Erigé en plein centre-ville. Éclairage sur l’histoire du Palais Consulaire
Par Youcef Benguettat
L’Historique du Palais Consulaire, ensuite devenu la Chambre de Commerce et d’Industrie Dahra Mostaganem. Héritage de la période coloniale, son histoire est très riche, de par la conception de l’ouvrage en lui-même, érigé en plein centre-ville, faisant face à la Poste. La construction de ce Palais Consulaire par l’architecte du Gouvernement, Monsieur Paravisini, puis son inauguration, a été faite le 07 Décembre 1938. Mais avant de continuer, retournons à l’historique qui est la Création de la Chambre de Commerce à Mostaganem. Plusieurs questions se posent: la date de sa création ? Où exactement? Pendant combien de temps avant la construction du Palais Consulaire? A toutes ces questions nous allons retracer son Histoire et répondre en nous basant sur les documents collectés de cette époque. Nous avons retrouvé un document très important dans un livre intitulé: ALGÉRIE CONSEIL GÉNÉRAL DE LA PROVINCE D’ORAN
RAPPORTS DE M. LE PRÉFET PROCÈS –VERBAUX DES SÉANCES SESSION DE 1862. En cette séance du 1er Octobre 1862 en page 110.
Il est écrit ceci: Sont renvoyées à la Commission des vœux les pièces suivantes: Création d’une Chambre de Commerce à Mostaganem.
Voilà un document qui mérite sa place dans l’Histoire de Mostaganem. Donc, à juste titre, nous pouvons dire que cette date du 2 Octobre 1862 marquait la naissance de la Chambre de Commerce de Mostaganem. Nous avons un article de journal, «L’INDEPENDANT» de Mostaganem daté du Mercredi 24 Décembre 1890. Il rapporte ceci: Mostaganem, 23 Décembre 1890. Sous le Titre: «PAS SI VITE», signé RAOUL BESSON. Mostaganem, à cette période, faisait partie des 5 arrondissements d’Oran. Nous vous livrons un passage qui nous démontre la ténacité des Mostaganémois. Mais Mostaganem s’est lassé d’être traitée en quantité négligeable. Notre arrondissement veut avoir une Chambre de Commerce et en attendant que le Ministre fasse droit à cette légitime requête, il entend être représenté à celle d’Oran. Qui pourrait dire que nos prétentions sont démesurées?... Quel que soit le résultat du vote dans tout le département, la manifestation de Samedi aura donc pour effet de prouver au Ministre que nos forces sont imposantes et que nous n’entendons plus rester à l’écart du mouvement économique, que les Chambres de Commerces ont pour mission d’augmenter et de diriger… Un complément du même journal nous donne une autre information qui a son poids: sous le titre «La Chambre de Commerce». Le commerce de l’arrondissement est certainement assez important pour justifier la création d’une Chambre de Commerce à Mostaganem, et on ne s’explique guère pourquoi le Gouvernement a cru devoir jeter au panier, sans même les examiner, deux demandes qui lui ont été faites en vue de cette création en 1879, et en 1886…Il faut attendre 16 années pour voir le rêve se concrétiser.
