Violence faite aux enfants, l’autre désastre!

L’Algérie a enregistré d’importants progrès dans le domaine de la protection juridique des enfants et des adolescents contre divers types de violence, a souligné le président sortant de la Société algérienne de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent et des Professions associées, le Pr Idris Terranti, lors d’une déclaration à Alger, ce jeudi. « Il est incontestable que des avancées significatives aient été réalisées sur le plan juridique pour combattre les violences infligées aux enfants et aux adolescents en Algérie. Cela s’est notamment manifesté par son adhésion aux conventions internationales, tandis que la loi n:15-12 du 15 juillet 2015, relative à la protection de l’enfant, a constitué une avancée extraordinaire dans ce domaine », a affirmé le Pr Terranti. Intervenant en marge du 2ème Congrès de la Société consacré aux «maltraitances à l’égard des enfants et adolescents», cet ancien praticien du CHU de Constantine a plaidé en faveur de la mise en œuvre des dispositions de cette législation. Selon lui, cela nécessite « la création d’un dispositif impliquant plusieurs institutions et intervenants». Le professeur en sociologie à l’Université de Souk Ahras, Faouzi Ben Dridi, a indiqué que l’enfant est une catégorie qui a «un statut particulier», notamment qu’il s’agit d’une catégorie fragile qui nécessite une prise charge optimale par la société. D’après Ben Dridi, en Algérie, la question de la violence envers les enfants est «un sujet qui reste sous le boisseau dans certaines zones et parfois même parmi les parents». En l’absence de chiffres « officieux», la violence faite aux enfants inquiète à plus d’un titre. En effet, les services de la sécurité nationale ont enregistré 5.412 cas de violences faites aux enfants et ce, durant les neuf derniers mois de l’année 2021. Les mêmes statistiques révèlent que 29% de ce chiffre inquiétant sont les parents qui violentent leurs enfants, 2.220 sont sujets à ce danger dont 188 ont été placés dans des centres. Les services de la gendarmerie nationale ont enregistré durant l’année 2020, 6.963 cas d’enfants violentés dont 4.395 filles. Ces statistiques incluent 344 affaires d’injures et 45 affaires de «harga » avec des enfants. Quant aux agressions sexuelles, 43 enfants ont été victimes de ce type d’agression en 2020. En septembre dernier, le Pr Rachid Belhadj, le chef de service de médecine légale au niveau du CHU Mustapha Bacha à Alger, a dévoilé un chiffre terrifiant sur les agressions sexuelles en Algérie. Depuis le premier janvier 2023, le service de médecine légale au CHU Mustapha Bacha a recensé pas moins de 189 cas d’agression sexuelle qui ont touché des victimes, âgées entre 4 et 22 ans. La Direction générale de la Sûreté nationale a, tout récemment, organisé, à l’Ecole de police Mohamed-Ouadah de Ain Benian, une conférence sur « les effets de la violence domestique sur les enfants » où l’accent a été mis sur la nécessité d’intensifier les efforts en vue de protéger les enfants de ce phénomène social. L’objectif est de sensibiliser les participants aux divers aspects de l’action policière, en mettant particulièrement l’accent sur la lutte contre la violence domestique exercée par les parents sur leurs enfants. Ce cycle a réuni des partenaires des secteurs concernés dont la Délégation nationale à la protection de l’enfance ainsi que des experts en psychologie, sociologie et droit.