Flanqué de toute une armada d’accompagnateurs plus ou moins inutiles, d’un protocole démesurément monté pour une petite visite de travail qu’on voulait médiatiquement tapageuse, vous déboulez dans une école primaire, pour tancer outrageusement une enseignante devant ses propres élèves, arborant un comportement martial et poussant des cris d’orfraie, le tout avec un air faussement offusqué, face à des chérubins abasourdis par le traitement infligé à celle qu’ils considéraient comme leur référence dans leur cycle d’apprentissage de la vie, dont ils commencent à peine à fouler timidement les premiers sentiers, et qui faisait naître dans leur esprit gorgé de curiosités, le goût et l’illusion du savoir et aussi et surtout des bonnes manières. Et dans cette matière, soyez certain monsieur le Wali d’Oran, que ce ne sera pas moi qui vous citerai comme exemple d’éducation à mes petits enfants, bien loin s’en faut, mais comme antonyme de cette notion sûrement! Vous avez fait montre d’un excès de zèle qui vous vaudra peut être certaines grâces et autres prébendes auprès des gardiens du temple du populisme et de la langue de bois, mais aux yeux du peuple souverain et libre des contraintes de l’encensement et des courbettes, votre regard ne rencontrera qu’un mépris qui finira par mettre à bas votre insolence scandaleuse, quelle que soit la puissance de votre immunité à la vergogne. Votre tentative de rabaisser et de dédaigner publiquement une personne qui exerce l’un des métiers les plus nobles du monde, vous fait commettre un affront ignoble adressé à l’ensemble de la corporation de l’enseignement en particulier. Vous avez saisi une excellente occasion de donner une piètre image à la haute fonction qui vous a été incompréhensiblement confiée, et vous oubliez manifestement que vous êtes au service des citoyens et non pas l’inverse. L’ancien Wali de Constantine, muté à Mostaganem, aura fait des émules dans l’ouest du pays avec son tristement célèbre «Dabri rassek», puissiez-vous connaître son sort qui fut son limogeage enrobé habilement dans une mise à la retraite. D’aucuns pensent que ce n’était pas trop tôt, et c’est le moins qu’on puisse dire. Quelque part cette dame vous rendra peut-être grâce pour le formidable élan de solidarité et de sympathie, que dans votre orgueil déplacé jusqu’à l’indécence, vous n’avez jamais soupçonné qu’elle arrivât à connaître.