La réponse des Américains à la famine qui s’est installée à Ghaza est axée sur une batterie de mesures qui comprend l’exclusion de l’Unrwa, agence onusienne qui maintien les Palestiniens en survie, de tout financement durant 12 mois, l’octroi sans conditions politiques d’une enveloppe financière de 3,3 milliards de dollars à Israël et, cerise sur le gâteau, l’interdiction à l’Autorité palestinienne d’engager ou de participer à toute procédure devant la CPI et la CIJ, à l’égard d’un Israélien pour des actes commis contre des Palestiniens, sous peine de perdre l’aide financière ainsi que la réduction drastique du financement accordé à la Cisjordanie.
Votées par le Congrès par 286 voix pour et 135 contre, ces mesures ont été approuvées, durant le week-end dernier, par une majorité écrasante des membres du Sénat, soit 74 voix contre 24. Cette loi, faut-il le préciser, a interdit à l’Unrwa toute aide financière dès son entrée en vigueur, pour une durée d’une année, c’est-à-dire jusqu’au 25 mars 2025 et prévoit 175 millions de dollars destinés «à des projets humanitaires» en Cisjordanie et Ghaza, qui passeront par l’Usaid (Agence américaine pour le développement international), soit 50 millions de dollars de moins par rapport à l’année 2023.
Les Américains ont été les premiers à avoir annoncé, en janvier dernier, l’arrêt des financements de l’Unrwa, suivis par 14 pays, principaux alliés d’Israël, sur la base d’allégations, à ce jour sans preuves, contre 12 employés (sur 13 000) qu’emploie l’agence onusienne, soupçonnés d’avoir participé à l’attaque du 7 octobre 2023.
Depuis quelques semaines, le Canada, la Finlande, l’Australie, la Suède sont revenus sur leur décision de gel des financements, l’Union européenne a annoncé des aides conséquentes à l’Agence, de même que les gouvernements d’Espagne, de Belgique et d’Irlande.
Pour les plus avertis, les nouvelles mesures américaines sont surprenantes parce qu’elles interviennent quelques jours seulement après la déclaration largement médiatisée, du président Biden, à travers laquelle il reconnaît, pour la première fois, que «selon les mesures réputées de ces choses, 100% de la population de Ghaza se trouve dans une situation d’insécurité aiguë et sévère)».
Impunité
Avec ces mesures, Washington a privé les Ghazaouis de l’aide humanitaire et en même temps, elle a accordé une aide financière à la puissance occupante qui affame la population et commet des génocides à Ghaza. Mieux encore.
Washington a conditionné l’aide qu’elle a prévue pour Ghaza, dans le cadre de l’Unsaid, par une clause surprenante : «Aucun des fonds affectés, sous la rubrique ‘‘Fonds de soutien économique’’ dans la présente loi ne peuvent être mis à disposition pour obtenir de l’aide pour l’Autorité palestinienne, si après la date de la promulgation de la présente loi, les Palestiniens obtiennent la même chose en qualité d’Etat membre ou de membre à part entière, ou en tant qu’Etat aux Nations unies ou toute agence spécialisée de celle-ci en dehors d’un accord négocié entre Israël et les Palestiniens.»
Bien plus. Les Américains ont garanti l’impunité aux auteurs de génocide et de famine, en conditionnant leur aide : «Aucun des fonds ne peut être mis à disposition de l’Autorité palestinienne, si après la date de promulgation de cette loi, les Palestiniens lancent une procédure devant la CPI (Cour pénale internationale), une enquête autorisée, ou soutiennent activement ou mènent une telle enquête, qui soumet des ressortissants israéliens à une enquête pour des crimes présumés contre les Palestiniens.»
En clair, ces mesures mettent les Etats-Unis dans une position de complicité avec une force d’occupation, qui est tenue par l’article 55 de la 4e Convention de Genève, d’assurer l’aide humanitaire aux Palestiniens, mais aussi en lui accordant une enveloppe financière pour reconstituer son stock militaire qui lui permet de poursuivre la guerre génocidaire à Ghaza.
Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, «Sipri, qui étudie les conflits et les armes, 69% des armes achetées par Israël proviennent des USA, 30% d’Allemagne. L’étude a révélé qu’à la fin de 2023, les livraisons prévues d’armes lourdes à Israël comprenaient 61 avions de chasse des Etats-Unis et 4 sous-marins de l’Allemagne».
Après la décision de la justice néerlandaise d’interdire l’exportation d’armes vers Israël, pour risque de leur utilisation des actes de génocide, et la procédure introduite par le Nicaragua contre l’Allemagne, devant la CIJ, pour complicité de génocide ont poussé des pays comme l’Italie et le Canada, mais aussi le Royaume-Uni, à suspendre leur livraisons militaires vers l’entité sioniste.
Le congrès américain adopte une batterie de mesures
- par Carrefour
- Le 27 Mars 2024
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