La tension est montée d'un cran dans la relation Algéro-française après une courte lune de miel qui n'a duré que quelques jours depuis la visite du ministre de la justice française en Algérie pour remettre au goût du jour la dislocation dans le développement des relations entre les deux pays nées des prises de becs de l'extrême droite en France et par conséquent le ministre de l'intérieur français Bruno Retailleau. "Si la décision de renvoyer nos agents était maintenue, nous n'aurons d'autre choix que d'y répondre immédiatement", a annoncé Paris qui menace de "répondre immédiatement". Le ministre de la justice française est sorti de son mutisme pour demander aux autorités algériennes de revenir sur leur décision qu’il qualifie de «disproportionnée et déconnectée de la procédure judiciaire en cours». Selon lui, si Alger maintenait cette expulsion, la France serait contrainte d’apporter une réponse immédiate et équivalente, laissant planer la menace d’une escalade diplomatique entre les deux pays. Les agents français exerçant en Algérie sont sommés par le département d'Ahmed Attaf de quitter l'Algérie dans un délai de 48 heures. Rien ne va plus donc dans les relations entre Alger et Paris. Et pour cause, l'affaire révélée par les médias français concernant la soi-disant tentative d'assassinat de l'influenceur algérien Amir Boukhers, alias Amir DZ en avril 2024. Autrement dit, un an après, un timing suspect, suite à un début de réchauffement des relations entre les deux pays. L'Algérie vient donc d'annoncer, comme riposte, l'expulsion de 12 agents français exerçant en Algérie. Ces fonctionnaires français sont sommés de quitter en urgence Alger. Les autorités algériennes se sont insurgés fermement contre la détention en France d'un agent consulaire algérien soupçonné d'enlèvement au côté de deux autres du blogueur algérien. Concernant la genèse des faits, un agent du consulat d'Algérie en France, jouissant de l'immunité diplomatique et deux autres personnes ont été mis en examen à Paris pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le 7ème jour, "en relation avec une entreprise terroriste", selon le parquet antiterroriste français. Ils ont été placés en détention provisoire. Ces propos contrastent avec l'annonce, la semaine dernière, par le ministre français des Affaires étrangères, d'«une nouvelle phase» pour les relations entre Alger et Paris, à l'issue d'un entretien avec son homologue algérien Ahmed Attaf et surtout avec le président Abdelmadjid Tebboune. Les deux présidents, Tebboune et Macron, pour rappel, ont convenu de travailler étroitement ensemble pour donner à cette relation une nouvelle ambition dans cet esprit d’amitié, permettant de traiter l’ensemble des aspects de la relation bilatérale dans un souci d’efficacité et de résultats. A cet égard, les deux présidents ont convenu de la reprise sans délai de la coopération sécuritaire. Ils se sont accordés sur le fait qu’une coopération migratoire confiante, fluide et efficace permettant de traiter de toutes les dimensions de la mobilité entre les deux pays devait être immédiatement réinitiée, dans une logique de résultats répondant aux préoccupations des deux pays. Faut-il signaler par ailleurs que le ministre français, Bruno Retailleau est depuis dimanche au Maroc. Là aussi, le timing n'est pas fortuit.
Arrestation d'un agent consulaire algérien en France. Le coup «lâche» de Retailleau
- par Nadira FOUDAD
- Le 14 Avril 2025
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