Bouira. Le parc national du Djurdjura à revaloriser

«La montagne alimente la vallée et la vallée alimente la ville mais qui alimente la montagne?» Mao Tse tong.

Historique du cadre d’évolution: les premières exploitations botaniques dans le Djurdjura remontent à l’année 1854. En 1925, ce territoire a été érigé officiellement en parc national par décret du gouverneur d’Algérie. D’une superficie de 16 550 hectares, ses principales missions étaient la récréation et les loisirs, après l’indépendance, il a été reclassé par décret numéro 83-460 de l’année 1983 avec une superficie de 18 550 hectares, puis érigé en réserve de Biosphère en décembre de l’année 1997 et classé réserve mondiale par l'UNESCO.
Situation géographique : sa configuration géographique se présente sous forme d’un arc de cercle orienté d’est en ouest, chevauchant les Wilayas de Bouira et de Tizi-Ouzou. Le Djurdjura culmine respectivement dans le massif de Haizer à l’ouest à 2194 mètres, dans le massif de l’Akouker au centre à 2305 mètres. Le massif de Lala Khedidja à l’est à 2308 mètres. Ses massifs décrivent le relief majeur de tout le Tell Algéro-Tunisien et confèrent au Djurdjura le titre d’entête géographique. Le parc national du Djurdjura est délimité sur un territoire de hautes montagnes. Il fait partie de la zone interne des Maghrébistes, c’est la partie africaine de la chaîne alpine. Il serait la conséquence de la fermeture d’un ancien bassin sédimentaire qui a existé au tertiaire, la Mésogée. Les crêtes dolomitiques et les sédiments sont calcaires, gréseux ou marneux.
Ces particularités font du Djurdjura le siège d’une flore caractéristique. Les principaux modèles géomorphologiques du Djurdjura sont les Karsts, les Dolines et les Lipaz. Certaines formes sont particulières au Djurdjura telles que les puits de neige et les couloirs karstiques. Les cavités verticales où se localisent les gouffres de Assouil et de Iflis atteignent les 1000 mètres de profondeur. L’érosion mécanique et chimique façonne le karst en systèmes cavitaires inter communicants qui permettent aux eaux de percolation de ressurgir sous formes de sources.
Les unités paysagères du Djurdjura: falaises, éboulis et escarpements rocheux, paysages rupestres et asylvatiques occupent l’étagement le plus haut du Djurdjura, leur présence particulière tels les rapaces, ils offrent généralement des vues panoramiques envoûtantes.
Gouffres et grottes: le Djurdjura comprend plus d’une cinquantaine de gouffres, grottes et puits de neiges, ils abondent au niveau des falaises et escarpements rocheux. Le karst y est complètement dénudé. Ils atteignent parfois des profondeurs qui dépassent les 1000 mètres et sont liés à des résurgences situées à plusieurs dizaines de kilomètres. On cite les gouffres du léopard, du Assouil, les grottes du Macchabée, de l’Ours et de glace etc… En raison des conditions de leur genèse, ces habitants ont des étendues réduites dans la nature. Ils sont utiles pour des espèces cavernicoles, chauve-souris, rapaces nocturnes, scorpénidés, arthropodes, diptères, lépidoptères, araignées etc… Ils sont aussi témoins de l’histoire car ils conservent bien les éléments d’indication et d’évaluation, ossements etc…
Barres rocheuses: facettes géodémographiques inclinées formées dans le karst sur lesquelles se pratiquent des sports de montagnes comme l’alpinisme, l’escalade et la spéléologie.
Formations végétales: les formations boisées du Djurdjura sont dominées par le cèdre et le chêne vert. Il existe plusieurs autres espèces accompagnatrices (chêne-liège, érables, laurier noble, grand houx, pin d’Alep, pin noir, if). La proportion des formations de dégradation, pelouses et matorrals est dominante, ce qui reflète l’ampleur des activités anthropozoogènes non conciliantes, d’autres espèces de grande valeur patrimoniale se développent exclusivement dans les paysages rupestres tels que le genévrier de sabine etc... Le paysage naturel est parfois envahi par les reboisements et des espèces arboricoles.
Lieux de cultes et de pèlerinage: ce sont des sites connus, ils sont localisés sur les hauteurs et sont également liés à des pratiques mythologiques ancestrales telles que Khéloua N’Haizer, Lala Mimouna, pic de Lala Khedidja etc…
