Il y une vingtaine d’années, en Algérie, on a érigé le secteur de la pêche en porte feuille ministériel. La vision de l’époque était louable car la garantie alimentaire, l’emploi et l’économie en dépendaient. Dans la perspective de promouvoir le secteur, on a recadré la loi de la pêche, instauré un plan de rénovation de la flottille de pêche et une stratégie pour conforter ce dernier par des projets aquacoles. La naissance de la chambre nationale de la pêche et de l’aquaculture et celles des wilayas devaient être des instruments servant à consolider la profession, valoriser les ressources, gérer l’effort de pêche et préserver les stocks pêchables. Toutes ces actions allaient converger vers une politique qui devait, en son époque, redresser le secteur de la pêche. Cependant, la réalité est tout autre car les résultats n’ont pas suivi. Depuis déjà une dizaine d’année, le secteur bat de l’aile et ces résultats stériles sont visibles impactant négativement la profession, les stocks pêchables et la biomasse.
Les zones de pêche à travers le territoire, selon ce que disait dans ses affirmations de l’époque le commandant Jacques Yves Cousteau, étaient très riches en produits halieutiques. Sa fameuse phrase »En Algérie le poisson meurt de vieillesse » était plus qu’une référence. Nonobstant, ce n’est guère le cas aujourd’hui. Les facteurs amenuisant le secteur sont multiples. D’abord ce secteur est l’unique à être géré par trois administrations, la marine nationale, le ministère de la pêche et le ministère des transports, lesquelles n’ont jamais évalué leurs actions preuve du dépérissement de la profession de la pêche. La coordination entre les trois gestionnaires n’est jamais visible sur le terrain et les professionnels s’en plaignent et ne savent plus où donner de la tête. Les autres facteurs ayant fait du secteur ce qu’il est sont en premier lieu la non application de la loi de la pêche. Cette situation est reflétée au jour par les comportements non professionnels en haute mer. L’usage de la dynamite pour la pêche de la sardine est récurrente mais pas tout à fait combattu. Ce mode de pêche interdit sévit jusqu’à aujourd’hui et massacre sauvagement la faune et l’environnement marin. La destruction de l’écosystème a impacté le volume des stocks pêchables et la biomasse.
Le manque de contrôle pousse certains patrons de pêche au non respect des zones de pêche. Mais dans le désordre tout s’entremêle. On ne respecte pas la loi, on abuse dans la pêche côtière et on épuise la ressource. En Algérie, on pêche avec un armement déjà interdit depuis longtemps par les autres pays de la méditerranée. L’exemple du chalutage pélagique et semi pélagique est édifiant car les zones de pêche du bassin méditerranéen sont très sensible et c’est ainsi qu’il devient responsable de la disparition de plusieurs espèces. D’un autre côté, c’est le non respect des arrêts biologiques surtout par l’excès dans l’effort de pêche d’abord. Les chalutiers de la pêche au large travaillent avec deux équipages qui se relaient à longueur d’année. Il n’y a que la panne ou éventuellement le mauvais temps qui les empêchent de sortir en mer. Cette cadence insoutenable et abusive ajoutée aux armements inadéquats dégradent exagérément les fonds marins. La taille marchande que ce soit pour le poisson bleu ou le poisson blanc est un autre facteur aggravant. Avec des investissements colossaux, le secteur de la pêche et de l’aquaculture voulant être un des piliers de l’économie nationale, n’a pas atteint ses objectifs car la profession n’a pas été bien encadrée et la ressource mal préservée. L’avenir du secteur donne à réfléchir et sa reprise en charge est plus qu’une nécessité.
