Tigditt, ce grand quartier, cet antique espace de la ville de Mostaganem, celui qui a vu naître le nationalisme à une époque où l’oppression coloniale faisait rage, celui qui a donné ses enfants en sacrifice pour l’indépendance, celui qui a marqué une glorieuse page de l’histoire de cité…celui que l’on oublie sur les feuilles de routes du développement. Tigditt se souviendra toujours de tous les responsables qui se sont succédé et qui ont fait pis de son avenir. Ce faubourg maltraité par sa géographie, marginalisé par les responsables, sans développement visible a été investi, à une époque donnée, par l’obscurantisme conséquence de l’absence de l’Etat qui a ignoré sa prise en charge. Et les effets ont été monstrueusement caustiques pour sa population qui n’arrive pas à panser ses blessures jusqu’à ce jour. Tigditt porte gravée son histoire mais on lui a collé un cliché qui n’est pas le sien. Cette partie de la commune représentant presque le tiers du tissu urbain, séparée par l’Oued Ain Sefra ne connaît pas les responsables car ils ne s’y rendent presque jamais en bas. Ce quartier même de par sa grandeur, son héroïque histoire et le nombre de sa population n’a toujours pas bénéficié de plan de développement digne de ce qu’il représente. Faut-il rappeler que cette partie de la ville n’est toujours pas sortie de sa léthargie et continue à être un lieu de non droit. A défaut de structures de l’Etat dans ce quartier, l’exclusion est percevable, tous les maux s’y installent et tout peut être permis. En dehors de l’intérieur des établissements scolaires, même le drapeau national n’existe pas. Sahat Echouhada en témoignera de la valeur de ce quartier…«El Qahira», néanmoins, il faut le savoir. La jeunesse, assez importante en nombre, est restée loin de l’intérêt des responsables car à défaut de structures de loisirs, de culture, de sport… Celle-ci demeure sous la menace de tomber dans la délinquance et devenir une potentielle proie du banditisme. Dans les labyrinthes de Tigditt, on croise le malaise, le poids d’un cadre de vie indigne à un quartier ayant tout donné. Sur le plan économique en général, c’est illusoire et dans ce désert, l’emploi est impossible. Face au taux de chômage élevé, d'autres pratiques «illicites» occupent la jeunesse de Tigidtt. Par conséquent, plus de 15 % de la population carcérale sont du quartier d’en bas et c’est fastidieux. Avec l’implantation de la cité administrative à la Salamandre, on a enfoncé le clou, éloignant Tigditt de toute autorité et cet éloignement génère chez ses habitants une atmosphère d’abandon et un sentiment de mépris. On peut considérer que cette zone est aussi une zone d’ombre urbaine. Toutefois, les élus de l’APC et parmi eux des enfants de Tigditt n’ont pas encore daigné faire un état des lieux pour envisager apporter à ce faubourg de la vie et du développement. Pour rappel, le maire et son staff, sans se soucier de la décadence du quartier, ont assisté à une activité folklorique à Souika, sur la place des martyrs comme si Tigditt avait besoin de folklore. Tigditt a besoin d’être valorisée comme cité par des projets qui apporteraient de l’hygiène, de la verdure, du confort et de la quiétude à ses habitants. Les habitants de Tigditt aspirent à un cadre de vie sain avec une autorité présente… À ce rythme, Tigditt pourrait replonger dans des aventures idéologiques à ne plus s’en sortir.
Mostaganem. Des décennies après, Tigditt ne figure sur aucun plan de développement
- par Charef Kassous
- Le 18 Septembre 2024
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