Il est incroyable qu’après 58 ans d’indépendance, une large population mostaganémoise demeure insouciante et indifférente à ce problème, n’a pas réagi au phénomène et a laissé ainsi notre patrimoine tomber en ruine, comme si nous l’avions souhaité. Pourquoi cet effondrement, ce laisser- aller, ce crime? Il s’agit d’un crime contre nous-mêmes, contre l’humanité, contre le bon goût, l’intelligence, l’élégance, et l’esthétique absolue! Pour la mémoire, une poignée de nos aînés, la plupart d’entre eux sont décédés bien qu’ils aient réagi en retard, avaient quand même pris leur bâton de pèlerin pour solliciter en 1991 une entrevue avec le ministre de l’intérieur, à l’époque feu général Belkheir, pour lui réclamer de ne pas entamer la deuxième phase des démolitions du Derb et Tabana, Sine die le Ministre a accepté la doléance. Si ce n’était pas cette intervention nous aurions connu une calamité historique de voir disparaître à jamais ces sites. En somme, nous payons à présent le prix de notre inconscience et notre méconnaissance et notre indigence à l’histoire sur notre patrimoine du vieux bâti. Quelquefois, il y a des doutes que de se demander s’il n’y a pas de sombres desseins derrière cet abandon de ce patrimoine incroyable. En effet, nos trois médinas ont toujours été surpeuplées mais ses habitants ont toujours su les entretenir, les sauvegarder et y faire attention, mais une fois désertées par ses propriétaires pour des logements de confort juste après l’indépendance, elles sont l’objet d’un silence, d’une atonie et d’un non-dit désastreux. Des desseins sombres et ombrageux, pourquoi faire? Pour les raser un jour et construire à leurs places, des buildings/capharnaüms moches à la Dubaï? C’est-à-dire inesthétiques et invivables et sans âmes. Cette thèse est très plausible. En effet, les sites sont splendides. Mais l’objectif est de faire de la Casbah de Mostaganem, cœur palpitant de la ville qui abrite nombre de sites historiques, un pôle touristique d’excellence. C’est grâce à des citoyens issus de la société civile déterminés à défendre et sauver ce patrimoine du vieux bâti que la wilaya a bénéficié au profit des trois vieux quartiers, le plan du périmètre de sauvegarde et de valorisation conforté par le décret du 15 juillet 2015. Doucement et sûrement, nous connaîtrons la première phase de réhabilitation dès que les études seront achevées. Nous a-t-on dit, c’est pour bientôt. Malgré leurs vétustés, son manque d’hygiène, ses lambeaux, ces trois médinas restent majestueuses. J’adjure Monsieur le wali de ne pas commettre l’erreur, et qu’à l’occasion des relogements des sinistrés, les démolitions systématiques seront à éviter au regard du respect du PPSVP.