La revue «LA QUINZAINE COLONIALE» du 10 Janvier 1902 Tom XI N°121
La création d’une Chambre de Commerce à Mostaganem, n°:121…10 par Décret en date du 29 Décembre (1901), publié à l’Officiel du 31, il vient d’être créé une Chambre de Commerce à Mostaganem. Cette Chambre a pour circonscription l’Arrondissement de Mostaganem et le territoire de la Commune de plein exercice de Tiaret, de l’arrondissement administratif d’Oran, qui sont distraits de la circonscription de la Chambre de Commerce d’Oran. Elle est composée de douze membres dont dix français et deux musulmans. Nous voilà arrivés à la question Où se trouvait-elle exactement? Nous avons une description de l’endroit exact que nous avons retrouvé dans une revue intitulée «les amis de Mostaganem» et sur une page portant au bas Mosta 64 p 14, il est écrit ceci: À Propos «DU PALAIS CONSULAIRE». Il y a longtemps déjà, un ami M. Robert Rousselot, malheureusement décédé depuis, nous avait envoyé cette anecdote. «Jusque vers le milieu des années 30, les bureaux de la Chambre de Commerce furent situés au fond, à gauche, de la rue d’Oran longeant le Théâtre (Entre le théâtre et le Grand Café,) qui débouchait sur la Rue du Capitaine Blanche (Dominant le quartier Colonieu). Ces bureaux étant devenus trop exigus, il fut décidé de construire, face à la Poste, un grand bâtiment pour les y installer. Autre témoignage : monsieur Pierre Lemoine Nous avait donné les précisions suivantes : C’est l'Édifice qui abrite les services de la Chambre de Commerce et d’Industrie auprès des pouvoirs publics (cf: Juge consulaire: Juge élu d’un Tribunal de Commerce, est-ce là l’origine du nom ?). Il a été édifié vers 1938 à l’instigation de mon père M. Lucien Lemoine, Président de la Chambre de Commerce de Mostaganem, frère d’Adrien Lemoine, alors Maire de Mostaganem. Nous avons un avis mis au concours avec plus de précision sur la construction d’un Palais Consulaire sur le journal «La Gazette» en date du samedi 08 septembre 1934 et son inauguration le mercredi 07 décembre 1938. Les inscriptions sur la façade avenue cheikh Ibn Dine : O fortunatos nimium, sua si bona norint, Agricolas! Quibus ipsa procul discordibus armis, Fundit humo facilem victum justissima tellus. Traduction Virgil, Géorgiques, II, 458-460. (Trop heureux, s’ils savaient leur bonheur, les paysans. Loin des luttes armées, la terre elle-même, dans sa très grande justice, leur offre volontiers les fruits du sol). La deuxième inscription donnant sur le pont du 17 octobre 1961(Phrase tirée de Virgile). Salve, Magna parens frugum, Saturnia tellusMagna virûm. Traduction Virgile, Geor, II, 173-174. (Je te salue, terre de Saturne, terre féconde en fruits et en grands Hommes). Pour cette inscription «Saturnia» a été remplacée par Africana.
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El fouroussia, un art qui marque la ruralité
Par Med Krelifa
Le monde rural Mostaganémois est connu pour ces El fouroussia (fantasias) qui sont organisées régulièrement de nos jours encore et un peu partout dans le pays, en particulier à l’occasion des mewssems, rassemblement dont le prétexte est la célébration du souvenir d’un saint patron. Généralement, elles se déroulent après les différentes campagnes agricoles qui rythment les saisons. Depuis la nuit des temps, les Médjahères et ness Dahra fixent leurs calendriers pour organiser de telles manifestations festivo-religieuses. Les différents mewssems dans notre wilaya sont les suivants: Sidi Abdellah – Sidi Bendehiba, Sidi Charef, Sidi Adjel, Sidi Adda Hadj, chenania, Sidi Hamou, Sidi Amar, 3ar3ar, Sidi Affif, Sidi Lakhdar, Sidi Khettab. Pour les Medjahers et ness Dahra impossible d’échapper à la fascination qu’exerce la légendaire El fouroussia. Une tradition équestre qui met à l’honneur les différentes races de chevaux. Si les pouvoirs publics encouragent de telles manifestations, c’est aussi parce qu’elles permettent le maintien de traditions dont la vivacité constitue indéniablement un puissant attrait touristique. Surtout parce qu’elles fournissent un prétexte aux gens de la campagne pour continuer à élever des chevaux: de bons chevaux, capables de briller sous la selle de leurs cavaliers enturbannés. Comment se déroule le choix de la date du mewssem? Le Moukadem d’un saint patron invite les doyens des différents douars à une réunion en présence du Président de l’APC. Cinq ou six doyens sont