Hydrographie et ressources en eau: la chaîne du Djurdjura est considérée comme un important château d’eau de qualité où la neige est sa principale caractéristique, l’eau est stockée à la surface et dans les veines karstiques, sa restitution par les cours d’eau et les sources pérennes s’étale sur plusieurs mois et ce jusqu’à la saison suivante, source de Thinzert à 1030 mètres avec un débit de 424 litres/ secondes, cascades de assif de Thinzert après la fonte des neiges alimente les sources hydriques.
Biodiversité du parc national du Djurdjura, flore et habitats naturels: au Djurdjura les forêts sont les principales pourvoyeuses des conditions de vie, il existe plus de 1242 espèces végétales, 90 sortes de champignons et 52 sortes de lichens, des orchidées etc… Elles assurent habitats, nourriture et territoire de nidification pour la faune. Ces forêts sont composées essentiellement de cèdre, de chêne vert, d’érable, de pin noir, de chêne liège etc…, parallèlement à ces forêts, il existe d’autres milieux à intérêt également majeur. La flore du Djurdjura présente des diversités spécifiques et écologiques très remarquables liées aux types d’habitats existants et leurs étagements géo climatiques. L’état de connaissance du milieu naturel du Djurdjura demande et nécessite des études et des travaux approfondis.
La faune: d’une manière générale, la faune du Djurdjura est encore méconnue, les éléments de connaissance actuellement disponibles, selon Monsieur Maache Karim chef de service chargé du département et de l’administration générale au niveau du parc national du Djurdjura, qui relève de l’existence de plus de 30 espèces de mammifères, le Serval et le Lynx étant respectivement des espèces probables rarissimes, parmi elles, aussi, il existe 12 sortes de chauves-souris dont 10 identifiées et 1 n’est pas encore connue dans le parc du Djurdjura, en l’occurrence la Barbastelle d’Europe. 121 espèces d’oiseaux dont 50 sont rarissimes et 32 sont protégées par la loi (18 rapaces et 14 passereaux) on peut citer : aigle royal, gypaète, vautour, chouette, hibou, faucon etc…, 17 espèces de reptiles, 5 espèces de batraciens, quelques mollusques adaptés aux zones de haute montagne, 218 espèces d’insectes dont 13 sont protégés par la loi, ainsi que le chacal roux, le renard, le sanglier, la genette, l’hyène rayée, mangouste, gerboise, belette, chat sauvage, singe magot. Et toujours, selon Monsieur Maache: «nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités locales dans l’objectif de l’amélioration et de la préservation de l’aire du par et de ses ressources dans un cadre durable entre l’environnement et le développement, elle consiste en l’identification, le maintien et l’amélioration de la diversité des habitats, l’inventaire du patrimoine phytogénétique du terrain et l’écodéveloppement, la promotion de l’éducation et la culture environnementale, elle concerne en l’intensification des activités de sensibilisation et la signalétique du parc…, ainsi, il ne faut pas oublier que nos grands soucis auxquels nous sommes confrontés sont: le braconnage , la destruction de la flore notamment l’arrachage des plantes par les visiteurs et la destruction des alpages, végétations et autres par les riverains qui laissent leur bétail venir paitre dans des zones protégées et l’autre grand problème pour lequel on fait face c’est les incendies, alors nous demandons aux visiteurs, habitants riverains et autres touristes de faire preuve de beaucoup de civisme et de nous apporter leur aide. Pour la promotion de l’écotourisme et l’aménagement des aires de camping, la réhabilitation des escaliers mécaniques qui avaient fait acte de vandalisme pendant la décennie noire, construction des locaux utilitaires et renforcement des moyens de travail, elle concerne la construction des sièges de secteurs de la maison du parc et l’acquisition d’équipements divers, promotion des échanges de collaboration scientifique et l’amélioration des capacités qui consistent à renforcer les échanges et les capacités du personnel technique et pour conclure: «pas de futur sans la nature» et «la forêt c’est l’asile vert recherché par tous».


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