LE CARREFOUR D'ALGÉRIE Quotidien national d'information
Selon des experts, l’Algérie revoit sa stratégie énergétique, après avoir pu rationaliser la consommation de son marché interne. L’un des leviers de ce changement de cap est l’ambition affichée par l’Algérie de dédier la production de gaz naturel algérien exclusivement à l‘exportation dès 2023. Un vrai défi pour lequel opte l’Algérie dont la production de gaz, estimée à plus de 100 milliards de mètres cubes, arrive à couvrir 50 % de la demande locale. Pourquoi pas une production qui tournerait à 100% vers l’exportation? Le pays n’en cache pas moins ses ambitions dans une conjoncture internationale marquée par la poursuite des tensions en Ukraine. «C’est l’occasion ou jamais pour l’Algérie de gonfler ses recettes énergétiques et assurer son avenir», estime un expert algérien en énergie. Et comment! Un nouveau record des exportations de gaz algérien, malgré quelques appréhensions sur l’approvisionnement des marchés mondiaux, a été enregistré. L’Algérie vient de consolider sa position de deuxième fournisseur de gaz sur échiquier mondial pour l’Europe et pour le marché italien en particulier et ce, malgré une chute des exportations, enregistrée courant 1er semestre 2022. Par un coup de génie, le pays a ainsi su rattraper la baisse du volume de ses exportations au début de l’année en cours. Le Directeur Général des études et de la prospective au ministère de l’Énergie et des Mines, Miloud Medjelled, a révélé que l’Algérie a réalisé un nombre record d’exportations de gaz naturel en 2022. C’est du moins ce que rapporte la Radio nationale chaîne 1 qui met en filigrane la nouvelle politique énergétique de l’Algérie, dans le sillage des répercussions sur le marché mondial particulièrement européen du conflit en Ukraine. Miloud Medjelled a déclaré que «la politique énergétique en Algérie consiste à répondre à la demande intérieure qui n’a cessé d’augmenter entre 03 et 04% au cours de la dernière décennie, et à approvisionner les marchés mondiaux avec cette énergie vitale». Le même responsable a déclaré que «l’Algérie a atteint un record en termes d’augmentation des exportations de gaz naturel en 2022, estimée à environ 56 milliards de mètres cubes et ce montant devrait augmenter». A titre comparatif, l‘Algérie avait pu exporter, en 2018, 52,4 milliards de mètres cubes de gaz naturel et de gaz liquéfié soit 4,2 % des exportations mondiales à cette période, ce qui n’était pas mal. Aujourd’hui, elle exporte 56 milliards de mètres cubes. Un vrai sursaut des chiffres et de nouvelles prétentions «énergétiques» donc. M. Medjelled explique que «le défi du secteur est de rationaliser la consommation d’énergie interne, d’autant plus qu’elle est en constante augmentation». Il a souligné que «50% du gaz naturel est destiné à la production d’électricité», affirmant que «son secteur travaille dans le cadre de la politique du gouvernement pour mettre en œuvre le programme des énergies renouvelables en un temps record, ce qui permettra la fourniture d’énormes quantités de gaz naturel qui seront destinées à l’exportation». Miloud Medjelled a indiqué que «l’activité de recherche et d’exploration doit être intensifiée et développée, tout en rationalisant la consommation». Il a noté qu’«en 2022, Sonatrach a conclu plusieurs contrats de partenariat avec des étrangers dans le domaine du développement des hydrocarbures qui permettront une augmentation de la production nationale des quantités de pétrole et de gaz entre 2023 et 2028». Pour rappel, le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a affirmé, mardi dernier, l’ambition de l’Algérie de doubler sa production de gaz destiné exclusivement à l’exportation. « Nous produisons actuellement près de 102 milliards de m3 de gaz dont la moitié est consommée localement. J’espère qu’en 2023, nous atteindrons une production de 100 mds de m3 de gaz destinée exclusivement à l’exportation », a précisé M. Tebboune, lors de sa visite au pavillon des industries pétrolières du Groupe Sonatrach, à la Foire de la production algérienne (FPA-2022).
