Alors que la crise entre Alger et Paris s’aggrave, Bruno Retailleau s’enfonce de plus en plus dans les pressions du RN et même de son gouvernement. Celui par qui le «scandale» de son prétendu «rapport de force» a conduit à la dégradation des relations entre l’Algérie et la France car marquée par une série de décisions pour le moins inappropriées prises par ce ministre de l’Intérieur dont les listes d’expulsion de ressortissants algériens, soumises à Alger et auparavant, son bras de fer avec l’Algérie, concernant l’affaire de l'écrivain journaliste franco-algérien Boualem Sansal et de l’expulsion ratée à partir de France d’un influenceur algérien, accentuant, de fait, la crise entre les deux pays déjà suffisamment tendue.
Autant de bévues de Retailleau qui ont vite fini par exaspérer l’Elysée, les socialistes et même le président français Macron qui, dans sa dernière sortie sur cette affaire, a déclaré qu’il ne faut pas dépasser les prérogatives du président.
Evidemment, Retailleau ne sait plus tenir la tête, tellement la pression lui pèse comme une chape de plomb sur les épaules. Et comme une débâcle ne survient jamais seule, le leader du parti «La France insoumise» (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a vertement dénoncé le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, pour ses attaques contre l'Algérie, lui rappelant que c'était au ministre des Affaires étrangères de s'occuper des questions liées à l'émigration. Le ministre de l’Intérieur français qui semble tenir tête à son président français, pourtant peu bavard et au ton modéré ces derniers jours, à propos des questions algéro-françaises depuis quelques semaines, est aujourd’hui la proie facile d’une campagne de contestation de plusieurs chefs de file de partis français. Mélonchon s’est dit contre les déclarations d’immixtion de Retailleau dans ce qui ne regarde pas son portefeuille ministériel. Intervenant lors d'un meeting contre le racisme et l'extrême droite organisé mercredi à Brest (Nord-ouest de la France), Jean-Luc Mélenchon s'est insurgé contre l'immixtion de Retailleau dans un dossier qui relève des compétences du ministre des Affaires étrangères. "Cela ne sert à rien de créer des tensions" avec l'Algérie, a-t-il dit, reprochant tout particulièrement au ministre français de l'Intérieur de parler de mesures de représailles, prévoyant la limitation de la circulation des personnes entre les deux pays. "Dans quel monde vivez-vous? Vous n'êtes pas au courant qu'un Français sur quatre a un grand-parent étranger? Quand j'étais gamin, c'était un sur dix. Vous parlez de nos familles, M. Retailleau", a-t-il clamé. Jean-Luc Mélenchon a critiqué la volonté affichée par le ministre d'empêcher les membres d'une même famille de s'inviter mutuellement. "Vous voyez toute personne du Maghreb comme un ennemi, comme quelqu'un qui pose problème", a-t-il assuré. "On ne vous laissera pas faire ça, trier les Français d'après d'où ils viennent, leur permettre ou leur interdire d'avoir une vie de famille, d'après je ne sais quel critère, ce n'est pas M. Retailleau qui va décider ça", a-t-il tonné."(...) On ne va pas régler les problèmes comme ça. Il faut vivre avec son temps. Le temps de la colonie est terminé. On ne donne pas d'ordres aux autres", a-t-il soutenu. Quelques heures avant l'intervention de Mélenchon au meeting de Brest, un député du même parti, David Guiraud, était intervenu au Parlement français, pour dénoncer les agissements du ministre de l'Intérieur. "Vous vous êtes visiblement trompé de ministère puisque vous ne parlez que de l'extérieur et surtout de l'Algérie. Pourtant, le taux d'exécution des OQTF (Obligation de quitter le territoire français) pour l'Algérie est le même que pour le Maroc, la Tunisie ou le Mali, témoignant que vous ne vous agitez pas pour les Français, mais pour vos propres intérêts", a-t-il dit. Deux jours plus tôt, la présidente du groupe parlementaire de LFI, Mathilde Panot, avait elle aussi critiqué Bruno Retailleau suite à ses déclarations haineuses à l'encontre de l'Algérie. Elle l'avait qualifié de "fauteur de troubles", lui reprochant de s'"attribuer des prérogatives qui ne lui reviennent pas". La députée du Val-de-Marne a souligné que Retailleau "n'est ni ministre des Affaires étrangères ni président de la République", et qu'il outrepassait ainsi ses fonctions.