Bilan des activités du Médiateur de Sidi Bel-Abbès. Un baromètre de la gouvernance locale face au défi de la bureaucratie

L'institution du Médiateur de la République, érigée en rempart contre les rigidités administratives et en catalyseur de la qualité du service public, confirme son rôle pivot dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès. Les chiffres, dévoilés par M. Houcine Bouda, délégué local du Médiateur, lors d'une récente journée d'étude, dressent le portrait d'une institution sollicitée, dont l'activité est révélatrice des frictions persistantes entre l'administration et le citoyen, tout en soulignant une dynamique d'amélioration notable.
Depuis le début de l'année en cours, le bureau de wilaya a réceptionné 1.900 nouvelles requêtes et plaintes. Ce flux constant s'inscrit dans une tendance lourde et, en cinq ans d'existence, la délégation a traité un total impressionnant de plus de 13.000 doléances, introduites par plus de 25.000 citoyens. Ces statistiques ne sont pas de simples données administratives; elles constituent un véritable baromètre de la gouvernance locale et de la confiance que les administrés placent dans cette instance pour arbitrer leurs différends avec les institutions publiques. La majorité des griefs se concentre sur des secteurs vitaux qui conditionnent l'accès aux droits sociaux et aux opportunités économiques : l'habitat, l'emploi, l'investissement et l'agriculture. Les plaignants y dénoncent, avec une constance préoccupante, les obstacles bureaucratiques qui se muent en entraves à la jouissance de droits légitimes ou à l'exploitation d'avantages octroyés par l'État. Le retard dans l'obtention du foncier, notamment industriel et agricole, a été explicitement mentionné comme un frein majeur au lancement des projets d'investissement, un point de friction qui interpelle directement la stratégie nationale de relance économique. L'élément le plus encourageant réside cependant dans le taux de résolution favorable. M. Bouda a précisé que 53 % des requêtes adressées aux diverses collectivités territoriales et administrations ont reçu une réponse favorable durant l'année.
Ce taux, au-delà de sa valeur numérique, témoigne d'une reconnaissance accrue par l'administration de ses propres failles et d'une volonté pragmatique de rectifier le tir. Cette efficacité est désormais adossée à une stratégie de célérité renouvelée. Le délégué du Médiateur a mis en exergue l'engagement de ses services à traiter quotidiennement les courriers et plaintes dans un délai maximal de trois jours, marquant une rupture significative avec les délais d'attente pouvant autrefois atteindre un mois. Cette compression des délais est un indicateur fort de l'intérêt croissant porté par l'administration publique à la prise en charge diligente des préoccupations citoyennes. Pour garantir l'amélioration du service public au-delà de la simple gestion des plaintes, les services du Médiateur ont adopté une approche proactive. Depuis le début de l'année, 50 visites inopinées ont été menées auprès de près de 400 institutions et administrations locales. L'objectif de ces inspections est double, à savoir vérifier les conditions d’accueil des citoyens, contrôler la disponibilité et la consultation effective des registres de doléances. A cet effet, pas moins de 700 registres de plaintes ont été examinés, lors de ces opérations de terrain, permettant au médiateur, Mr Bouda, d'affirmer que le citoyen bénéficie aujourd'hui d’un meilleur accueil de la part des fonctionnaires.
Enfin, l'institution s'aligne sur les impératifs de la dématérialisation en promouvant l'usage de sa plateforme numérique.
Cet outil est présenté comme un canal d'accès rapide et efficace permettant l'étude et le traitement des dossiers dans un court délai, avant leur transmission aux administrations concernées. L'action du Bureau du Médiateur de la République à Sidi Bel Abbès illustre la difficile mais essentielle marche vers une modernisation de l'administration publique algérienne. L'ampleur des requêtes souligne l'urgence de démanteler les goulots d'étranglement bureaucratiques tandis que l'augmentation du taux de résolution et la réduction des délais confirment l'émergence d'une administration plus réactive et, in fine, plus responsable face à ses administrés.