Monsieur le Wali, il est d’usage et de bon ton de vous souhaiter la bienvenue, et nous ne faillirons pas à cette bonne convenance, caractéristique des gens de Mostaganem également. Nous ne manquerons pas non plus de vous faire savoir que votre réputation d’homme de terrain vous a précédé, et a été accueillie avec satisfaction, et espoir. Sachez d’ores et déjà, monsieur le Wali, que Mostaganem est la Wilaya aux innombrables projets qui restent toujours à l’état de maquettes à faire admirer aux citoyens à la veille des élections, et qui ne connaissent jamais de suite. Évidemment plus le temps passe, plus ces scénarios fictifs s’accumulent et plus ils immergent les citoyens dans la désillusion, la lassitude et le discrédit à l’endroit des élus et des responsables locaux.
Vieux bâti:
Ce dossier prend l’allure d’une catastrophe et la vision est véritablement cauchemardesque à travers la ville: Haï Derb, Tobbana, Tigditt, couchant-ville. Cette situation perdure depuis plusieurs années, pour Derb c’est plusieurs décennies. Aucun de vos prédécesseurs n’a jugé utile de prendre à bras le corps ce problème qui s’éternise, ni aucun élu d’ailleurs. Un chef-lieu d’une Wilaya qui se prévaut du statut touristique, mais qui offre sans gêne apparente, l’image d’une ville sinistrée jonchée de décombres.
Sidi Meddour:
Toutes les habitations et infrastructures publiques qui constituaient ce site balnéaire urbain ont été rasées dans l’intention de l’ériger en zone d’expansion touristique. Les déclarations et autres annonces aussi faussement prometteuses les unes que les autres ont fusé de toutes les gorges de l’opportunisme, et ont fait honneur au mode populiste de l’époque. Cela fait cinq ans que Sidi Mejdoub n’offre que la contemplation d’un terrain vague et désolant, après tout ce qu’il a représenté pour les mostaganémois et les visiteurs pendant des lustres.
Cours de Aïn Sefra:
On en a vu des dessins et de belles images futuristes, on a lancé des débats et convié l’adhésion des citoyens à ce projet qui a été présenté aussi sous toutes ses facettes et couleurs. D’aucuns se voyait pédaler sur des pistes cyclables aménagées sur les berges, ou bien faire des parties de tennis sur des courts en gazon ou en terre battue, ou encore regarder ses enfants se laisser bercer dans des balançoires ou prendre d’assaut les carrousels des manèges installés ici et là sur les bords fermes de l’oued, en face de kiosques à journaux ou à café. Des sommes considérables ont été englouties dans des débuts de travaux. Les années ont passé et le spectacle repoussant de saleté dans l’endroit est encore là et ne cesse d’empirer de jour en jour.
Centre anti cancer:
Quoi de plus pénible, de plus affligeant, de plus insupportable que de voir des centaines de malades souffrir l’indicible pour devoir se résigner à leur terrible sort, parce que ne sachant plus que faire pour pouvoir prétendre à un rendez-vous pour un traitement, qui hypothétiquement leur serait consenti dans des structures de soins se trouvant parfois à plusieurs centaines de Km, et à des dates qui rendent incertaine la survivance à des échéances qui se comptent en de longs mois d’attente? Comment peut-on admettre l’aberration que Mostaganem ne dispose pas d’un CAC pour prendre en charge ses propres malades, et ceux des wilayas proches qui en seraient également dépourvues? Nous pourrions citer d’autres projets dont on parle depuis des décennies à Mostaganem, comme le 3ème bassin du port qui aurait insufflé une dynamique supplémentaire à l’activité économique, l’aéroport où on a déversé des milliards d’argent public pour consolider et agrandir la piste, et qui retombe dans l’abandon faute d’achèvement et d’utilisation. Un autre exemple révélateur de l’indolence qui affecte lamentablement les administrations locales: un stade olympique de 40 000 places, contenance revue à 20 000, était inscrit pour doter la wilaya d’une infrastructure sportive capable d’accueillir de grandes rencontres internationales au regard de l’existence d’une capacité hôtelière adéquate, a été réaffecté à on ne sait à quelle autre wilaya par la faute des tergiversations et du manque d’entrain, voire de volonté des autorités locales de l’époque. Ce tableau peu enviable n’est pas exhaustif de toutes les tares dont souffre Mostaganem, mais sont à notre sens des plus significatifs de la léthargie dans laquelle on l’a longtemps confinée, et la bureaucratie omniprésente paralysant tout projet structurant n’est pas le moindre des maux, bien au contraire malheureusement. Aussi, cette situation déplorable à tous points de vue vous impose, Monsieur le Wali, de déployer toute votre fermeté et votre rigueur désormais notoires, pour faire bouger les choses et remettre la wilaya sur les rails du développement. Cela sera à même de rehausser votre aura, et forcera immanquablement la reconnaissance des mostaganémois envers votre personne.
