La ville de Chlef vit depuis quelque temps au rythme d’une véritable crise de l’eau potable. Les coupures répétées dans le réseau de distribution sont devenues un cauchemar quotidien pour les habitants, particulièrement durant les heures de soirée et de nuit. Plusieurs quartiers, tels que El-Mosalaha, El-Gaz, Ben Saouna et Lalla Aouda sont régulièrement privés d’eau pendant plus de trois jours consécutifs, suscitant ainsi un profond mécontentement au sein de la population. «Il est inadmissible qu’en 2025, nous subissions encore des pénuries d’eau dans la capitale de la wilaya», s’indigne Abdelkader B, habitant du quartier El-Mosalaha. «L’eau est coupée presque chaque nuit, et parfois elle ne revient qu’après deux ou trois jours.
Nous sommes obligés d’en acheter ou d’en chercher ailleurs, ce qui devient épuisant et coûteux». De son côté, Fatma Z. mère de famille résidant à El-Gaz, déplore les conséquences de cette situation: «la plupart des familles ont installé des citernes sur leur toit pour stocker de l’eau, mais cela provoque d’autres problèmes: des infiltrations, des fissures dans les bâtiments et des risques sanitaires à cause de la stagnation de l’eau». Les coupures nocturnes aggravent particulièrement la vie des familles actives, qui rentrent chez elles après une journée de travail pour trouver les robinets à sec. Youssef A., employé dans une administration publique, confie : «Le plus frustrant, c’est que l’eau est coupée le soir, au moment où l’on en a le plus besoin pour cuisiner, se laver ou nettoyer. Nous réclamons une solution rapide et durable». Un responsable du secteur hydraulique de Chlef explique que ces perturbations sont dues à la baisse du niveau des nappes phréatiques et à l’augmentation de la demande, amplifiée par la chaleur estivale. Il évoque également des travaux de maintenance au niveau de certains réservoirs et stations de pompage, assurant que des efforts sont en cours pour rétablir une distribution plus équilibrée entre les quartiers. Cependant, pour beaucoup d’habitants, ces explications ne suffisent plus. Les promesses se répètent chaque année sans changement tangible. Certains estiment que le problème est structurel, nécessitant une réhabilitation complète du réseau vétuste et le raccordement à de nouvelles sources d’approvisionnement plus stables. En attendant des mesures concrètes, les citoyens continuent à subir les désagréments quotidiens d’une eau rare, symbole d’un dysfonctionnement persistant dans une ville pourtant considérée comme l’une des plus importantes de l’Ouest algérien. Pour Kamel Ben Aïssa, président de l’association environnementale "Environnement et Vie", «la solution passe avant tout par une gestion rationnelle et durable des ressources hydriques». Chlef dispose de ressources non négligeables grâce à ses barrages et forages. Mais la mauvaise gestion et la vétusté du réseau provoquent d’importantes fuites d’eau. Ce sont les citoyens qui paient le prix de ces défaillances. Le militant plaide pour la mise en place d’un plan d’urgence local réunissant l’Algérienne des Eaux, la direction des ressources hydriques et les communes, afin d’évaluer l’état réel des infrastructures et d’engager un programme progressif de rénovation. Il insiste aussi sur la nécessité de sensibiliser la population à l’économie d’eau, notamment pendant les périodes de forte consommation.
L’eau n’est pas seulement une ressource naturelle, c’est un droit humain fondamental», conclut Ben Aïssa. «Quand un citoyen est privé d’eau, c’est sa dignité même qui est atteinte». Ce qu’il faut aujourd’hui, ce ne sont plus des promesses, mais une vision claire, des investissements concrets et un suivi rigoureux de chaque projet lié à la distribution de cette ressource vitale. Ainsi, la crise de l’eau à Chlef demeure un dossier brûlant, oscillant entre engagements officiels et réalité amère, dans l’attente de solutions durables capables de redonner confiance aux habitants et de mettre fin à une soif devenue chronique.
Chlef. Les coupures d’eau attisent la colère des habitants
- par N. Aymen
- Le 08 Octobre 2025
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