La copie de la nouvelle constitution est passée comme une lettre à la poste à l’APN. Elle passera aussi au Sénat. Ce n’est pas une surprise. Ce sont, d’ailleurs, les mêmes composantes politiques qui ont béni les deux constitutions de Bouteflika. Ce qui est surprenant, les députés n’ont pas fait « semblant » de discuter ou d’approfondir le débat sur les nouvelles dispositions de ce projet. Pour l’élite, l’APN ne fait que se discréditer davantage, d’ailleurs elle sera dissoute après le référendum. L’APN est devenue un boulet de canon pour le pouvoir surtout après les déclarations de Tliba. Avec la pandémie, le débat citoyen n’a pas eu lieu et ne pourra pas avoir lieu. L’élite n’a pas pu « apporter » sa contribution pour un règlement politique de cette crise institutionnelle. La révision de la Constitution est une revendication du Hirak et de l’opposition qui milite au sein du Hirak. Ce n’est pas un clan ou des clans du pouvoir qui ont milité pour une révision constitutionnelle. Tebboune veut aller trop vite dans son projet de «La Nouvelle Algérie», qui devra être lancé le 1er novembre prochain avec la tenue d’un référendum populaire sur la nouvelle Constitution. Pour le pouvoir, la nouvelle Constitution constitue la rupture avec l’ancien système de Bouteflika. Pour Tebboune, il faut faire vite et passer à autre chose. Le pouvoir pense que cela va atténuer la crise. Or, la crise est, avant tout, purement politique. Une solution politique s’impose et donc la rupture avec le système serait la solution. Ce qui est difficile pour le pouvoir en place qui ne veut pas d’une rupture «brutale». Le débat citoyen aurait pu provoquer une dynamique de changement et une révolution des mentalités. Cependant, « Un large débat sera ouvert avec la société civile, les associations, les personnalités, les experts, les partis agréés et toutes les franges de la société algérienne pour les associer au processus référendaire », a indiqué le ministre de la communication Belhimer, dans une déclaration à la presse en marge du vote par l’APN du projet de révision de la Constitution. Cette consultation avec une partie de la société civile ne pourrait, en aucun cas combler, un débat citoyen. La « société civile», qui sera invitée au débat, est un des segments du pouvoir de Bouteflika, car Bouteflika a toujours été contre un mouvement associatif «indépendant». À deux mois du RDV électoral, il faudra innover en matière de consultation.