A la veille de la commémoration du 1er Novembre, le dossier “clé” des archives coloniales d’Algérie ressurgit une nouvelle fois. L’Algérie qui “renouvelle” à la France ses appels pour la restitution de ses archives, dit “non” à l’abandon de son “droit”. Alors que des voix d’outre-mer entretiennent l’amalgame sur la question des archives coloniales et s’entêtent à dire que ces dernières sont un” héritage à partager” et un “patrimoine commun’, l’Algérie persiste et signe: “Elles doivent être toutes restituées pour ce qui est des documents qui lui ont été soustraits “. La France a des archives “secrètes” de l’époque coloniale, celles de la “Guerre d’Algérie” en font encore, à ce jour, l’une de ses convoitises et n’en a pas encore autorisé l’accès. Pourquoi? Archives sur les conservations foncières de l’Algérie, archives sur les Algériens disparus “Soldats français” dans les conflits de la France comme la guerre d’Allemagne et enterrés en tant qu’”inconnus”, archives sur les “essais nucléaires”, sur les “massacres et les tortures” … le contentieux est désormais important. Les archives de la “Guerre d’Algérie” ou le double discours français sont un témoignage parfait. Ce document recense plus d’un millier d’Algériens interpellés par les soldats français lors de la Bataille d’Alger. Ceci sans parler d’Algériens torturés, martyrisés ou tués puis jetés dans la “Seine” à Paris lors des manifestations du 11 décembre 1960 ou du 8 Mai 1945 à Sétif. La France doit-elle ajouter de la “suffisance” au déshonneur ? Pour combien de temps gardera-t-elle ces archives fermées aux Algériens? L’Algérie n’entend pas se départir de sa volonté de récupérer les archives et le patrimoine matériel qui lui ont été soustraits durant la période coloniale et dont du côté français, on persiste à en verrouiller l’accès. Ce dossier de la “mémoire” peine à s’ouvrir aux Algériens. La France contemporaine a accepté de restituer une partie seulement des archives coloniales sur l’Algérie et les crânes de dépouilles de combattants de la glorieuse résistance. L’Algérie qui continue de réclamer ses archives que la France coloniale lui avait soustraite, ne compte pas rester les bras croisés.
S’exprimant, mardi, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaîne 3 de la Radio Algérienne, le conseiller à la Présidence, en charge des archives et de la mémoire nationale, M.Abdelmadjid Chikhi, considère que tout le patrimoine qui a été dérobé par la France, durant les 132 ans de colonisation de l’Algérie, «doit lui être restitué». Pour celui-ci, toutes les archives, objets historiques et culturels se rapportant à l’histoire du pays et transférées illégalement par l’occupant vers l’Hexagone, doivent lui être rendues, relevant, à ce propos, une «résistance» de ce dernier à donner suite aux demandes maintes fois réitérées par l’État Algérien. M. Chikhi constate que les contacts inaugurés pour solutionner cette question ont tendance à «traîner», observant que lorsque les chercheurs algériens se déplacent auprès de leurs homologues français pour des discussions, «ils restent sur leur faim». Relevant une «résistance viscérale» à répondre à la demande légitime de l’Algérie de remettre la main sur son patrimoine, il n’en note pas moins «une certaine volonté» chez l’autre partie, pouvant donner lieu à des résultats «plus heureux». Mais, tempère-t-il, nous n’avons pas avancé en raison de la situation créée par la pandémie du Covid 19. Chez l’historien Benjamin Stora, chargé de piloter les discussions du côté français, il relève une disposition d’esprit qui pourrait, selon l’intervenant, «aider à faciliter un dialogue, lequel devrait reprendre incessamment». Parmi les archives réclamées par l’Algérie, l’invité mentionne, par ailleurs, celles relatives aux essais nucléaires français effectués au Sahara, lesquelles se sont notamment traduites par des traces indélébiles sur des habitants de cette région ainsi que sur leur milieu ambiant. Pour le chargé des archives et de la mémoire nationale, afin de pouvoir avancer dans le règlement de ce dossier, il y a lieu de faire preuve de patience et de détermination, tout en étant «un peu conciliant». Il estime, d’autre part, que l’établissement d’une coopération saine et équilibrée avec le partenaire français, celui-ci, avec les Algériens, «doivent affronter leur histoire» commune. Faute, déclare M. Abdelmadjid Chikhi, pour le gouvernement français de donner suite à ses revendications, l’Algérie se réserverait alors le droit d’en appeler à un arbitrage international.
