Des dizaines de milliers de Soudanais ont manifesté ce samedi 13 novembre dans tout le pays, trois semaines après le putsch militaire du général Abdel Fattah al-Burhan. Au moins cinq manifestants ont été tués. A l’hôpital Royal Care de Khartoum, 19 blessés avaient été acheminés à 18 h dont cinq dans un état critique. Selon des témoins, tous étaient blessés par balle. L’appel à la retenue lancé hier par l’ONU aux militaires soudanais n’a visiblement pas été entendu. Dès le petit matin, soldats et paramilitaire s’étaient déployées en masse dans la capitale soudanaise, installant des barrages pour empêcher les manifestants de se rassembler et bloquer les ponts qui relient le centre de Khartoum aux banlieues alentours. Malgré ces entraves, des rassemblements ont commencé à se former dans différents quartiers. « J’ai un peu peur, mais je suis là. Nous voulons une armée qui ne s’occupe pas de politique », expliquait dans le quartier Burri une jeune fille de 23 ans, le drapeau soudanais noué autour du front. Il y a une demi-heure, ils sont venus ici, et ils ont brandi leurs armes pour tenter d’effrayer les gens pour qu’ils rentrent chez eux. Mais ça n’a pas marché. Personne n’est parti. On n’a plus peur, maintenant. Je me sens triste. Je me sens en colère. Ils veulent nous opprimer. Dans ce quartier de Khartoum, les habitants ont commencé à se rassembler dès 13h30. Ils scandent alors leur refus de voir leur révolution de 2019 confisquée: «Nous sommes sortis pour faire partir les militaires. Ils ont commis un coup d’Etat contre la démocratie et contre la liberté». Ces manifestants sont rejoints par un autre cortège. Tous espèrent converger vers le quartier général de l’armée… malgré les nombreux barrages. Rapidement, cependant, les forces de l’ordre ont commencé à disperser les manifestants à coup de gaz lacrymogènes. Un groupe de jeunes persiste à vouloir occuper la rue dans un quartier voisin. « A cause de ces gaz, les gens se sont échappés… c’est humain pour se protéger, mais on est revenu ici et compte bien continuer », raconte l’un d’entre eux. Dans une rue parallèle, au milieu d’une foule, une femme arbore un portrait du premier ministre Abdallah Hamdok. Elle réclame sa libération.