Sidi Bel Abbès. Vers la Restauration de la Grande Mosquée

La ville de Sidi Bel Abbès s'apprête à franchir une étape cruciale dans la préservation de son héritage historique et religieux. Forte d'une proposition de classement au patrimoine historique, culturel et religieux, la Grande Mosquée du quartier Emir Abdelkader fait désormais l'objet d'une initiative conjointe de la Direction des Affaires Religieuses et des Waqfs et des autorités locales en vue de sa restauration et de son aménagement. Cette démarche, qui se concrétise par la préparation d'un dossier conséquent destiné au Ministère de la Culture et des Arts, témoigne d'une prise de conscience de la valeur inestimable de ce lieu de culte emblématique. Érigée en 1884, la Grande Mosquée constitue un jalon essentiel de l'histoire urbaine et spirituelle de Sidi Bel Abbès. Sa proposition de classification par la Direction de la Culture et des Arts l'année précédente, actuellement soumise à l'examen de la commission nationale compétente, souligne la reconnaissance de son importance patrimoniale. L'annonce récente du Directeur des Affaires Religieuses et des Waqfs, lors d'un forum de la presse, quant à l'instruction donnée par le Wali de soumettre un dossier de demande de financement au ministère de tutelle, marque une avancée significative vers la concrétisation de ce projet de réhabilitation tant attendu. La fiche technique du projet, déjà établie, met en lumière l'ampleur de la tâche et l'importance de redonner à cet édifice son lustre d'antan. S'étendant sur une superficie de 1743 mètres carrés, la Grande Mosquée n'est pas seulement le plus ancien lieu de culte de la ville, inauguré le 11 octobre 1884, mais également un témoignage architectural islamique d'une singularité remarquable dans la région. Au-delà de sa fonction première de lieu de prière, pouvant accueillir un millier de fidèles, la mosquée a toujours été un centre de savoir et de vie communautaire. Elle abritait une salle d'archives dédiée à l'étude du fiqh et du hadith, une salle d'audience pour le cadi, un espace d'accueil pour les citoyens et de résolution des litiges, ainsi qu'une école coranique formant les jeunes générations aux préceptes de l'Islam. Son rôle dans la transmission du savoir religieux est indéniable. La bibliothèque qu'elle abritait offrait un refuge et un lieu d'étude pour les étudiants voyageurs, et a vu l'émergence de figures marquantes de l'érudition islamique locale, à l'instar des cheikhs Bouasria Baghdad et Abdelkader Ben Sadji. L'établissement s'est également distingué par sa contribution à la formation des imams et des mourchidine, perpétuant ainsi une tradition d'excellence dans l'enseignement religieux. La visite de personnalités religieuses de renom, tel que Cheikh El Bachir El Ibrahimi, venu y dispenser des conférences, atteste de son rayonnement intellectuel. L'architecture de la Grande Mosquée elle-même est un élément clé de son intérêt patrimonial. Son minaret octogonal, d'inspiration ottomane, contraste avec les minarets carrés typiques du style maghrébin, offrant un témoignage de la diversité des influences culturelles ayant marqué la région. À l'intérieur, le mihrab, sculpté dans un bois de haute qualité et orné de motifs arabes uniques, constitue un chef-d'œuvre artisanal. Les 75 piliers et les 58 fenêtres baignent l'espace d'une lumière naturelle changeante au fil de la journée, créant une atmosphère propice à la méditation et à la spiritualité. Malgré des restaurations et des extensions entreprises en 1945, 1961 et une réhabilitation en 2007, il apparaît aujourd'hui impératif d'engager une restauration plus profonde et un aménagement adapté pour assurer la pérennité de ce joyau architectural et spirituel. L'initiative de la Direction des Affaires Religieuses et des Waqfs, soutenue par les autorités locales, représente un espoir tangible de voir la Grande Mosquée retrouver sa splendeur originelle et continuer à jouer son rôle essentiel au sein de la communauté de Sidi Bel Abbès pour les générations futures. La sauvegarde de ce patrimoine unique est un impératif culturel et religieux, un investissement dans la mémoire collective et un hommage à l'histoire riche et complexe de la région.