Comme il faillait s’y attendre avec tous ces procès contre la corruption, le nom de Bouteflika allait surgir. Comme Ouyahia, Sellal enfonce Bouteflika et son clan. Dans l’affaire de financement de la campagne du cinquième mandat de Bouteflika, Sellal a rejeté toute la responsabilité sur Saïd Bouteflika, frère et ex-conseiller de président déchu. « J’ai été chargé par écrit d’ouvrir ces deux comptes, mais le volet financier n’était pas de mon ressort. Moi, je m’occupais du volet politique », s’est-il défendu. « Je n’étais pas au courant du transfert de l’argent vers ces comptes (…) même le comptable a été désigné par le frère de président », a ajouté Sellal. Son avocat est passé à l’offensive en soulignant que « s’il y a quelque chose de pénal dans cette affaire, c’est le candidat qui doit être poursuivi », affirmant que « la loi électorale parle de candidat aux élections et non de directeur de la campagne électorale ». « S’il y a quelque chose de pénal dans l’affaire, c’est le candidat, l’ancien président Bouteflika, qui est responsable », a-t-il soutenu. Au départ de ces procès, les juristes et les politiques avaient relevé que Bouteflika devrait au moins être auditionné et écouté. On a parlé de sa maladie et qu’il serait incapable de répondre. Il a été proposé que la justice désigne une commission d’experts et de médecins qui devrait examiner Bouteflika et rendre son verdict s’il est lucide ou pas ou s’il est capable ou infirme pour répondre aux diverses questions. Aujourd’hui, tous les responsables disent devant le juge qu’ils n’ont été que des exécutants d’ordre de Bouteflika ou de son entourage. Mais il n’y a pas que le financement occulte de la campagne du cinquième mandat, il y a celles d’avant. Il y aussi de s’interroger qui « gouvernait » durant le quatrième mandat et qui était le donneur d’ordre? Le médecin qui lui a délivré un certificat de bonne santé pour se présenter, devrait être entendu par une commission d’experts, désignée par la justice pour après statuer. Et là, il n’y a pas lieu de chercher à emprisonner Bouteflka ou ses sbires, mais pour comprendre comment « marchait » la présidence d’autant que notre système est présidentiel où tout passe par le président. C’est en comprenant les rouages et les secrets du pouvoir de Bouteflika que l’Algérie pourra avancer en évitant les erreurs du passé. Bouteflika sera–t-il entendu par la justice ?