Une décision qui fait parler au pays du jasmin. Rached Ghannouchi, chef du mouvement islamo-conservateur tunisien Ennahdha arrêté en avril, a été condamné lundi à un an de prison pour «apologie du terrorisme», ont rapporté des médias locaux. Principal opposant au président Kais Saied, il avait été arrêté le 17 avril et placé sous mandat de dépôt à la suite de déclarations dans lesquelles il avait affirmé que la Tunisie serait menacée d’une «guerre civile» si les partis de gauche ou ceux issus de l’islam politique comme Ennahdha, y étaient éliminés. Mais sa condamnation de lundi est liée à une autre affaire dans le cadre de laquelle il a été entendu en février par le pôle judiciaire antiterroriste avant d’être libéré. Sa convocation faisait suite à une plainte déposée par un syndicat de policiers qui l’accuse d’inciter les Tunisiens à s’entretuer, en raison de propos tenus début 2022, lors des obsèques d’un leader d’Ennahdha. Il avait alors affirmé que le défunt «ne craignait pas les dirigeants ou les tyrans». Outre la peine de prison d’un an, Rached Ghannouchi a été condamné à une amende de 1.000 dinars (300 euros), selon la même source. Ennahdha a condamné mardi la peine d’un an de prison infligée à son chef, la qualifiant de «verdict politique injuste» et a demandé sa libération dans un communiqué. Rached Ghannouchi est le plus célèbre opposant arrêté depuis le coup de force du président Kais Saied qui a pris les pleins pouvoirs en juillet 2021. Rached Ghannouchi dirigeait le Parlement alors dissous par le président. Les Etats-Unis et l’Europe avaient critiqué son arrestation en avril mais le président Saied avait rejeté ces critiques, les qualifiant d’«ingérence flagrante» dans les affaires tunisiennes.
