Société. La vraie crise est civique

La majorité écrasante des Algériens témoigne d’un manque de civisme à presque tous les niveaux. Si Oran peut se targuer d’une bonne image grâce à ses habitants chaleureux et souriants, derrière le sourire amical des Oranais dont la réputation d’hospitalité n’est plus à faire, se cache une réalité sociale que certains n’hésitent plus à qualifier de "fléau". Il reste que plusieurs faits de société laissent un goût amer chez de nombreux concitoyens notamment s’agissant de la propreté, du harcèlement de rue, du non respect des files d’attente, de la propreté défaillante, du mépris du code de la route, de la présence de mendiants et des malades mentaux dans les espaces publics, du jet de déchets dans la rue ou encore de la situation des chats et chiens errants, sans omettre le dépôt sauvage de gravats de promoteurs immobiliers qui sont des manquements aux règles du comportement en société. Tous ces excès nocifs sont omniprésents dans nos vies quotidiennes, les incivilités étant des comportements contraires à la civilité qui englobe les règles de la vie en société et d'un lieu. Elles peuvent être tacites et évoluer. L'incivilité diffère selon les personnes ou les environnements: les exemples abondent et inquiètent. Un comportement incivil pour l'un, ne l'est pas nécessairement pour l'autre. Le civisme désigne le respect du citoyen pour la ville dans laquelle il vit et ses conventions dont notamment ses lois. L'incivisme est un vrai problème pour la société. C'est un manque de respect pour la collectivité et, à travers elle, pour soi-même. Il détruit le vivre en communauté, détériore le rapport à l'autre. Il nuit au cadre de vie à l'attractivité et au contribuable. Respecter l'autre, c'est respecter le droit, respecter la vie sociale. Plus concrètement, c'est respecter les règles d'occupation du domaine public. Désolante est la vue qu'offrent certaines cités et quartiers d'Oran en matière d'aménagement urbain. La première commune du pays voit ses équipements publics se dégrader avec le temps, couplés à l'incivisme de certaines personnes sans scrupules. Ce spectacle sinistre touche toutes les communes de la wilaya d'Oran: cela va de la dégradation des abribus, du vol des couvercles d'égout, des ralentisseurs érigés de façon anarchique dans plusieurs quartiers et cités de la ville, sans oublier les trous béants au milieu des ruelles ou des dos d'ânes non conformes. Pis encore, ces ralentisseurs sont édifiés par des riverains, sans aucune autorisation des sévices concernés, avec du béton ou des cordages d'amarrage en guise de ralentisseurs. L'incivisme qui est partout sur les routes, dans les parcs, dans les transports, à l'école et même au sein des mosquées, conduit les Oranais à se plaindre de ces aléas de leur vie quotidienne. Dans cette pluralité de comportements gênants, irrespectueux et délicieux se distinguent le manque de courtoisie et le non-respect des règles de civilité ou de la loi. Ce laisser-aller traduit un mauvais rapport à l’espace public, perçu, non comme un bien commun à protéger, mais comme un territoire sans règles où chacun peut agir selon ses intérêts immédiats. L’incivisme n’est pas seulement un comportement, c’est un symptôme, celui d’une société où le civisme et le respect de l’autre se sont érodés.  


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