Le 11 décembre 1960, le cri de liberté de Algériens a été entendu. Les manifestations ont éclaté conduisant à la révolte de tout un peuple contre le colonialisme en 132 ans, la spoliation de ses terres, et son oppression pour résonner dans le monde entier; c’était pour démontrer que la vaillante lutte de l’Algérie pour son indépendance était un «droit» et non une faveur, ce qui a valu à ces manifestations héroïques, l’inscription de la cause algérienne aux débats de l’Assemblée générale de l’ONU le 19 décembre de la même année et son triomphe international à la faveur du vote de la majorité par «oui» au droit à l’autodétermination du peuple algérien et à sa libération. Ces manifestations ont servi de «référence» aux peuples opprimés et colonisés au Vietnam, en Afrique de sud, en Palestine et qui ont permis d’accélérer le processus de la décolonisation dans plusieurs pays de dame planète. L’impact de ces évènements était de rendre la voix du peuple plus audible au niveau international et invalider les appels des partisans des thèses d’une «Algérie française». La cause algérienne a remporté une victoire médiatique et politique au niveau international, à travers les manifestations du 11 décembre 1960, largement médiatisées, brisant toutes les tentatives du colonialisme français à faire avorter la guerre de libération algérienne, ont en effet affirmé des historiens à Oran. Prélude des manifestations le 9 décembre 1960 à Aïn Témouchent, ville connue à l’époque par sa lutte et sa résistance politique contre l’occupant. Le 9 décembre 1960 soit six ans après le déclenchement de la guerre de libération nationale que des moments atroces seront vécus par les Algériens lorsque la DS noire déposa le Général De Gaulle venu prononcer son discours à la place centrale baptisée «9 décembre» et où la population l’acclama de vive voix «Non à l’Algérie française», s’ensuivirent alors les massacres de civils algériens les 10, 11 et 12 décembre dans les villes algériennes. Il est évident que l’objectif était d’attirer l’opinion publique et internationale, à soulever la juste cause de l’Algérie à l’Organisation des Nations unies (ONU) et à faire échec aux plans de Charles de Gaulle visant à mettre fin à la guerre de libération (1954-1962), selon les spécialistes en histoire de l’Algérie, Lounici Rabah, Bouchikhi Cheikh et Hamid Aït Habbouche. Dans ce contexte, l’universitaire Lounici Rabah a souligné que « les événements du 11 décembre 1960, qui ont eu lieu dans plusieurs villes algériennes, ont permis une victoire médiatique de la cause algérienne auprès de l’opinion publique internationale ». Il déclare : « Heureusement pour l’Algérie, des journalistes et photographes italiens étaient présents le 11 décembre à Alger et ont donc pu retransmettre largement le cours de ces événements, photos à l’appui ». Grâce aux médias internationaux, le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) a reçu un large soutien international, de sorte qu’ils ont transmis des sujets importants, notamment des images de slogans brandis et scandés par le peuple algérien qui affirmait son attachement au Front de libération nationale et au GPRA dont « l’Algérie est musulmane », en réponse au projet des colons revendiquant « l’Algérie française » et au prétendu projet « l’Algérie algérienne » de De Gaulle sur fond de ruse, selon l’historien. Et d’affirmer que « partant du fait, les médias français devaient être en adéquation avec la nouvelle stratégie de Charles de Gaulle, les événements n’étaient pas rapportés de manière objective au sens propre du terme. Il était question de convaincre l’opinion publique française, en particulier les colons, qu’il faut engager des négociations avec le Front de libération nationale et le Gouvernement provisoire de la République algérienne ». Ces manifestations qui ont eu lieu dans diverses villes d’Algérie et pas seulement dans la capitale où ces événements ont été photographiés, ont également démenti les allégations coloniales selon lesquelles la révolution algérienne n’est pas présente dans les villes, a ajouté Pr Lounici. Le professeur Cheikh Bouchikhi, spécialiste en histoire moderne et contemporaine, a affirmé que « les manifestations qui ont éclaté le 9 décembre et se sont poursuivies jusqu’au 16 décembre, ont montré l’échec des médias français sur lesquels s’appuyait Charles de Gaulle qui voulait faire pression sur les médias pour qu’ils fassent passer son projet, sachant que l’Algérie à cette époque ne disposait pas de médias lourds ». L’image de l’Algérienne « Baya » montant sur un véhicule blindé de l’armée coloniale française en tenue traditionnelle et scandant l’indépendance de l’Algérie, a fait sensation, publiée par le magazine « Paris Match » le 12 décembre 1960 et a eu un impact important et positif sur la cause algérienne à l’ONU, selon le même professeur. Malgré le manque de ses moyens, les médias algériens ont joué un rôle majeur dans ces événements, à travers Radio « Sawt El-Djazaïr » et le journal « El Moudjahid » qui ont couvert les manifestations dans diverses villes, en plus des médias soutenant la cause algérienne dont Radio « Sawt El-Arab » et des écrits anglais et italiens, ainsi que des journalistes coopérant avec des journaux américains qui ont traité la question avec objectivité », ajoute Cheikh Bouchikhi. Le spécialiste en histoire, Hamid Aït Habbouche, a souligné que « les médias français et internationaux qui ont traité des événements du 11 décembre 1960, ont donné à la cause algérienne une dimension mondiale et ont fortement touché l’opinion publique internationale qui a soutenu cette juste cause ». « Malgré la subjectivité dans le traitement des événements de ces manifestations par les médias français, le message du peuple algérien est parvenu à de Gaulle et à l’Organisation de Nations Unies », a-t-il déclaré, soutenant que « ces manifestations qui ont déferlé sur les différentes grandes villes d’Algérie, ont emballé différentes franges de la société algérienne et ont constitué un tournant décisif dans le processus de la question algérienne, aboutissant à de premières négociations en mai 1961 ».
