Cité du 05 juillet. La réhabilitation doit s’adapter aux normes modernes de l’urbanisme
Par Y.Zahachi
La Cité du 5 Juillet, un quartier de Mostaganem comptant plus de 14.000 habitants, sise sur 31 hectares, fait l'objet d'un vaste projet de réhabilitation, lancé en septembre 2025, avec un budget estimé à 20 milliards de centimes, incluant explicitement la réfection de la voirie et des trottoirs internes. Cette opération, pilotée par M.Ahmed Boudouh, wali de la wilaya, vise à éliminer les points noirs urbains et à moderniser le cadre de vie, sans transformer le site en simple cité dortoir. Bien que les détails techniques sur les trottoirs restent limités dans les annonces officielles, une évaluation à la lumière des normes algériennes d'accessibilité et d'urbanisme s'impose pour juger de leur pertinence. En effet, les normes algériennes (NA 16227), relatives à l'accessibilité des personnes handicapées physiques, exigent pour les trottoirs une largeur utile minimale de 77 cm pour le passage d'un fauteuil roulant, extensible à 120 cm en cas de virages à 90° sans dégagement et une pente maximale de 5% dans le sens de la circulation. Les ressauts ne doivent pas dépasser 2-4 cm avec chanfrein à 33% et les bords doivent être abaissés devant les passages cloutés pour faciliter les franchissements, avec un dévers limité à 2-3% afin d'éviter les glissades pour les personnes à mobilité réduite, malvoyants ou usagers de poussettes à bébés. Ces prescriptions, issues de l'Institut Algérien de Normalisation (IANOR), intègrent aussi la sécurité pour tous les usagers en séparant le trottoir de la chaussée par une bordure surélevée de 14 cm environ. En termes d’évaluation de la conformité du projet de la Cité du 5 Juillet, celui-ci mentionne la réhabilitation de la voirie, sans préciser les dimensions des trottoirs, mais l'approche globale, diagnostic approfondi et coordination interservices, suggère une prise en compte des usagers diversifiés, alignée sur les objectifs de dynamisation urbaine. Des projets similaires à Mostaganem, comme la réhabilitation d'immeubles ou d'entrées urbaines, montrent une tendance à l'amélioration progressive, mais des audits indépendants s'avèrent nécessaires pour vérifier l'intégration effective des bandes podotactiles, des espaces de croisement (1,40 m minimum) et la prévention des dévers excessifs. Maintenant, en terme de considérations sur le stationnement et la sécurité routière en bordure de chaussée, les normes préconisent une surélévation trottoir-chaussée évitant la détérioration des bas-de-caisse ou portières, avec des emplacements pour personnes à mobilité réduite de 3,30 m minimum et signalisation horizontale claire. À la «Cité du 5 Juillet», la réfection de la voirie interne doit préserver cet équilibre pour prévenir les empiétements piétons sur la chaussée, un risque courant dans les lotissements anciens d'Algérie. Si le projet respecte ces gabarits, bordure de 14 cm et largeur libre de 1,40 m, il contribuera à la sécurité des personnes à mobilité réduite et véhicules, renforçant l'«inclusivité» urbaine prônée par les autorités. Ce chantier se poursuit actuellement au niveau de la Cité «5 Juillet», illustrant l'engagement de Mostaganem pour un urbanisme modernisé, sa réussite dépendra de la transparence sur les spécifications techniques et d'un suivi responsable pour garantir la conformité aux normes nationales, pour la sécurité et le bien-être des citoyens.
