Est-ce une petite révolution dans le monde du clown en Algérie. Le métier artistique du clown n’est plus purement masculin. La gente féminine s’approprient de plus en plus, avec succès, cette tradition du rire. Parmi ces femmes nous avons choisi la plus ancienne et la plus connue dans les écoles de la wilaya d’Oran. Madame Zoughar Kheira, connue en tant que clown, sous le nom de « Fifi » et « Ardjouna » pour sa participation dans des films avec de grands humoristes oranais. Fifi qui a passé plusieurs années comme éducatrice dans les crèches communales, est mariée et mère d’une petite fille. Rencontrée lors d’un spectacle, Fifi a bien voulu répondre à quelques questions :
C.A : Peut-on savoir qui est Fifi?
Fifi : Avant tout, je suis une mère de famille. Je vis dans le monde artistique, depuis mon jeune âge. Je m’occupe de ma petite famille. J’ai perdu mon emploi d’éducatrice vacataire dans la crèche communale d’Oran.
C.A : Et pourquoi?
Fifi : J’étais obligée de suivre mon mari au sud. Après notre retour, malheureusement je n’ai pas pu rejoindre mon poste et mon monde des enfants qui me manque beaucoup.
C.A : Parlons de tes débuts dans le monde artistique:
Fifi : Mes débuts ont commencé au niveau du palais de la culture d’Oran, puis au TRO ou j’ai participé à des spectacles pour adultes et enfants. Puis j’ai été sollicitée par l’humoriste Haroudi, pour participer avec lui dans le rôle de Ardjouna. Ensuite j’ai eu des rôles avec Mutapha Bila Houdoud, puis Lakhdar Boukhors, et d’autres participations. Aujourd’hui j’ai plus de 30 ans dans le monde de l’art et la culture.
C.A : 30 ans de beaux jours, mais aussi des problèmes?
Fifi : Je ne vous cache pas que les acteurs et comédiens, sont toujours confrontés à des problèmes qui entravent sérieusement leur progression. Comment voulez-vous évoluer, quand vous passez votre temps à courir derrière les payements durant des mois, voir même des années. S’ajoute à cela, les espaces de spectacles qui ne sont pas à la portée des artistes aux faibles revenus. Mais cela ne m’empêche pas de me battre pour vivre dans mon monde.
C.A : Cela ne vous a pas découragée et poussée à arrêter?
Fifi : Jamais. Je suis encouragée par l’amour des enfants pour mes spectacles de clown. Et aussi ces parents qui me sollicitent pour animer les anniversaires de leurs enfants. Vous ne pouvez pas imaginer ma joie, lorsqu’un enfant me reconnaît dans la rue et vient vers moi, alors que je suis sans maquillage du clown. Ils arrivent à me reconnaître, c’est touchant. Je suis aussi encouragée par des sociétés et administrations qui me sollicitent pour des spectacles de sensibilisation, des foires et autres. Malgré tout, je tiens le coup.
C.A : Comment voyez-vous les spectacles d’animation dans les écoles?
Fifi : Je n’ai pas envie de juger le travail des autres, mais je souhaite de tout mon cœur, pour le bien des enfants, qu’il y ait un contrôle rigoureux de tout ce qui se dit dans les spectacles au sein des établissements scolaires et ailleurs aussi. Je peux dire que c’est une urgence. Nos spectacles sont avant tout une éducation dans un cadre de divertissement.