choisis pour convenir avec le président de l’APC de la fixation de la date du mewssem. Une fois l’événement acté, le Moukadem convie ensuite à un couscous traditionnel et rendez-vous est pris pour célébrer l'événement. Avant les évènements de la décennie noire, l’APC fournissait la poudre et les cartouches, depuis il y a la débrouille. Le mot El Fouroussia est-il bien choisi? Il évoque, en effet, quelque chose de joyeux, festif et spirituel, - ce qui est tout à fait le cas de cette exhibition équestre, qui se joue sur une très courte distance (150 à 200 mètres suffisent) et consiste – en gros – à lancer son cheval, départ arrêté, à vive allure, à lui demander une accélération foudroyante, pour l’arrêter pile en bout de piste, au pied des spectateurs médusés. Ce n’est pas tout: il faut qu’au milieu du parcours à peu près, les cavaliers fassent «parler la poudre» tous à l’unisson sinon le public ne l’apprécie guère. Le faisant ensuite tournoyer en l'air, le reprenant, revenant sur leurs pas et recommençant toujours avec le même plaisir, avec la même ardeur, si longtemps que dure la poudre». En amont de l’évènement, on y trouve un souk où les commerçants étalent leurs marchandises hétéroclites, des tentes de bouches pour se restaurer, même des bouchers sont de la partie vendant des bêtes égorgées sur place dans une hygiène douteuse. Le soir venu, ce sont les meddahs et les chanteurs du melhoun qui animent les soirées. Les tolbas récitent le coran au niveau du mausolée du saint patron et reçoivent la ziara. Le doyen Boukheddach Hadj Abdellah du douar Khedachia est l’un des infatigables cavalier qui dirigea sa «3alfa» durant plusieurs années, en encadrant onze cavaliers tous habillés d’un burnous «ewber», d’une abaya «tissour» un pantalon plissé, et des bottes de cavalier en cuir véritable, ainsi que le turban avec son fil marron, d’un modèle coloré et bien sûr son fusil. El Hadj disait que nos chevaux sont gentils et bien dans leurs têtes. Ils ont un sang allié à un « faux tempérament froid». Ils ont de l’énergie à revendre mais celle-ci est facile à canaliser car ils sont d’un tempérament docile. Calme et explosif à la fois. Le cheval que nous possédons dans la région me disait-il est agréable à éduquer car il comprend vite. Tranquille au repos, tonique sous la selle… Nul doute que cet ancien cheval de guerre, d’une générosité et d’un courage impressionnants, est resté un guerrier dans l’âme! Dès que je le sollicite, il donne le maximum de lui-même. Il bénéficie d’un très bon mental, stable et équilibré. EL hadj comme certains de ses voisins Medjahris, ont cette tradition de dresser leur «khaïma» au mewssem respectivement de Sidi Abdellah, Sidi Charef, Sidi Bendehiba qui se déroulent dans une des tribus des Médjahers dans laquelle ELHadj convie des cavaliers invités et des pauvres à un couscous bien garni de viande d’agneau pendant toute la période d’un jour et demie que dure cette manifestation. Yahasrah s’exclama avec nostalgie! Même les conflits entre douars sont réglés à cette occasion. Cet évènement est aussi un produit touristique qui est mal exploité par les autorités du tourisme, de la culture, des communes ainsi que les acteurs du tourisme par l’absence d’actions de marketing et de sponsors. C’est pourtant intéressant de faire découvrir cette niche aux touristes. El Fouroussia comme une pratique guerrière devenue un rituel folklorisé. En effet, le spectateur y vit une sorte de simulacre de bataille: une espèce de petite guerre au combat simulé. Il y a de cela, en effet, toute la conception de la guerre, toute la tactique des Médjahers et des Dahraouis fidèles cavaliers combattants aux côtés de l’Emir Abdelkader: la charge et le repli brusque, la fuite simulée dont El Fouroussia est une sorte de parodie, d’illustration ludique. L’histoire nous apprend que «El Fouroussia (fantasia) est attestée en Algérie dans sa version originale au sein même de la Numidie or à l’époque même de l’antiquité. C’est une technique de guerre exécutée par les cavaliers de Massinissa, le roi de la Numidie orientale avec d’étendre son royaume à la Numidie occidentale. C’est une technique d’attaque et de repli propre aux cavaliers numides». «Cependant, El Fouroussia en Algérie relève indirectement d'une tradition équestre berbère très ancienne, à mettre en rapport avec l'introduction du cheval barbe dans le pays dès le XIIIe siècle av. J-C»