Le ministre français des AE, Jean-Noël Barrot, ce dimanche à Alger. Peut-on jouer enfin carte sur table?

Jean Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères, est annoncé, ce dimanche à Alger où la reprise du dialogue entre les deux pays est conditionnée par les éclaircissements de la France officielle de Macron et de certains des ministres de son gouvernement comme Retailleau sur leurs dernières sorties contre l’Algérie et les développements qu’elles avaient générés sur les relations bilatérales algéro-françaises. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, est enfin en Algérie. Il se rendra à Alger, ce dimanche 06 avril 2025, sur invitation de son homologue algérien, Ahmed Attaf. Une visite qui promet et devra défricher le terrain, face aux nouveaux défis qui attendent le deux pays, après une tension des plus tendues et de frictions de point de vue sur certains dossiers stratégiques marqués par une conjoncture internationale peu enviable. Du coup, on peut dire qu’un nouvel élan est aujourd’hui et plus que jamais espéré par l’Algérie et la France à leur coopération. L’entretien téléphonique entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron a vu son objectif principal de relancer le dialogue réussi. L’autre objectif serait d’établir un calendrier clair pour la reprise des relations bilatérales et de traduire en actions concrètes les engagements pris par les deux chefs d’État. Les relations entre Alger et Paris se sont envenimées et amplifiées par les déclarations controversées du ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et certains membres du gouvernement français, sans parler de l’extrême droite, parti de Marine le Pen, dans de beaux draps car rattrapée par une histoire d’argent sale, ce qui la priverait pour l’instant de sa candidature à la présidentielle. Il faut dire que le rouleau compresseur s’est vite retourné et que tout porte à croire que les rapports entre Alger et Paris seront dorénavant projetés vers l’avenir sur fond de dossiers sensibles et stratégiques qui intéressent les deux pays et de deux peuples liés par une histoire et un passé communs. Suite à la confusion provoquée par le ministre de l’Intérieur français sur l’Algérie, le Quai d’Orsay a réaffirmé que le ministère des Affaires étrangères reste le principal acteur de la diplomatie française, tout en soulignant le rôle décisif d’Emmanuel Macron dans l’orientation stratégique des relations avec Alger. Macron a lui-même reconnu qu’en tant que président français, légitimement élu par les Français, qu’il était le seul habilité et en droit de donner ses positions et de prononcer sur un dossier aussi sensible que celui de l’immigration et non pas à Retailleau. Depuis les événements se sont bousculés à un rythme d’ascenseur. Le 31 mars 2025, Macron a contacté Tebboune pour lui présenter ses vœux à l’occasion de l’Aïd El-Fitr et évoquer les tensions accumulées ces derniers mois. Parmi les sujets sensibles, figurait l’échec de l’expulsion de l’influenceur algérien Doualem qui a provoqué une vive réaction d’Alger, ravivant les crispations entre les deux pays. Un autre dossier a récemment envenimé les relations franco-algériennes: la condamnation de l’écrivain Boualem Sansal à cinq ans de prison ferme et à une amende de 500.000 dinars. La France a exprimé ses regrets face à cette décision, rappelant son attachement à la liberté d’expression. «Nous avions déjà fait part de nos inquiétudes quant à sa situation, notamment en raison de son âge», a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay. Ce dossier illustre les différences persistantes entre Paris et Alger en matière de droits fondamentaux et de justice. Dans ce contexte tendu, la coopération judiciaire devrait connaître un nouvel élan avec la visite prochaine du ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, en Algérie. Ce déplacement s’inscrit dans une volonté commune de renforcer les mécanismes de collaboration entre les deux pays en matière juridique et judiciaire. La visite de Jean-Noël Barrot revêt une importance stratégique. Elle devrait permettre d’établir un plan d’action concret pour la relance de la coopération bilatérale, en définissant des étapes précises et des engagements mutuels. Cette rencontre diplomatique marque une volonté commune de tourner la page des tensions et de poser les bases d’une relation plus stable et constructive. Mais l'Algérie a également des raisons d'être en colère notamment cette obsession de l'extrême droite de cibler les Algériens à chaque fois qu'une crise politique éclate en France ou à l'approche des élections présidentielles. Les thèmes récurrents que sont la sécurité des Français et l'immigration continuent d'animer et d'envenimer les débats en France et curieusement à chaque fois l'Algérie est citée. Quant à la coopération judicaire, celle-ci est censée être effective des deux côtés. Mais la France ne joue pas toujours le jeu. Exemple édifiant: le cas Bouchoureb. Enfin, les deux présidents ont convenu d’une rencontre future afin de sceller ces avancées et d’assurer une mise en application effective des engagements pris. Cette dynamique pourrait marquer un tournant dans les relations entre l’Algérie et la France, en favorisant un dialogue renouvelé et des actions concrètes pour une coopération durable.


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