L’Université Abderrahmane Mira de Bejaïa, à travers la Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie, a célébré la journée mondiale de l’eau par l’organisation d’une journée scientifique sous le thème : « La sécurité hydrique: Enjeux et défis face aux changements climatiques ». Cette journée, à laquelle ont pris part la Direction des Ressources en Eau (BRE), l’Algérienne Des Eaux (ADE) et l’Office National de l’Assainissement (ONA), a été une occasion de faire le point sur les ressources hydriques dans la wilaya, notamment en cette période de faiblesse de la pluviométrie. Les différents intervenants ont mis l’accent sur les capacités de la wilaya de Bejaïa à faire face à la faiblesse de la pluviométrie dont elle est durement affectée ces dernières années. Il faut dire que les besoins journaliers de la wilaya en eau potable sont de 144.000 M3, avec un volume de production de 256.800 M3/j. La wilaya de Bejaïa compte, actuellement, plus d’une centaine de réservoirs d’une capacité de plus de 200.00 M3 avec un taux de raccordement au réseau AEP de l’ordre de 95%. La dotation moyenne est de 145 l/j par habitant avec un taux de perte dans le réseau estimé à 45%. Pour faire face au problème de manque d’eau potable, le secteur de l’hydraulique a lancé un programme d’exploitation de nouveau, les forages existants. Ce programme est lancé avec les services de l’ADE «vise à reprendre tous les forages qui avaient été mis en arrêt volontaire», nous dira encore notre source. En sus de la réalisation de plusieurs forages, deux stations de dessalement de l’eau de mer sont inscrites pour la wilaya de Bejaïa. Sur instruction du Président de la République, la wilaya de Béjaïa se rabat vers le dessalement de l’eau de mer dont une station est érigée à Tighramt, dans la commune de Toudja. Le wali de Bejaia a présidé, hier, une réunion avec les responsables en charge de ce dossier pour faire le point sur l’état d’avancement de ce projet névralgique pour la wilaya, avons-nous appris de la cellule de communication de la wilaya de Béjaïa. «Les travaux ont été lancés il y’a une année de cela et ont dépassé actuellement un taux de plus de 50% d’avancement», a-t-on aussi appris des responsables en charge du dossier qui restent optimistes quant au respect aux délais de réalisation de ce projet qui sont de 28 mois. «Actuellement, les travaux de terrassement et le confortement de l’assiette du projet sont achevés», a-t-on également appris de la cellule de communication de la wilaya qui nous précise, en outre, que « la mise en place des canalisations est aussi en bonne voie pour sa finalisation». Les travaux de la réalisation de la station de dessalement de l’eau de mer de Toudja, d’une capacité de 300 000 m3/j, sont confiés à un groupe d’entreprises publiques regroupant Algerian Energy compagny (EAC), l’Entreprise nationale des Canalisations (Enac) et la Société Algérienne de Réalisations de projets Industriels (Sarpi). L’Etat a dégagé une enveloppe de 12 milliards de dinars pour la réalisation de cette station dont sa mise en service viendra à point nommé pour pallier au stress hydrique et assurer l’alimentation de la wilaya de Bejaïa en eau potable dont certaines régions souffrent le martyr. Une station qui va appuyer le barrage de Tichy-Haf qui alimente en eau potable toutes les communes de la vallée de la Soummam allant de Boudjellil à Béjaïa, en sus du chef-lieu de wilaya et quelques localités relevant de la wilaya de Bordj Bou Arreridj. La mise en service de cette station de dessalement de l’eau de mer, dans les délais impartis, sera d’un grand apport pour sécuriser l’alimentation de l’eau potable dans la wilaya de Bejaïa, et ce, pour ce faire au stress hydrique. La célébration de la journée de l’eau s’est faite aussi au niveau du musée de l’Eau Toudja, qui est devenu en cette période de vacances scolaires un lieu de convergence des visiteurs. Toudja, est depuis le lancement de ce musée un lieu de convergence de visiteurs, pour découvrir cette terre de l’eau depuis 2000 ans, les produits et les terroirs de cette région dont la poterie, en raison de l’existence d’une poterie célèbre spécifique à la région de Toudja. «Les spécimens de cette poterie n’existent plus dans la région. Ils sont par contre conservés au Museum (Angleterre)», nous dira un chercheur de l’université de Bejaïa qui nous précise à ce propos que «ces poteries avaient été offertes au Musée d’Angleterre par Madame Eustace Smith, probablement au 19e siècle». «Les poteries spécifiques à Toudja sont blanches avec des décors noirs et rouges qui ressemblent étonnamment à des poteries de Chypre et de l’Asie Mineure datant de quinze cent ou deux mille ans avant J.C», avons-nous appris de la même source. L’on retiendra des recherches effectuées qu’un archéologue anglais, M.J. Randall Mac Iver, avait proposé d’appeler provisoirement cette catégorie particulière de poteries blanches: «Toudja series of Kabyle Pottery». Vers 1912, l’ethnologue Arnold Van Gennep a voulu savoir si vraiment on fabriquait encore à Toudja ces poteries du type British Museum et est-ce- que la technique de fabrication dérive de celles des poteries protohistoriques de Chypre et de l’Asie Mineure. Le récit de ses investigations auprès des femmes de Toudja sont reportées dans le chapitre «A la chasse aux pots: Toudja» de son livre «En Algérie». En plus du Musée de l’Eau, Toudja est réputée aussi par le chemin de l’eau, une route deux fois millénaires, sur un tronçon de 50 km, c’est par là justement qui est passé le célèbre aqueduc romain, qui a alimenté la ville de Saldae (Béjaïa) en eau potable. Après son ouverture, en mars de l’année 2015, le musée de l’eau de Toudja est devenu une destination sûre pour la recherche scientifique et un espace culturel. Cet espace, qui est une première du genre en Algérie, est créé par l’association Gehimab, avec l’apport de l’union Européenne, le Musée de l’eau de Toudja, Ce Musée de l’eau est devenu avec le temps cet espace ludique, scientifique culturel et pédagogique consacré à l’eau sous toutes ses formes, cette structure a pour principale mission pédagogique la sensibilisation des jeunes à la problématique de l’eau en mettant en évidence les relations entre l’eau et la vie et de faire prendre conscience des nombreux enjeux du non-respect de l’eau. Cette nouvelle structure, installée dans les anciens locaux de l’ex-Souk El-Fellah, comprend une exposition permanente qui permet de cerner la problématique de l’eau à Toudja, qui cerne l’aspect historique lié à Aghbalou et à l’aqueduc de Saldae. Le visiteur aura aussi à découvrir, dans cet espace, où sont mis en valeur les savoirs faire locaux, l’usage de l’eau à Toudja qui se caractérise par la répartition de l’eau, l’utilisation des moulins à eau et la poterie locale. Dans cette région de Toudja, il existe, depuis le temps romain, un savoir séculaire relatif à l’usage des ressources hydriques, qui est basé sur une gestion simple, mais très sensée et d’une grande pertinence. Cette gestion consiste à instrumentaliser toutes les caractéristiques de l’eau des sources et oueds, et ce, comme source de vie, usage domestique et irrigation, mais aussi comme source d’énergie, à usage industriel, pour actionner des moulins à eau.
