Un plan de régénération de l’oléiculture vient d’être lancé dans la wilaya de Béjaïa, à travers une campagne gratuite de plantation de 100.000 plants d’oliviers. La Direction des services agricoles (DSA) a annoncé l’initiative dans un communiqué, invitant les exploitants des 52 communes concernées à se rapprocher des subdivisions agricoles pour déposer un dossier administratif. Entièrement financée par l’État, l’opération couvre aussi bien la fourniture des plants que leur mise en terre. Elle s’inscrit dans la stratégie nationale de développement de l’oléiculture portée par le ministère de l’Agriculture qui vise à porter la superficie oléicole nationale à un million d’hectares d’ici 2030. Avec près de 52.000 hectares d’oliveraies en régime extensif, Béjaïa figure déjà parmi les principaux bassins oléicoles du pays. Ce nouveau dispositif devrait consolider cette vocation et moderniser une filière qui occupe une place centrale dans l’économie et le patrimoine local. Les exploitants ont jusqu’au 30 septembre pour s’inscrire et bénéficier de cette campagne de plantation qui marque une étape décisive dans la relance de l’oléiculture régionale. La wilaya de Béjaïa, pôle d’une huile d’olive réputée dans tout le pays, mise sur ce programme ambitieux pour revitaliser un secteur fragilisé. Il vise à étendre les superficies, rajeunir un verger vieillissant et introduire des techniques de production plus modernes. Selon la DSA, les agriculteurs bénéficieront de plants adaptés au terroir local, afin de renforcer la production et préserver un patrimoine agricole unique. Les variétés traditionnelles, telles que le Chemlal, le Limli, l’Azeradj ou le Tabelout, resteront au cœur du programme, tout comme l’oléastre sauvage dont le greffage permet d’accroître la production nationale de près de 30%. Sur le plan technique, les campagnes de vulgarisation encouragent l’adoption de méthodes modernes de culture et de récolte, tout en privilégiant la qualité des fruits. Mais des défis persistent: près de 40 % des huileries utilisent encore du matériel vétuste, ce qui pénalise le rendement et la qualité des huiles produites. Béjaïa concentre plus de 30 % du verger oléicole national, avec 50.541 hectares de plantations dont 75% sont composées de vieux oliviers greffés sur oléastres. Le secteur reste néanmoins vulnérable: stress hydrique, réchauffement climatique et incendies ont fragilisé les récoltes au cours des dernières années. La filière souffre également de l’absence d’un marché structuré et de circuits d’exportation organisés. Les représentants des oléiculteurs dénoncent une commercialisation anarchique qui ternit le label «huile de Kabylie» et réclament une professionnalisation de la filière: modernisation des huileries, gestion des sous-produits, crédits adaptés, laboratoires d’analyse et dynamisation du tissu associatif. Dans cette perspective, le laboratoire oléicole de Takerietz, rattaché à l’Institut technique de l’arboriculture fruitière et de la vigne (ITAFV), a obtenu fin 2024 l’agrément du Conseil oléicole international (COI) pour réaliser des analyses de type A conformes aux normes mondiales (taux d’acidité, indice de peroxyde, absorbance, humidité, impuretés, etc.). Cette reconnaissance internationale vient conforter la qualité des huiles de la région et ouvre la voie à une meilleure compétitivité sur les marchés extérieurs. Avec ce plan de régénération et d’extension du patrimoine oléicole, Béjaïa espère préserver son héritage, moderniser sa production et retrouver les records du passé, lorsque les meilleures campagnes avaient permis de récolter plus de 22 millions de litres d’huile.
Mise en œuvre d’un plan de régénération de l’oléiculture à Béjaïa. Un programme de plantation de 100.000 oliviers lancé
- par Hocine Smaali
- Le 14 Septembre 2025
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