Alors que l'Algérie et la France tentent de renouer le dialogue. Retailleau mis sur la touche

Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dont la «feuille de route» est dès à présent et depuis la relance du dialogue après les discussions téléphoniques franches entre le Président de la République, Abdelmajid Tebboune et son homologue français, lors de l’Aïd El Fitr, mise en sourdine par le président Macron, devra plutôt ne pas se gêner de présenter ses excuses et par la même souhaiter une reprise du dialogue entre Alger et Paris plutôt qu’à s’obstiner à s’accrocher à son «ambition personnelle de faire de l’affaire de Boualem Sansal, sa «carte» électorale. C’est dans ce climat de tension que s’apprêtent depuis un certain temps des ministres du gouvernement français à fouler le sol de l’Algérie, en vue de chercher un apaisement politico économique à l’ombre de ce que Bruno Retailleau avait provoqué comme déclarations préjudiciables à l’égard de l’Algérie, partenaire économique de choix pour la France. Le dégel annoncé entre Alger et Paris se transforme en un sérieux revers pour Bruno Retailleau. Pour les spécialistes des relations internationales, la sagesse l’a emporté sur la ligne irrationnelle de ce ministre de l’Intérieur, sommé par conséquent de se plier aux exigences des défis et des intérêts des deux pays. Réduit au silence et «stoppé» par son propre Président dans la nouvelle voie, empruntée en vue de résoudre la crise, il s’est permis néanmoins de poser des préalables à la résolution de celle-ci. Retailleau n’a trouvé aucun obstacle moral ou protocolaire à la poursuite de ses provocations, même sous une autre forme, considérant, selon ses dires, qu’il n’y a pas d’issue à la crise sans la libération de l’écrivain Boualem Sansal et l’acceptation de la liste des personnes expulsées du territoire français, malgré l’accord des présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, le jour de l’Aïd, lors d’un appel téléphonique, sur une feuille de route qui ne comprenait que des visites des ministres français des Affaires étrangères et de la Justice, à l’exclusion de leur collègue de l’Intérieur. Le politicien de droite a posé, lors de son entretien sur la chaîne «France 5», deux «objectifs» à atteindre pour la reprise du dialogue entre Paris et Alger, tout en soulignant l’existence de «signaux positifs». Le premier objectif, selon le politicien qui aspire à diriger un courant de centre-droit et à «profiter» de l’électorat d’extrême droite, est la libération de l’écrivain algéro-français Boualem Sansal, emprisonné en Algérie depuis la mi-novembre et condamné la semaine dernière à cinq ans de prison ferme pour atteinte à l’unité nationale et autres accusations. Le membre du gouvernement considère que la libération de Sansal est une «question humanitaire». Concernant la situation judiciaire de l’écrivain, ce dernier et le ministère public ont fait appel du jugement, une procédure qui empêche la grâce présidentielle de l’intéressé, jusqu’à ce que l’appel soit examiné et qu’il n’y ait pas de pourvoi en cassation de la part de l’intéressé ou du ministère public concernant la décision attendue de la Chambre pénale. La deuxième condition pour la reprise du dialogue, selon Retailleau, concerne l’acceptation par Alger d’accueillir les ressortissants algériens faisant l’objet d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Retailleau insiste sur ce dossier, en faisant référence à «la demande d’expulsion de l’Algérien qui a commis le meurtre à Mulhouse, 14 fois par les autorités algériennes, qui ont refusé de le reprendre, malgré l’existence d’une convention bilatérale entre-nous depuis 1994». A première vue, le ministre qui lie la résolution de la crise au règlement de ces deux questions, ne croit pas si bien se tromper car il ignore les autres questions essentielles telles que le retrait de la France de la proposition de l’ONU concernant la question du Sahara occidental, considérée comme une question de décolonisation, ainsi que son refus de coopérer judiciairement dans l’affaire de l’ancien ministre de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb. Retailleau espère continuer à marcher sur deux pieds quitte à en perdre un dans le jeu politique en coulisses, en multipliant les déclarations sur les journaux et plateaux. S’avouant implicitement invaincu, il ne manque pas d’occuper les projecteurs. Interrogé sur la manière dont le gouvernement français a géré la crise avec l’Algérie, Retailleau s’est montré prudent et un peu évasif se contentant de dire qu’on attend des actes concrets». Bien qu’il n’ait pas été mentionné dans le communiqué conjoint après l’appel téléphonique entre Tebboune et Macron, le ministre de l’Intérieur français affirme qu’il est «toujours impliqué» et qu’il n’a pas été exclu de la gestion de la crise avec l’Algérie.


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