Sept ans après l’écrasement du vol AH5017 d’Air Algérie au Mali, la compagnie Swiftair, propriétaire de l’avion, est renvoyée en justice pour «homicides involontaires», accusée de «négligences» dans la formation de ses pilotes, a appris, jeudi, l’AFP de source proche du dossier. Un crash qui n’a pas livré tous ses secrets. Le procès intenté contre le propriétaire de l’avion pourra éclairer la lanterne des familles des victimes et situer les responsabilités des uns et des autres. La compagnie espagnole était la propriétaire du McDonnell Douglas MD-83, qu’elle avait loué avec l’équipage à Air Algérie. Le 24 juillet 2014, l’appareil qui effectuait un vol Ouagadougou-Alger s’était écrasé en plein Sahel, dans le nord du Mali, avec à son bord 110 passagers et six membres d’équipage, tous espagnols. En pleine nuit dans une zone intertropicale orageuse, la non activation du système d’antigivrage avait fini par entraîner la décélération des moteurs, sans réaction appropriée de l’équipage, jusqu’au décrochage fatal. Un crash que certains ont tenté de ternir l’image de la campagne algérienne alors qu’Air Algérie n’a rien à voir. Dans leur ordonnance de 109 pages, datée du 18 mai et consultée par l’AFP, les juges d’instruction du pôle Accidents collectifs du tribunal de Paris ont suivi les réquisitions du Parquet de Paris et décidé que la compagnie devait comparaître devant le tribunal faute d’avoir assuré «une formation suffisante à l’équipage», contribuant notamment à «sa non appréhension de la détérioration des paramètres moteurs» et à «son manque de réaction adaptée face à l’apparition du décrochage». «Je ne peux qu’être atterré par la démonstration sans ambiguïté des juges d’instruction qui révèle de manière évidente que le commandant de bord ne devait pas réglementairement être en vol le jour de l’accident», a réagi auprès de l’AFP, Me Sébastien Busy, avocat des Associations AH5017-Ensemble et Fenvac, ainsi que de plusieurs familles de victimes. «Le procès obligera les dirigeants de Swiftair à s’expliquer devant une juridiction pénale et surtout devant les familles des victimes sur ses choix et sa volonté de contourner la règlementation pour économiser sur la sécurité, à quel prix!», a-t-il ajouté. «Ce renvoi permettra à la société Swiftair de pouvoir enfin être entendue, en ce qu’elle a déjà été l’objet d’une instruction complète et définitive en Espagne, qui s’était clôturée par un non-lieu», fait valoir l’avocate de la compagnie Me Rachel Lindon, interrogée par l’AFP. Un argument contesté par les magistrats français qui considèrent le non-lieu espagnol «provisoire» et non définitif. L’Algérie et Air Algérie attendent beaucoup le déroulement du procès et le verdict dans cette affaire qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive où l’on a entendu toutes les rumeurs possibles et imaginaires dans le but de porter atteinte à l’Algérie et sa compagnie aérienne. Un procès qui permettra aussi à Air Algérie de tirer les leçons pour ne plus avoir à faire à de «petites» compagnies aériennes.