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Requalification de la place Ayachi Belhadj (Ex-du Barail)
Par Med Krelifa
La place Ayachi (ex-du Barail) est emblématique et s’impose comme un lieu fréquenté par les seniors qui y passent de longues heures. Le kiosque «Tout va bien» constitue le centre névralgique de la place. Le bureau de tabac et journaux est lui aussi incontournable. Chaque matin, les seniors mostaganémois s’y retrouvent pour échanger, s’informer sur l’actualité locale, commenter les rencontres sportives des clubs de la ville, suivre les performances de l’équipe nationale et lire leur journal quotidien préféré. Autour ‘de tout va bien’, tout se dit, tout se raconte sur la vie de Mostaganem. La place est également entourée de magasins bien agencés, attirant intellectuels, passionnés de football, hommes d’affaires, quelques affairistes, des courtiers et des retraités. Les immeubles haussmanniens qui ceinturent la place, connaissant des aménagements à l’identique, apportent une touche architecturale art-déco à ce patrimoine historique. Cette place possède tous les atouts pour son attractivité touristique. Malgré son importance, cette place est traitée de façon anodine par les autorités. Les bancs installés par l’APC, en forme de trèfle et sans dossier, sont souvent sales et inconfortables, rendant la fréquentation difficile. Les seniors doivent rester debout, ce qui accroît leur fatigue. Des solutions pour une convivialité renforcée sont à préconiser. Cette place mérite une requalification complète avec un mobilier adapté et confortable, avec des bancs à dossier et éventuellement des tables autour du kiosque. Une «végétalisation» soignée pour apporter ombre, fraîcheur et beauté. Un aménagement ergonomique pour faciliter la circulation et la détente des seniors. L’intervention d’un paysagiste et d’un architecte en design doit être un impératif pour concevoir un espace accueillant et convivial. Ces améliorations permettraient non seulement de valoriser le kiosque «Tout va bien», mais aussi de rendre la place plus agréable pour tous, en particulier pour ses habitués et les visiteurs.
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Rôle de l’école coranique traditionnelle en période coloniale
Par H.Med Soltane
(1ère partie)
Les Djamaa ou Chrea (souvent synonymes d'écoles coraniques élémentaires, ou Kouttabs, par opposition aux Médersas qui étaient des écoles supérieures) fonctionnaient selon un modèle largement décentralisé et communautaire.
Voici les détails sur leur fonctionnement, leur financement et le programme des cours :
-Fonctionnement des Djamaa et Chrea
Lieu et Organisation: Ces écoles étaient souvent situées dans une salle attenante à une mosquée, dans une zaouïa (lieu de culte et d'enseignement d'une confrérie religieuse), ou parfois dans une simple pièce chez le Cheikh (maître).
Méthode Pédagogique: L'enseignement était basé sur la mémorisation et la répétition collective (Talaba) du Coran. Les élèves, de tous âges et de tous niveaux, se réunissaient souvent au sol.
L'apprentissage de la lecture et de l'écriture passait principalement par l'étude des versets coraniques. La méthode était orale et bruyante car la mémorisation se faisait par la récitation à haute voix. Le Maître (Cheikh ou Taleb): Il était l'unique enseignant, souvent formé lui-même dans une zaouïa. Son autorité était grande et son rôle était de transmettre le savoir religieux et d'assurer l'alphabétisation de base.
-Financement: Un Modèle Communautaire et Économique: La description du mode de paiement est tout à fait exacte pour les écoles coraniques du premier degré (les Djamaa/Chrea):
Rétributions des Élèves: Le maître était rémunéré directement par les familles. Ce paiement prenait rarement la forme de monnaie, surtout dans les zones rurales appauvries par la colonisation. Les rétributions étaient souvent versées en nature et selon les moyens de la famille : Denrées alimentaires : Blé, orge, semoule, huile et produits de la ferme : Œufs, poules, fruits ou légumes. Ce système garantissait que l'enseignement restait accessible à tous, même aux plus pauvres. Les Biens Habous (ou Waqf): C'était la source de financement principale des grandes institutions (grandes mosquées, Médersas). Les Habous étaient des biens fonciers, immobiliers ou des revenus légués par des particuliers pour des œuvres pieuses, y compris l'éducation.
Impact de la Colonisation: Dès 1830, l'administration coloniale française a confisqué ou placé sous séquestre une grande partie de ces biens Habous. C'est ce qui a le plus durement frappé le système éducatif traditionnel, le forçant à reposer presque uniquement sur les rétributions en nature des familles. Dons Communautaires : La communauté locale participait également à l'entretien du maître ou des locaux via des dons ponctuels (Sadaqa).
-Programme des Cours
Le programme était avant tout religieux et linguistique, mais sa complexité variait en fonction du niveau de l'établissement :Le fonctionnement des Djamaa et Chrea était un modèle d'autonomie et de résilience populaire qui, malgré la destruction du système de financement par les Habous, a subsisté grâce à la solidarité communautaire et aux paiements en nature des familles, permettant ainsi la survie de l'identité arabo-musulmane. La réflexion met en lumière un aspect très important et souvent tendu de l'histoire de l'Algérie coloniale : le rôle des écoles coraniques (Djamaa ou Chrea) et de leurs enseignants (Chouyoukh) dans la préservation de l'identité algérienne et, par la suite, dans la résistance nationaliste.



