La campagne oléicole vient d’être officiellement lancée à Béjaïa, avec des prévisions encourageantes. Pour cette saison, les services de l’agriculture tablent sur «une production de 25 millions de litres d’huile d’olive», soit presque le double de celle de l’an dernier, lorsque la sécheresse et les incendies n’avaient permis d’atteindre que 13 millions de litres. Selon la Direction des services agricoles, «la récolte en cours pourrait atteindre 833.598 quintaux d’olives, avec un rendement moyen de 15,76 quintaux par hectare, une embellie après plusieurs campagnes affectées par les aléas climatiques». Le verger oléicole de Béjaïa est implanté majoritairement en zone montagneuse, dont près de 7% sur des terrains à pente moyenne ou forte. Il est composé à 75 % de vieilles plantations issues majoritairement de greffages d’oléastres. Aujourd’hui, la majorité des oliviers est vieillissante et, faute d’entretien suffisant, leurs rendements tendent à diminuer d’année en année. La filière de transformation reste dominée par les huileries traditionnelles, représentant 41% du parc. Leurs équipements, souvent vétustes, pénalisent à la fois les quantités triturées et la qualité de l’huile produite. La qualité de l’huile est influencée par plusieurs facteurs : la variété des olives, le climat, les pratiques agricoles, les méthodes de récolte et les conditions de stockage. Le gaulage, encore largement pratiqué, entraîne des pertes importantes et produit une huile plus acide, avec des défauts organoleptiques. Les conditions de stockage, souvent archaïques, contribuent également à dégrader la qualité finale. Pour soutenir durablement la filière, les agriculteurs ont reçu 100.000 plants d’oliviers, actuellement en cours de plantation. Pour ce qui est des prix, le litre d’huile se vend, en ce début de campagne, à 1.200 dinars. La commercialisation repose toujours sur des circuits largement informels, sans marché structuré ni dispositif organisé de vente. Les excédents, lorsqu’ils existent, sont soit écoulés hors wilaya, soit stockés pour l’année suivante, ce qui contribue à maintenir des prix élevés malgré la hausse de la production. Les représentants de la filière dénoncent également la circulation d’huiles douteuses, qui nuisent au label kabyle. Ils appellent à une mise à niveau globale qui passe par «l’organisation du marché, la lutte contre l’informel, la création de laboratoires d’analyse, le développement du tissu associatif et la mise en place de crédits adaptés pour l’achat d’olives et le soutien à la récolte». Selon eux, «seule une coordination accrue entre tous les intervenants permettra de professionnaliser la filière, d’améliorer la qualité et de positionner l’huile de Béjaïa sur les marchés internationaux». Avec ses 56.920 hectares d’oliviers et plus de 5,19 millions d’arbres, dont 4,6 millions en production, Béjaïa s’impose comme la capitale nationale de l’oléiculture. Son réseau de transformation comprend 400 huileries (172 traditionnelles, 134 à presse et 94 en chaîne continue) pour une capacité totale de 2.171 quintaux/heure.



