Et bien, chacun devrait appliquer les préceptes du Ramadhan, selon sa perception des règles de ce mois sacré. Normalement, nous devrions tous être aux pas des exigences de ce mois. Malheureusement, la réalité en voudrait autre chose. Notre société, et à l’instar de toutes les autres sociétés du monde musulman, est un patchwork de «façons de croire et d’appliquer» les règles de la religion. Toutes les règles et ce n’est pas uniquement le mois du jeûne. Donc, comme il y aura des fidèles pieux, de vrais croyants, il y aura sûrement de l’autre côté du fleuve, des gens qui n’ont rien à voir avec ce qu’ils pouvaient considérer comme des sornettes et rien d’autres». Il y a dans notre société croyante, des gens qui connaissent le vrai sens du jeûne et la sacralité de ce mois de la clémence et ils s’engagent avec leurs moyens et leur argent dans les actes de bienfaisance. Pour les autres, c’est l’occasion ou jamais pour s’adonner à toutes sortes de spéculations, de cupidités et de tricheries. L’essentiel est que l’on sorte à la fin du mois sacré, pas avec des récompenses divines énormes, mais plutôt avec un chiffre d’affaires énormes… «Argent mal acquis ne profite jamais», disait-on autrefois! Si l’Etat n’est pas censé sonder les cœurs des citoyens et relever le degré de leur foi, il lui est, quand même, possible, très possible même, d’empêcher ce citoyen intimement «hypocrite» de s’adonner à la tricherie et à la spéculation, en profitant de l’engouement pour certains produits…très prisés en cette occasion. Je n’apporte rien de nouveau en disant que le «monde du commerce» en Algérie se bat dans un marécage infect de désordre indescriptible. Ce chaos malheureusement dépasse, jusqu’à maintenant, la puissance de l’Etat. Chaque secteur commercial serait dirigé par des groupuscules maffieux qui ont main basse sur telle ou telle activité. Ainsi, nous avons la maffia du poisson, celle des légumes et fruits, celle de l’huile et du sucre et ainsi de suite. Pour être plus précis, il faudrait rappeler qu’aucune activité commerciale n’est épargnée. Ces groupuscules maffieux ont pris des dimensions et des tentacules dangereuses au cours des vingt dernières années, au point où ce sont eux qui font la pluie et le beau temps dans le monde du commerce. L’Etat, avec ses appareils et ses institutions, s’est effacé devant eux. Tout le monde –peut-être – pourrait se rappeler du bras de fer entre le regretté Belaid Abdeslam, alors Premier ministre, début des années 1990, d’une Algérie en pleine crise et Rebrab qui a, tout bonnement, refusé de payer une ardoise fiscale de 143 milliards de centimes. «Je l’ai giflé», aimait répéter cyniquement Rebrab, après avoir remporté sa victoire contre «l’Etat algérien», puisque soutenu par un groupuscule occulte qui faisait marcher le peuple algérien par les oreilles et se faisait passer pour « l’Etat algérien».