Il est prématuré d’émettre un jugement juste et objectif sur la situation en Syrie, soit à peu près, un mois depuis la chute spectaculaire et inopinée de l’ancien régime. Sur les lieux, le chaos est toujours maître de la situation. Il est impossible de se faire une idée, juste sur ce qui se passe là-bas, vu les sources d’informations controversées. Il sera très malhonnête de prétendre que l’ancien régime déchu avait laissé un pays fort, selon les normes !? C’est un simulacre d’Etat géré «sécuritairement». D’abord, il faudrait commencer par régler la situation d’environ huit millions d’expatriés forcés qui vivaient pendant une décennie dans les pays voisins. Attention! La mission de redressement du pays ne va pas être une balade et les cadres politiques du nouveau régime devraient redoubler d’efforts, s’ils étaient sincères, en visant une sortie rapide du chaos. Toutefois, il faudrait avoir confiance dans ce peuple syrien qui est une nation instruite, cultivée et civilisée ayant derrière elle un cumul historique de quatre ou cinq millénaires de civilisations qui s’y étaient succédé. La ville de Damas, c’est historiquement la plus ancienne capitale d’un Etat qui demeure toujours capitale d’une entité politique. C’est le pays où vivaient côte à côte, depuis des siècles, une vingtaine de communautés composées de religions, de rites, de cultures, de races et langues différentes… Les Irlandais aimaient répéter un adage bien de chez eux: «Si vous croisez deux Irlandais qui se disputent, sachez qu’un Anglais avait passé la nuit chez l’un d’eux». Avant l’événement du colonialisme et du sionisme, toutes les communautés du Moyen–Orient coexistaient sans problèmes, dans le respect mutuel qui n’existait pas encore dans une Europe fanatisée à outrance. La mission consistant à redonner un souffle magique pour que la Syrie reprenne ses forces et se remette sur pieds, n’est pas une chose aisée. Les groupuscules armés de tendance idéologique islamiste, ne vont pas, selon les signes avant-coureurs en provenance de ce pays, imposer par la force, leur idéologie au reste des Syriens. C’est-à-dire, un Etat «islamiste» selon l’approche Daechiste. Si les forces politiques du pays réussissaient à mettre en place une Constitution civile pour un Etat civil, démocratique et des Droits de l’Homme, ça serait donc la plus grande victoire du peuple syrien sur la discorde sur laquelle misaient les ennemis de ce pays. Je ne serai pas en train de renchérir, en disant que la nation syrienne est sur le point de subir la plus grande épreuve de son Histoire.