Brouille entre Alger et Paris. Le jeu dangereux de Bruno Retailleau

Du côté français, ça chauffe fiévreusement. Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, grand acteur de l'extrême droite, dit préparer une série de mesures qui seront étudiées au niveau de la haute sphère des décisions et réfléchir sur les moyens que compte mettre en place la France pour «riposter» à l'Algérie. Le ministre français, Bruno Retailleau, accuse les influenceurs de propagation de la haine, de l'antisémitisme et du crime sur les réseaux sociaux. Il va encore plus loin dans ses menaces, en remettant en cause la grandeur de l'Algérie car, selon lui, un «grand peuple ne détient pas quelqu'un, de surcroît un grand écrivain qui est malade et âgé de 80 ans». Le subterfuge utilisé par la partie française après le discours du président Tebboune, au palais des Nations et le volte-face du président français, quant au sort réservé à l'écrivain Boualem Sansal et cette idée farfelue que «l'Algérie veut humilier la France», meublent l'actualité et ouvrent les hostilités dans l'Hexagone contre l'Algérie via les relais classiques de l'extrême droite. Lorsque Retailleau déclare: «On a atteint avec l’Algérie un seuil extrêmement inquiétant». Il sonne ainsi le glas de l'escalade politico-médiatique contre l'Algérie et ses dirigeants. Dans ses menaces, le ministre français de l'Intérieur énumère une série de mesures qu'il compte exécuter pour faire pression sur l'Algérie et plus précisément sur les Algériens. Ces mesures ne sont pas nouvelles, elles sont tout simplement remises au goût du jour à l'occasion du différend qui oppose les deux présidents algérien et français. Restriction des visas, hausse des tarifs douaniers, baisse de l'aide au développement sont les mesures réitérées pour soi-disant «faire plier l'Algérie». Les menaces de Retailleau prennent une proportion inquiétante puisqu'il dit ne «rien laisser passer». Bruno Retailleau a évoqué les tensions diplomatiques entre les gouvernements français et algérien, au lendemain du renvoi en France d’un influenceur qui avait été expulsé vers l’Algérie. Retailleau s’est indigné du fait qu'Alger cherchait à «humilier la France, vendredi dernier au lendemain du retour en France de l’influenceur algérien de 59 ans, Doualemn, qui avait été expulsé, ce jeudi 9 janvier, après la publication sur les réseaux sociaux d'une vidéo jugée «haineuse». «En tant que ministre de l’Intérieur, je ne veux rien laisser passer», a martelé le locataire de la place Beauvau. Le ministre justifie ce fait que l'influenceur algérien est avant tout détenteur d'un passeport biométrique algérien, cela sous-entend qu'il doit être récupéré par son pays d'origine. Quant à la problématique de délivrance de visas puisque l'Algérie a de tout temps dénoncé les refus et les restrictions qui ont atteint un plafond inadmissible, le ministre français s'appuie sur les dernières estimations car, selon lui, «la France distribue 25% du total des visas que délivre toute l’Union européenne. En 2023, elle en a délivré 2,5 millions». La France était première dans l’attribution des autorisations à se rendre sur le territoire national pour un temps déterminé. Dans cette estimation sur le nombre de visas accordés aux Algériens, il cite: «l’Allemagne, juste derrière nous, en a délivré 1,4 million en 2023. C’est donc pratiquement un million de différence», a pointé le Vendéen. Pourtant, le ministre fait fi de la décision de justice qui, lors de l'enquête menée contre l'influenceur algérien, a écarté tout caractère criminel à sa vidéo ou antisémite.


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