépendance de l’Algérie. Le 5 Juillet 1962 l’Indépendance de l’Algérie a été proclamée. Tel a été en partie ce petit fragment de l’histoire de cette ville.

 


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