Festival culturel local de la chanson et de la musique kabyles. La 15ème édition s’ouvre aujourd’hui à Béjaïa

La ville de Béjaïa s’apprête à vibrer, à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 5 juillet, au rythme des sonorités kabyles, à l’occasion de la 15e édition du Festival culturel local de la chanson et de la musique kabyles. Un événement désormais bien ancré dans le paysage culturel régional, qui allie hommage au patrimoine, encouragement à la créativité et ouverture aux jeunes talents. Organisée sous l’égide du Commissariat du festival, cette édition promet une programmation riche et éclectique avec la participation attendue d’une vingtaine d’artistes confirmés, évoluant dans divers styles de la musique kabyle. Ce sont aussi une dizaine de jeunes concurrents, issus de sept wilayas, venus concourir dans l’espoir de décrocher leur ticket pour le Festival de la musique et de la chanson amazighes, prévu en fin d’année à Tamanrasset. L’édition 2025 du festival s’articulera autour de neuf plateaux artistiques, répartis entre la ville de Béjaïa et plusieurs communes de la wilaya. Cinq soirées se tiendront au stade scolaire de Béjaïa, situé à proximité du siège de la wilaya, transformé pour l’occasion en véritable temple de la musique kabyle. Les quatre autres plateaux auront lieu dans les communes d’Adekar, Akfadou, Amizour et Kherrata « dans une volonté assumée de décentraliser l’action culturelle et de rapprocher la scène du public local », dira le commissaire du festival, M. Yazid Abdi, connu sous le nom artistique d’Azifas. Ce choix, assumé par les organisateurs, vise à faire du festival un événement régional à part entière, en rayonnant au-delà du seul chef-lieu de wilaya. « Nous voulons que la culture aille à la rencontre du citoyen là où il se trouve, dans ses communes, dans ses villages », affirme Azifas, convaincu que l’avenir de la musique kabyle repose aussi sur une proximité renouvelée avec son public naturel. Le temps fort du festival résidera dans la compétition réservée aux jeunes talents venus de Béjaïa, Tizi-Ouzou, Jijel, Bordj Bou Arréridj, Alger, Boumerdès. Chaque participant a été sélectionné à l’issue de présélections locales rigoureuses, après avoir présenté une œuvre originale, tant sur le plan des textes que de la composition musicale. Les reprises, souvent considérées comme une solution de facilité, sont ici totalement exclues.
Le festival assume pleinement son rôle de laboratoire de la nouveauté et de vitrine pour les auteurs-compositeurs-interprètes en devenir. « C’est un tremplin pour les jeunes porteurs de projets musicaux singuliers », insiste Yazid Abdi, en réaffirmant l’objectif tracé pour cette manifestation qui n’est autre que « d’offrir une scène à celles et ceux qui feront la musique kabyle de demain ». Au-delà des concerts et de la compétition, le festival prévoit aussi des moments de réflexion et de transmission. Des conférences-débats et des masters classes figurent au programme, afin de permettre aux jeunes artistes de bénéficier de l’expérience de leurs aînés et d’enrichir leur démarche artistique. Ces rencontres, ouvertes au public, visent également à interroger les enjeux actuels de la chanson kabyle en débattant lors de ces espaces ouverts sur la place de la langue amazighe dans la création contemporaine, la mutation des publics, le rapport à l’héritage et à l’innovation, et le poids des réseaux sociaux dans la diffusion de la musique, etc... Le festival s’enorgueillit déjà de quelques belles réussites, à l’instar du groupe Iftioudjene « Les Étincelles », qui est vainqueur de la précédente édition.
Depuis sa distinction, ce jeune groupe a réussi à produire un premier single et fait désormais l’objet de nombreuses sollicitations à travers le pays. Une ascension qui illustre parfaitement la vocation du festival qui est de faire émerger les talents, leur donner de la visibilité et les accompagner dans leurs premiers pas professionnels. À l’heure où les scènes locales se battent pour exister face aux industries culturelles dominantes, le Festival culturel de la chanson et de la musique kabyles veut se tourner vers l’avenir et ce, tout en préservant un patrimoine musical et en le faisant vivre et évoluer au gré des sensibilités nouvelles, dans une langue qui continue de vibrer et de chanter les espérances d’une jeunesse kabyle en quête d’expression. En ouvrant ses portes aujourd’hui, ce 2 juillet, le festival invite ainsi le public à quatre jours de fête, de partage, de création et de dialogue entre générations. Une promesse de musique, mais aussi de mémoire et de modernité, portée par les voix de demain.


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