Un acte de vandalisme ignoble et honteux a ciblé une sculpture de l’Emir Abdelkader avant même son inauguration, hier samedi, à Amboise (Indre-et-Loire), en France. L’œuvre intitulée «Passage Abdelkader» représente l’Emir Abdelkader découpé dans une feuille d’acier rouillé, a été largement abîmée au niveau de la partie basse de la structure. « L’œuvre a été dégradée pendant la nuit, découpée par une meule, sous la taille de l’Emir Abdelkader. Cette partie a été découpée et tordue et cela a fait un énorme trou sur l’œuvre », a précisé Hélène Mauranges, directrice générale des services de la ville d’Amboise. Evidemment, Amboise n’a pas été choisie au hasard. C’est dans cette commune que notre héros national avait été détenu en 1848. Cet acte de vandalisme prémédité a suscité en France une large condamnation. C’est ce qu’a rapporté hier le journal «Le Monde». Une enquête aurait été ouverte par le procureur de Tours pour «dégradation grave de bien destiné à l’utilité publique et appartenant à une personne publique». Pour sa part, le maire d’Amboise, Thierry Boutard, a dénoncé ce qu’il a qualifié de «saccage ignoble» dans une «période où certains se complaisent dans la haine des autres». Il ajoute : «J’ai eu honte qu’on traite une œuvre d’art et un artiste de cette sorte. Le deuxième sentiment est, bien sûr, l’indignation. C’est une journée de concorde qui doit rassembler et un tel comportement est inqualifiable». Mais cet acte haineux et inutile n’aura servi à rien et la personne qu’il a perpétré n’aura finalement rien gagné puisque l’œuvre sera «restaurée et refaite». C’est du moins ce que compte faire le maire. Selon l’artiste ayant réalisé cette œuvre, la sculpture sera refaite d’ici un mois. Ce n’est donc que partie remise. Ce samedi, jour de l’inauguration, le sculpteur Michel Audiard, la sénatrice Isabelle Raimond-Pavero, le député LRM Daniel Labaronne, ainsi que le président LR du conseil départemental, Jean-Gérard Paumier étaient tous présents. Dans une déclaration, l’artiste Michel Audiard a exprimé sa peine de voir son œuvre en partie détruite. «C’est réellement un saccage prémédité. Il faut une disqueuse, il faut couper, il faut tordre. C’est un acte de lâcheté, (…) ce n’est pas signé, c’est gratuit. On était là pour fêter un personnage emblématique dans la tolérance, et là, c’est un acte intolérant. Je suis atterré», a-t-il lâché. L’ambassadeur Algérien en France, Mohamed Antar Daoud, qui était également présent à la cérémonie n’a pas manqué de réagir. «Le combat pour l’amitié entre la France et l’Algérie continue, pour faire de la Méditerranée, non pas un lac de divisions, mais un lac de paix partagée. Il faudra panser la blessure de ce qui n’est qu’un acte de vandalisme». A souligner que cette œuvre avait été proposée par l’historien Benjamin Stora dans son rapport sur «Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie», remis à Emmanuel Macron en janvier 2021. L’Emir Abdelkader (1808-1883) est une figure de l’histoire de l’Algérie. Celui qui était surnommé «le meilleur ennemi de la France» a joué un grand rôle dans le refus de la présence coloniale française en Algérie.
